Reportage "Je n'ai jamais parlé de tout ça avec un médecin" : un "village santé" s'installe dans les quartiers pauvres de Marseille

Pendant deux jours, les habitants du quartier de La Belle de mai ont accès à plusieurs médecins gratuitement. Objectif : lutter contre les inégalités d'accès aux soins.

Article rédigé par franceinfo
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Pendant deux jours, les habitants du quartier de La Belle de Mai, à Marseille, ont accès à plusieurs médecins gratuitement. (MATHILDE VINCENEUX / RADIO FRANCE)
Pendant deux jours, les habitants du quartier de La Belle de Mai, à Marseille, ont accès à plusieurs médecins gratuitement. (MATHILDE VINCENEUX / RADIO FRANCE)

Le but : réduire les inégalités d'accès aux soins et de lutter contre les déserts médicaux. À Marseille, la mairie a installé, jeudi 11 et vendredi 12 septembre, un "village santé" dans l'un des quartiers les plus pauvres de la ville, situé près de la gare Saint-Charles : le quartier de La Belle de Mai. Les habitants peuvent se rendre gratuitement au dispositif pour échanger avec des professionnels et faire un point sur leur santé.

Sur la place, une vingtaine de stands sont alignés. Sur l'un d'eux se tient le docteur Stéphane Touati qui propose des rappels de vaccination. "Certaines personnes étaient en retard de plusieurs années pour le tétanos notamment", remarque-t-il.

"On voit de tout"

À côté, un autre stand sert quant à lui à dépister le diabète. Un monsieur s'y arrête, enlève sa chaussure et montre une plaie. "Je suis diabétique. Maintenant, j'ai un problème au pied. On n'a pas toujours le temps de passer à l'hôpital", confie-t-il.

Élodie, infirmière, est là pour le conseiller. "Quand on est diabétique, il y a un risque accru d'infections et notamment au niveau des pieds, conseille-t-elle au patient. Ici on voit de tout. Il y a des gens qui sont plutôt précaires, d'autres qui ont un suivi médical mais qui viennent compléter les informations qu'ils ont", observe-t-elle.

C'est le cas de Mounira arrivée au stand sur le tabac. Elle répond aux questions d'une médecin. "Est-ce que vous toussez ? Est-ce que vous crachez ?", questionne la soignante. Voilà 20 ans que Mounira fume, mais "je n'ai jamais parlé de tout ça avec un médecin. C'est la première fois", confie-t-elle. Elle repart cette fois avec une ordonnance pour des patchs. 

Consultations... et prévention

D'autres sont venus pour de la prévention, comme Meriem, 12 ans, traînée ici par sa mère qui ne veut pas qu'elle commence la cigarette au collège. L'adolescente a bien retenu la leçon. "Ce n’est pas bien pour les poumons, si on fume tous les jours, nos poumons deviendront noirs", récite-t-elle. 

Un peu plus loin, Sylvie, 61 ans, profite d'un stand pour tester sa force et son équilibre. Pour elle, ce bilan physique constitue une bonne occasion d'obtenir des conseils. "Comme je ne travaille pas. J'aurai besoin de stimulation et d'encouragements pour reprendre un peu plus d'activités", confie-t-elle.

Un stand propose également des lunettes. Dimitri est opticien itinérant et a reçu quelques familles depuis le début du dispositif. "Les mamans avec des enfants sont venues pour savoir si un de leurs petits est en développement d'une myopie. Si elles ne nous avaient pas vues ici, je ne pense pas qu'elles auraient été de leur plein gré ouvrir la porte d'un ophtalmologiste", pense-t-il. Des "villages santé" comme celui-ci, la ville de Marseille en organise dans plusieurs quartiers. Le prochain aura lieu dans les quartiers nord dans une semaine.

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