Près d’un étudiant en médecine sur deux en burn-out
Le manque de personnel et l’effacement des frontières entre la vie privée et la vie professionnelle sont notamment en cause.
En 1903 déjà, un éditorial du prestigieux Journal of the American Medical Association alertait sur le nombre inquiétant de suicides chez les médecins américains. Un siècle plus tard, en 2004, une méta-analyse montrait que peu de choses avaient changé. D’après cette étude en effet, par rapport à la population générale, le taux de suicide était de 2,27 chez les femmes médecins et de 1,41 chez leurs homologues masculins. Cette fois-ci, les chercheurs ont analysé 24 études parues entre 2010 et 2017 sur la prévalence du burn-out chez les étudiants en médecine avant l’internat. Les résultats, publiés dans le numéro de European Psychiatry de janvier 2019, sont édifiants : sur 17.431 étudiants, 8.060 souffraient de burn-out, soit une proportion de 44,2%.
Surcharge de travail et stress permanent
"Une hypothèse raisonnable est que les étudiants en médecine sont plus dépressifs que la population générale, même avant l’internat", soulignent les auteurs de l’étude. Ils listent plusieurs facteurs susceptibles d’accentuer cet état de "détresse psychologique". Parmi eux : davantage de travail en soins palliatifs, moins de personnel, moins de lits disponibles et plus de tâches administratives. Les chercheurs estiment par ailleurs que l’essor des nouvelles technologies, en particulier des smartphones, a brouillé les frontières entre vie privée et vie professionnelle : les étudiants sont sollicités même après leur journée de travail. Les chercheurs citent, enfin, le stress des examens, la compétition et le coût des études. Ils notent par ailleurs qu’étudier la médecine dans des pays en guerre ou très pauvres exacerbe ces difficultés (la prévalence du burn-out est plus élevée en Océanie et dans le Moyen-Orient).
Le burnout peut précéder l’arrivée de troubles psychiatriques
On parle de burn-out quand trois symptômes s’additionnent : celui de "l’épuisement émotionnel", de la "dépersonnalisation" et de "l’accomplissement personnel". L’épuisement professionnel désigne une fatigue extrême due à une exposition continue au stress. La dépersonnalisation fait référence à une attitude négative générale : de façon progressive, la personne se désengage de son travail, de ses relations avec ses collègues, jusqu’à en devenir cynique. La catégorie de "l’accomplissement personnel", enfin, désigne une faible estime de soi, une sensation de ne pas être légitime. Comme le rappellent les chercheurs, le burnout peut entraîner de l’anxiété, une consommation de tabac, d’alcool et d’antidépresseurs, ainsi que des pensées suicidaires. Selon l’Académie française de médecine, le burn-out peut même précéder l’arrivée de troubles psychiatriques.
Les chercheurs se montrent donc assez inquiets. "Un développement de détresse aussi précoce peut affecter la santé mentale des futurs médecins", notent-ils. Pour eux, il est indispensable d’améliorer la prévention et "d’arrêter de stigmatiser la détresse psychologique". Car la santé des soignants n’est pas la seule en cause : mieux le corps médical se porte, plus les patients sont en sécurité.
"Le « burn-out » des internes en médecine" Sujet diffusé le 30 avril 2012.
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