: Témoignage "On est constamment fatigués" : Nathalie, interne, travaille parfois près de 80 heures par semaine pour 1700 euros par mois
Les apprentis médecins ne supportent plus les cadences infernales. Les internes sont 70% à travailler largement au-dessus des 48 heures hebdomadaires légales. Les syndicats menacent d'attaquer les hôpitaux pour dépassements d'horaires abusifs.
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Nathalie rêvait d'être médecin, mais après deux ans d'internat à l'hôpital Bichat de Paris, elle commence à déchanter. Comme sept internes sur dix, elle travaille largement plus de 48 heures par semaine. "Je fais 9 heures à 21 heures tous les jours, raconte-t-elle. On va dire que ça fait une soixantaine d'heures constamment. Et les semaines où j'ai des gardes ou des astreintes, on peut rajouter 20 heures ou 15 heures le week-end.
"J'ai déjà fait des week-ends aussi où je faisais astreintes samedi et dimanche, puis j'avais une garde la nuit aux urgences du dimanche. Donc, en fait, il n'y a aucun repos."
Nathalie, interneà franceinfo
Les syndicats d'internes menacent d'attaquer les hôpitaux pour dépassements d'horaires abusifs. Il y a 70% des apprentis médecins qui dépassent largement les 48 heures hebdomadaires légales. Les organisations syndicales ont lancé un ultimatum aux directeurs d'hôpitaux : s'ils ne respectent pas la loi d'ici à fin octobre, ils les poursuivront devant le tribunal administratif.
>> Covid-19 : le nombre de morts par suicide en baisse pendant les confinements
"On est sur les nerfs", explique Nathalie quand on lui demande dans quel état elle se retrouve pour travailler après avoir accumulé toute ces heures. "Déjà il y a des internes qui ne tiennent pas les gardes aux urgences, explique-t-elle. Beaucoup d'internes essayent de les redonner contre beaucoup d'argent pour ne pas avoir à les subir."
"Il y a des internes qui se sont mis en arrêt. Certains internes ont été retrouvés dans des réserves en train de prendre des médicaments pour tenir. On est dans un état assez lamentable."
Nathalieà franceinfo
Selon une étude, menée en 2020 par la fondation Jean Jaurès, le risque de suicide chez un interne est trois fois plus élevé que chez un autre Français du même âge.
"Des erreurs plus ou moins graves"
La fatigue induite par ces horaires à rallonge les pousse souvent à l'erreur. "On est constamment fatigués, confie Nathalie. Ça implique des erreurs plus ou moins graves. Par exemple, faire sortir un patient avec le mauvais traitement, oublier de mettre à jeun quelqu'un pour un examen le lendemain. Ça m'est arrivé, ça nous arrive tous. Des échanges de prescriptions pour des patients juste parce qu'on n'a pas fait attention : on ouvre le logiciel, on prescrit et ce n'était pas le bon patient. Il y a toujours quelqu'un pour rattraper ce qu'on fait. Donc en général, les erreurs n'ont pas de conséquences."
Pour ces 60 à 80 heures de travail par semaine, et alors qu'elle est en 8e année de médecine, Nathalie gagne moins de 1700 euros par mois.
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