Mort de Naomi Musenga : Un dépôt de plainte et ouverture de plusieurs enquêtes
La famille de Naomi Musenga, morte après avoir été moquée par une opératrice du Samu, affirme avoir été "baladée" sur les circonstances du décès de la jeune fille.
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"Que justice soit faite, c'est cela notre première préoccupation pour cette enfant qui était aimée de tous", a déclaré Mukole Musenga, le père de Naomi Musenga, lors d’une conférence de presse. La jeune fille de 22 ans est décédée le 29 décembre. Ce jour-là, victime de graves maux de ventre et constatant des saignements, elle appelle le 15. Au standard, elle explique qu’elle "va mourir". Mais l’opératrice des pompiers ne la prend pas au sérieux, et lui conseille de contacter elle-même SOS Médecins. Naomi réussira à joindre les urgences cinq heures plus tard et mourra au CHU de Strasbourg, victime d’un infarctus et d’une "défaillance multiviscérale sur choc hémorragique".
Un "manque d'humanité total"
M. Musenga affirme avoir été "baladé" sur les circonstances de la mort de sa fille. Il dénonce un "manque d'humanité total", tout en refusant néanmoins de faire de l’opératrice des pompiers un bouc-émissaire. "La responsabilité, c'est un ensemble. [...] C'est l'hôpital", a expliqué Honorine Musenga, la mère de Naomi.
L’enregistrement de l’appel de Naomi, largement diffusé, "foudroie" sa famille, a expliqué Mme Musenga. On y entendait l’opératrice, moqueuse, minimiser la souffrance de Naomi et refuser de lui porter assistance.
"- Aidez-moi Madame.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Aidez-moi.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Aidez-moi.
- Bon, si vous me dites pas ce qui se passe, je raccroche.
- J’ai… J’ai… Madame, j’ai très mal.
- Oui, bah vous appelez un médecin, hein ? D’accord ? Voilà, euh… vous appelez SOS Médecins.
- Je peux pas…
- Vous pouvez pas ? Vous pouvez appeler les pompiers, mais vous pouvez pas…
- Je vais mourir.
- Oui vous allez mourir, certainement un jour, comme tout le monde."
La famille s’est également procuré l’enregistrement de l’échange qui a précédé, entre l'opératrice et une employée du Centre de traitement des alertes des pompiers du Bas-Rhin.
"- La dame que j'ai au bout du fil, elle m'a dit, elle va mourir. Si, ça s'entend, elle va mourir.
- Allez, donne-moi le numéro [...].
- C'est sûr qu'elle va mourir un jour, c'est certain, comme tout le monde."
Une "putréfaction avancée" du corps
L’autopsie, réalisée le 3 janvier, soit 112 heures après la mort de Naomi musenga, révèle une "putréfaction avancée" du corps. "Pourquoi on n'a pas répondu à son appel et pourquoi l'autopsie n'a pas été faite à temps ? Pourquoi on a laissé le corps de ma fille en putréfaction ?", s'est exclamé Mukole Musenga. D’après lui, sa fille n'avait pas d'antécédents médicaux.
"Je suis profondément indignée par les circonstances du décès de Naomi Musenga en décembre. Je tiens à assurer sa famille de mon entier soutien et demande une enquête de I'Igas sur ces graves dysfonctionnements", a annoncé la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur Twitter le 8 mai. La diffusion de l'enregistrement de l’appel de Naomi par le magazine alsacien Heb'di fin a par ailleurs entraîné l'ouverture d'une enquête administrative par le directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Le collectif "Justice pour Naomi Musenga" a quant à lui appelé à une marche blanche en le 16 mai à 17h30 à Strasbourg.
Une plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui"
Le parquet de Strasbourg a en outre ouvert une enquête préliminaire pour "non-assistance à personne en péril". L'un des avocats de la famille a précisé qu’une plainte pour "non-assistance à personne en danger" et "mise en danger de la vie d'autrui" serait déposée le 11 mai "contre X et contre les Hôpitaux universitaires de Strasbourg".
L'opératrice incriminée a pour sa part été suspendue "à titre conservatoire". D’après une source syndicale citée par l’AFP, "elle a eu clairement des manquements, ce n'est pas excusable, mais on risque de ne s'en prendre qu'à elle pour que d'autres problèmes ne ressortent pas", à savoir les "manques de moyens" des services d'urgence. Depuis la révélation de l’enregistrement, des mesures de sécurité ont été prises autour du centre d'appels du Samu à Strasbourg, qui a reçu des appels "très agressifs", d’après l'hôpital.
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