"C'est un peu comme si on faisait de la bière" : la viande de synthèse fait son entrée dans la gamelle des chiens britanniques
C'est une grande première en Europe, et une révolution dans le domaine de l'alimentation : au Royaume-Uni, une start-up londonienne vient d'être autorisée à commercialiser de la viande de synthèse fabriquée en laboratoire. Elle va pour l'instant être intégrée à la nourriture pour chiens, qui ont un bilan carbone qui pèse lourd.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Ils ont un appétit féroce, au point de peser lourd dans l'industrie agroalimentaire. 20 % de la production de viande dans le monde sert à nourrir nos animaux de compagnie. Mais leurs croquettes sont sur le point de changer. Moins d'élevage, plus de science, la viande de synthèse débarque dans leur gamelle.
En Angleterre, une marque vient de commercialiser des friandises pour chiens à base de viande cultivée en laboratoire, une première en Europe. "Je pense que ça apporte les mêmes nutriments que la viande normale. Donc, si on peut se passer de tuer des animaux pour nourrir nos animaux de compagnie, c'est une bonne idée", juge une propriétaire de chien. Une autre jeune femme approuve : "Je n'avais jamais pensé à l'impact environnemental de mon chien, mais on devrait tous y réfléchir". D'autres sont moins enthousiastes : "Personnellement, je ne mangerais pas de viande de laboratoire, donc je ne voudrais pas en donner à mon chien non plus".
À 85 euros le kilo, ces friandises ne sont pas encore pour toutes les bourses, ni toutes les babines.
Des cellules multipliées durant des heures
Mais ce n'est qu'un début, car le Royaume-Uni entend bien devenir le fer de lance de la viande de culture en Europe. Le laboratoire de la société Ivy Farm ne produit pas de nourriture pour animaux, mais ambitionne de se tourner, un jour, vers le marché de l'alimentation humaine. Dans ce laboratoire, Nathalie Howe sélectionne les meilleures cellules de viande de bœuf, prélevées sur un animal, qui seront ensuite répliquées à l'infini. La jeune femme nous détaille le procédé : "Chacun des ronds que vous voyez ici, ce sont des cellules de muscle. On va les faire grandir. Chacune de ces cellules va être multipliée toutes les 20 à 30 heures".
Pendant deux à trois semaines, les cellules sont plongées dans une soupe de nutriments. Tout ce qu'il faut pour les nourrir et les laisser se multiplier. "En fait, c'est un peu comme si on faisait de la bière, on s'assure que les meilleures conditions sont respectées. On met tout dans une grande cuve, on laisse grandir, et ce qui va sortir sera un mélange de muscles purs et de graisses pures, similaire à la consistance d'un pâté", explique Sharat Warrier, responsable de la culture cellulaire chez Ivy Farm.
Une viande plus abordable
L'avantage, c'est que cette viande cultivée en laboratoire réduit considérablement les risques de maladies et ne nécessite pas d'antibiotiques. Une fois transformé, le résultat peut ressembler à un vrai morceau de viande. "Nous avons veillé à reproduire ce grésillement à la cuisson et l'apparence de la viande traditionnelle", souligne Riley Jackson, responsable du marketing chez Ivy Farm. "Il y a 12 ans, le tout premier burger de viande cultivée avait coûté 250 000 euros à produire. C'était très cher, alors que maintenant, nous pouvons produire de façon beaucoup plus abordable et de nombreux types de viande", souligne-t-elle.
La viande de synthèse n'est pas encore approuvée pour la consommation humaine en Europe. Pour l'instant, les chiens britanniques restent les pionniers de cette révolution alimentaire.
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