Symptômes, vaccinations… Face à la recrudescence de la rougeole, les conseils d'une médecin pédiatre

Alors que l'on dénombre moins d'une centaine de cas de rougeole recensés en France depuis le début de l'année, d'après les chiffres de Santé Publique France, le ministère de la Santé évoque une "situation épidémiologique qui fait craindre (…) une diffusion plus large sur le territoire national au cours des semaines à venir". Le Dr Véronique Dufour, médecin pédiatre à Paris et experte pour la plateforme Infovac-France, répond aux questions de franceinfo.

Franceinfo : Quels sont les symptômes de la rougeole ?

Dr Véronique Dufour : En général, les personnes touchées par la rougeole ont un catharre oculo-nasal, c'est-à-dire que l'enfant ou l'adulte peut avoir des éternuements, le nez qui coule, tousser et se moucher un peu comme une rhinopharyngite mais beaucoup plus forte avec des symptômes très inflammatoires au niveau de la sphère ORL, un rougeoiement des yeux, des larmes. Une très forte fièvre, jusqu'à 40 degrés, peut suivre. Peut ensuite commencer une éruption, en général descendante, c'est-à-dire qui commence par la tête et va descendre sur le corps avec une sorte de rougeur intense, on est vraiment très rouge. Il peut ensuite y avoir des complications avec une toux importante, et une atteinte pulmonaire importante qui est la première complication de la rougeole. Mais ce n'est pas la seule. Il peut y avoir aussi des symptômes neurologiques comme une encéphalite aiguë, qui, à terme, peut entraîner la mort. Mais l'incubation de la rougeole commence cinq jours avant les premiers signes, c'est justement ce qui est dangereux. D'autant qu'elle a un taux de contagiosité très élevé, c'est-à-dire que lorsque vous êtes seul, on peut avoir quinze à vingt personnes autour qui sont infectées.

Il faut donc impérativement se faire vacciner ?

Absolument, il faut vraiment être vacciné, s'assurer que les enfants, certes, mais même les adultes, sont vaccinés. Donc il faut regarder les carnets de santé pour voir ce qui a été fait au niveau de la rougeole. Il faut avoir eu au moins deux injections à un mois d'intervalle, que ce soit une vaccination combinée avec oreillons et rubéole, ou une vaccination seulement pour la rubéole, notamment pour les personnes les plus âgées. Actuellement, il n'y a plus que le vaccin ROR, qui est le vaccin rougeole-rubéole-oreillons. 

"Pour les enfants, le vaccin est obligatoire depuis 2018 avec une injection à douze mois et une autre entre 16 et 18 mois étant donné que plus on vieillit, meilleure est l'immunité."

Véronique Dufour

à franceinfo

Comment faire si on ne sait pas si l'on a déjà été vacciné ?

Il faut aller voir son médecin et il faut faire les vaccins. De toute façon, si vous possédez des anticorps contre la rougeole, ces anticorps-là vont inhiber les antigènes présents dans le vaccin sans autre conséquence car c'est un vaccin vivant atténué. Il n'y a aucune importance, ni aucun risque si on avait déjà reçu le vaccin. Il vaut mieux refaire des vaccins puisque ceux-ci n'engendrent aucun risque et donnent une certitude d'être bien protégé.

Il n'est donc pas utile de vérifier, par exemple via une sérologie, si l'on a déjà reçu le vaccin ?

La sérologie post-vaccinale à distance est inutile. C'est du temps et de l'argent perdu. Les sérologies que vous pouvez faire en laboratoire, c'est une recherche pour s'assurer qu'on a eu des anticorps, mais après une vaccination contre la rougeole, on perd très vite ces anticorps. On a une mémoire immunitaire qui fait que, lorsque l'on va de nouveau rencontrer ce virus, elle va se remettre en marche et lutter contre cette maladie, mais on ne peut donc pas se fier à la sérologie.

Que conseilleriez-vous à une famille qui doit voyager prochainement au Maroc, pays dans lequel le virus circule fortement en ce moment ?

Vérifier ses vaccins et dans le moindre doute, au moins avoir une dose. L'idéal, c'est de la faire quand même 10 à 15 jours avant le départ. Un petit enfant de neuf mois qui partirait, je conseillerai fortement aux parents de le faire vacciner aussi. Mais étant donné qu'il aura déjà été vacciné avant l'âge d'un an, on ne tiendra pas compte de cette vaccination faite pour le protéger dans l'immédiat au vu d'une épidémie dans un pays comme le Maroc et il aura quand même droit à ses deux injections à 12 et 18 mois, à cause de l'immunité plus faible de l'enfant.