"Ça nous prouve qu'on peut vraiment le faire" : un stage réservé aux lycéennes, dans une école d'ingénieurs parisienne

Afin de susciter les vocations scientifiques chez les adolescentes, l’ESPCI Paris PSL organise pendant les vacances de la Toussaint un stage pour des lycéennes venues de toute la France.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des lycéenes de classe de première lors de travaux pratiques proposés par l'ESPCI. (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)
Des lycéenes de classe de première lors de travaux pratiques proposés par l'ESPCI. (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

C'est une sorte de colonie de vacances réservée aux filles qu'a décidé de mettre en place l’ESPCI Paris PSL, une école d'ingénieurs publique. Des lycéennes venues de la France entière passent donc une partie des vacances de la Toussaint en immersion dans cet établissement, pour se familiariser avec le monde des sciences, encore très masculin.

L'objectif est ici de créer des vocations chez les jeunes femmes et de les encourager à embrasser des carrières scientifiques. Les 24 stagiaires alternent ainsi entre visites culturelles, comme celle du musée Curie ou de l'Observatoire de Paris, et travaux pratiques.

"On se sent très chimiste"

Au programme notamment : la synthèse de particules d'oxyde de fer. Ces élèves de première se retrouvent dans la salle de TP de l’école d’ingénieurs, en blouse blanche et matériel de professionnel en mains. Une fois les lunettes de protection posées sur le nez et des gants enfilés, les jeunes filles sont impressionnées. "On se sent très chimiste", glisse l'une d'elles, lorsqu'une autre adolescente trouve que "ça fait très sérieux".

L'enseignante qui les accompagne édicte les consignes au fur et à mesure. D'abord l'acide chlorhydrique, puis l'eau distillée. "C’est super intéressant, on apprend plein de trucs, c’est trop bien", se réjouit Gaétane. Venue de Tours, elle est enchantée par ce stage : "Ça montre que les grandes écoles veulent aussi que la science soit accessible à tout le monde, pas qu'aux hommes".

"Avec tous les préjugés, peut-être que [certaines filles] pourraient se dire qu'elles ne seraient pas à la hauteur ou qu'on ne les accepterait pas."

Gaétane, lycéenne

à franceinfo

L'ESPCI prend en charge le logement des lycéennes, en auberge de jeunesse, les repas et les visites. Les élèves ne paient que le trajet jusqu'à Paris. C'est l'occasion pour certaines, comme Lucile, de découvrir un nouveau monde. C'est "une première" pour la jeune fille, qui habite Aubenas et fait remarquer qu'"en Ardèche, il n'y a pas énormément d'infrastructures scientifiques".

Le nombre de femmes en baisse

Dès les premiers jours de stage, Lucile semble convaincue par l'initiative. "Je pense que ça nous prouve qu'on peut vraiment le faire, que ce n'est pas si compliqué que ça", estime la lycéenne. L'ESPCI compte en effet plus d'un tiers de femmes. C'est plus que d'autres écoles d’ingénieurs, qui comptent parfois 25% de femmes, voire bien moins. Traditionnellement, la chimie et la biologie attirent plus d'étudiantes que l’informatique.

Le directeur de l'établissement, Vincent Croquette, s'inquiète toutefois du nombre de plus en plus faible d'étudiantes dans certaines filières : "Les effectifs de femmes baissent aux admissions à Polytechnique, par exemple, et dans certaines classes prépas. Les jeunes filles sont de moins en moins intéressées par les sciences et c'est complètement conjoncturel, puisque dans d'autres pays, c'est l'inverse, donc il n'y a rien qui est lié aux femmes".

Vincent Croquette le martèle, à l'ESPCI, "on veut faire partager notre enthousiasme de la science et c'est un des modèles de l'école". C'est même un symbole fort pour cet établissement qui a accueilli Marie Curie non seulement pour sa thèse, mais aussi pour son premier prix Nobel.

Des lycéennes en stage scientifique, pour susciter des vocations : reportage de Noémie Bonnin

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