Les Français atteints de troubles de la santé mentale se disent plus sujets aux addictions que le reste de la population

Au cours des cinq dernières années, 45% des Français déclarent avoir souffert d'un trouble en santé mentale, révèle une enquête faisant un lien avec les pratiques addictives.

Article rédigé par franceinfo
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Les personnes souffrant d'un trouble en santé mentale consomment 9,5 fois plus de médicaments psychotropes en automédication que les Français non concernés, selon un sondage Odoxa. (TIMNEWMAN / ISTOCKPHOTO / GETTY)
Les personnes souffrant d'un trouble en santé mentale consomment 9,5 fois plus de médicaments psychotropes en automédication que les Français non concernés, selon un sondage Odoxa. (TIMNEWMAN / ISTOCKPHOTO / GETTY)

La santé mentale des Français a été érigée en grande cause nationale de 2025. Parmi eux, 62% disent avoir souffert d'un trouble en santé mentale au cours de leur vie, d'après un sondage Odoxa* publié mercredi 5 février et réalisé pour le cabinet GAE, qui conseille les entreprises sur la prévention des addictions. Les femmes (69%) sont plus touchées que les hommes (54%). L'anxiété, la dépression et le burn-out sont les troubles de santé mentale les plus répandus chez les personnes interrogées.

L'enquête relève que les Français ayant des troubles de santé mentale sont aussi davantage sujets aux pathologies addictives : deux fois plus pour le tabac, l'alcool ou les réseaux sociaux, cinq fois pour la cocaïne et le cannabis, et jusqu'à 14 fois plus pour les psychotropes hors prescription médicale. En effet, 60% des sondés qui ont eu un trouble en santé mentale au cours des cinq dernières années se sentent dépendants à au moins une pratique, contre 31% de ceux qui ne sont pas concernés. "S’agit-il alors de deux troubles distincts ou de manifestations multiples d’une seule pathologie ? C’est tout le paradoxe de l’œuf et de la poule", remarquent les auteurs de l'enquête.

Une forte consommation de psychotropes hors prescription

A un degré moindre, 82% des personnes interrogées disent avoir eu au moins une pratique addictive dans l'année, sans qu'il soit pour autant question de dépendance. "On parle de pratique addictive dès lors qu'il y a une consommation d'un produit psychoactif (alcool, tabac, médicament psychotrope, cannabis, etc.) et/ou pratique d'un comportement à caractère addictogène (jeux vidéo, réseaux sociaux, travail, smartphone, etc.)", explique l'enquête. Les réseaux sociaux arrivent en tête (82%), devant l'alcool (77%) et les séries télévisées et plateformes (72%).

L'enquête alerte sur la consommation de médicaments psychotropes (anxiolytiques, somnifères…) en dehors d'une prescription médicale : 19% des sondés affirment en avoir pris dans l'année, ce qui, extrapolé à la population, représente 13 millions de Français. Et 10% disent en consommer au moins une fois par semaine. "Le mésusage de médicaments psychotropes (automédication) pour les personnes avec un trouble en santé mentale est 9,5 fois supérieur que pour les Français non concernés", ajoute le document.

Un Français actif sur deux se dit dépendant

"Les addictions sont un problème majeur de santé publique en France avec une surreprésentation chez les actifs", précise l'enquête. En effet, 51% des actifs se sentent dépendants à au moins une substance psychoactive ou comportement addictif, contre 37% des inactifs.

Les auteurs notent qu'il est certain que "les conséquences d'une addiction aggravent" les troubles en santé mentale, et que ces derniers facilitent "l'usage de substances et [les] comportements à risque". Par ailleurs, la moitié des sondés attendent davantage de prise en charge sur les questions de santé mentale et d'addictions de la part des employeurs, des pouvoirs publics, des assureurs et mutuelles et des associations.

*Sondage réalisé sur internet du  8 au 15 janvier 2025, sur un échantillon de 2 010 personnes, dont 1 293 actifs représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.

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