Jean-Claude, 82 ans, "le greffé du cœur le plus fou", dédie ses exploits sportifs à son donneur
Ce retraité vendéen a bénéficié d'une greffe de cœur il y a seize ans. Depuis, il collectionne les médailles et les expériences. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la nouvelle campagne d'information sur le don d'organes.
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Pour fêter ses 82 ans cette année, il a choisi la voltige aérienne. L'an passé, il a sauté à l'élastique. Et pour ses 80 printemps, il avait inauguré le saut en parachute. Triathlète et champion de cyclisme, Jean-Claude Le Bourhis se présente comme "le greffé du cœur le plus fou ". On n'a pas de mal à le croire. Car même si les greffes du cœur se sont banalisées, avec quelque 500 opérations par an en France, Jean-Claude n'est pas un transplanté ordinaire. D'où l'intérêt de le rencontrer à l'occasion de la nouvelle campagne d'information sur le don d'organes.
Il signe "cœurdialement vôtre"
"Il faut toujours que je fasse des bêtises", rigole-t-il. Ce papy athlète est aussi un militant de chaque instant du don d'organes. Il signe tous ses courriels d'un "coeurdialement vôtre" : un peu "too much", mais ça lui ressemble. "C'est important d'en parler, pour que les gens voient l'utilité du don, et en parlent en famille", plaide-t-il.
Cycliste, coureur, Jean-Claude Le Bourhis a gagné 129 médailles aux jeux sportifs pour les transplantés, dont 8 titres mondiaux. Dans l'équipe de France, il est le doyen. A chaque fois qu'il franchit la ligne d'arrivée, il met sa main gauche sur son cœur et lève un doigt au ciel. "Je pense à mon donneur, celui à qui je dois la vie", dit-il avec emphase.
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Jean-Claude Le Bourhis a toujours été du genre "branché sur 380 volts", explique-t-il. A 30 ans, il se révèle être un "très bon cycliste ". Il joue aussi l'équilibriste pendant des années, et participe à des animations "type 'Intervilles'". Mais une insuffisance cardiaque diagnostiquée à l'âge de 55 ans l'oblige à ralentir. Tout devient plus difficile. Même tenir son bar PMU d'Olonne-sur-Mer, en Vendée, où il vit avec sa femme. Après son départ à la retraite, à 61 ans, il fait cinq attaques "gratinées" en l'espace de cinq ans. "J'en ai bavé."
Il a été très chanceux pour sa greffe
Jean-Claude Le Bourhis se voit mourir. "J'ai fait mes papiers, payé la voiture de mon fils", détaille-t-il. Avec son médecin, ils évoquent plusieurs solutions, dont une possible greffe. Passé 60 ans, les risques de complications sont plus élevés. Mais Jean-Claude est en forme pour son âge : le cardiologue donne son feu vert. La plupart des malades du cœur patientent plusieurs mois avant d'être opérés – en tout, 20 000 patients sont en attente de greffe en France – et plusieurs dizaines meurent alors qu'ils sont sur liste d'attente. Mais Jean-Claude a beaucoup de chance : "On m'a appelé tout de suite. Cela n'arrive jamais."
"Ça a été une résurrection !"
Mais avant la greffe, qu'il qualifie de "résurrection", il y a eu l'hôpital. Difficile, quand on ne tient pas en place comme Jean-Claude. Deux semaines après l'opération, alors qu'il est autorisé à sortir pour un déjeuner en famille, il part en douce faire une virée en moto. "Je me suis fait tirer les oreilles. Mais quand je leur ai dit que j'avais eu des sensations formidables, ils m'ont dit de continuer, que c'était bon signe."
Il est alité durant trois semaines, puis passe trois autres semaines en rééducation. "Ce qui est draconien, ce sont les médicaments, et il y a tellement de choses interdites..." peste-t-il. Depuis un rejet de greffe, qui lui a valu un traitement à la cortisone pendant une semaine, Jean-Claude n'a plus eu de problèmes avec son nouveau cœur, et les visites médicales se sont espacées.
"Je suis devenu super sensible"
Comme beaucoup de patients transplantés, Jean-Claude se sent un nouveau souffle depuis sa greffe. Il compte en profiter jusqu'au bout. "Mes proches espéraient que je me calme après l'opération, mais non." D'autant que le papy a trouvé une nouvelle famille, celle des "transplantés sportifs". Tous les deux ans, il fait le tour du monde pour participer aux compétitions européennes et mondiales des greffés : Finlande, Argentine, Espagne l'an prochain.
Il a aussi créé une petite association et va de conférence en conférence, dans les écoles ou les hôpitaux, pour sensibiliser au don d'organes et prêcher la bonne parole. "Je dis aux futurs transplantés : 'Ayez du moral, regardez tout ce que je fais depuis !' Un greffé peut reprendre une vie pratiquement normale." Il est persuadé que la guérison est d'abord "dans la tête".
A chaque journée nationale du don d'organes et de la greffe, il "fait une bêtise pour marquer le coup" : le 17 octobre dernier, il a ainsi établi le record de l'heure à vélo pour les transplantés de plus de 80 ans. Surtout, Jean-Claude est devenu arrière-grand-père de deux petites filles. Elles ont 4 et 1 an. Il rêvait même d'être arrière-arrière-grand-père, mais il n'y croit plus, bien qu'il espère encore devenir le premier transplanté cardiaque centenaire "et sportif".
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Jean-Claude explique qu'il pense souvent à son donneur, dont la mort lui a donné une seconde vie. Il pense que ce donneur était sportif –"Il le faut pour pouvoir me suivre "– mais ne sait en réalité rien de lui. L'anonymat total du don est inscrit dans la loi, et ça l'embête : Jean-Claude aurait aimé rencontrer la famille du donneur, "car ses parents sont les miens". Il ajoute : "Parfois, on me dit que c'est un cœur de fille, parce que je suis devenu super sensible. Avant, il fallait se lever tôt pour me faire pleurer, maintenant, ça coule tout seul... " Pendant l'interview, il s'émeut aux larmes en parlant de son donneur. Il a même écrit un poème, à lui et aux médecins qui l'ont opéré. "Too much", on vous dit, mais aussi touchant.
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