Dans le Haut-Rhin, une maison de retraite ouvre son bar pour le plus grand plaisir des résidents

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Il n'est pas encore tout à fait midi dans cet Ehpad à Kunheim (Haut-Rhin), mais l'heure de l'apéro a sonné. Et pas question pour les résidents de le prendre seuls dans leur chambre. Ici, c'est au bar que l'on vient trinquer tous les samedis. Avec, pour animer les lieux, derrière le zinc, les nombreux bénévoles de l'établissement. "Ça donne un petit lieu de convivialité. Les gens se retrouvent. Il y a même des DJ qui viennent faire de la musique. C'est un tout", confie Philippe Cognon, bénévole. "Les gens sont détendus, ouverts à la discussion. Ils s'attendent à discuter de choses et d'autres", se réjouit Edouard Ulsas, un bénéficiaire de l’accueil de jour.

Offrir un moment hors du quotidien

Et c'est bien là l'objectif : offrir un moment hors du quotidien, comme un goût de sortie entre amis sans quitter l'Ehpad. Pour aller plus loin, Robert Kohler, le directeur, vient de racheter la licence IV d'un restaurant qui fermait dans un village voisin. De quoi pouvoir servir de l'alcool même en dehors des repas, avec une petite idée en tête. "Ponctuellement, nous organiserons également une ouverture sur l'extérieur où toutes les personnes du secteur, du village, pourront venir boire un coup à la maison de retraite."

Un bar bientôt ouvert à tous et, à quelques mètres de là déjà, un espace tables d'hôtes, lui aussi accessible aux aînés du secteur et aux familles de résidents. Une mère et son fils, par exemple, y partagent régulièrement un repas pour se retrouver tranquillement, comme avant son entrée à l'Ehpad. "On a cette opportunité de pouvoir profiter de ce moment ensemble, de pouvoir partager un bon repas. Et on peut discuter des choses différemment, on va dire, que dans une chambre ou lors d'une activité", confie Lionel Kretz. "Ça nous permet de voir, de faire des connaissances. D'autres personnes. On est moins enfermé, cloitré", se réjouit Annie Kretz, résidente.

Un peu plus loin se trouve une table d'habitués. Eux ne sont pas résidents de l'Ehpad, mais viennent plusieurs fois par semaine profiter de l'offre de restauration. "C'est la facilité quand on est seul à la maison. Bon, et puis là, on se retrouve. Quelques fois, on peut venir avec une invitée ou n'importe qui", explique Raymond Gantz.

"Faire entrer ce qu'on trouve à l'extérieur à l'intérieur"

Seule différence avec un restaurant, ici le menu est unique, le même que pour tous les résidents. Mais il offre exclusivement fait maison, avec des produits frais, à 12 euros le repas complet. De quoi attirer du monde et rompre l'isolement de résidents souvent dépendants, qui quittent rarement l'établissement. "Ce qu'on pouvait faire il y a dix ans, beaucoup de sorties à l'extérieur, au restaurant ou des animations, des événements externes, on peut de moins en moins le faire avec de moins en moins de résidents, du fait de leur dépendance. Donc, il faut absolument faire entrer ce qu'on trouve à l'extérieur à l'intérieur", avance Benoît Seewald, le directeur adjoint de l’Ehpad.

Ouvrir l'établissement au maximum donc, pour recréer une vie sociale riche et joyeuse pour les 127 résidents de cet EHPAD pas comme les autres.