Grève dans les EHPAD : "Je dépasse tellement mes valeurs que je suis en recherche d’autre chose", alerte un aide-soignant
Pour Cyrille Bellanger, l'attractivité du métier est en berne. L'aide-soignant sera mardi dans la manifestation parisienne pour dénoncer la "maltraitance institutionnelle" dans ces établissements.
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"L'attractivité du métier est en berne", alerte sur franceinfo Cyrille Bellanger, aide-soignant dans un Ehpad du département des Deux-Sèvres qui sera mardi 8 octobre dans la manifestation parisienne pour dénoncer une forme de maltraitance institutionnelle dans ces établissements pour personnes âgées. Une intersyndicale a lancé un appel national à la grève mardi. "Les jeunes professionnels n’ont plus les mêmes envies et la même patience qu’il y a 20 ans".
"On se rend compte que l’Institution, par le manque d’effectifs, ne permet pas d’appliquer ce que l’on a appris en formation", explique l’aide-soignant, membre de la CFDT. "Nous dépassons nos valeurs en tant que soignants", poursuit-il. D'ailleurs, si Cyrille Bellanger dit encore aimer son métier, il ajoute qu'il "dépasse tellement mes valeurs, qu'il est en recherche d’autre chose".
Pour lui, il "faudrait 1/3 du personnel en plus", pour pouvoir travailler dans des conditions correctes.
franceinfo : Cela fait 16 ans que vous êtes aide-soignant, le métier a-t-il évolué ?
Cyrille Bellanger : Les conditions de travail se délitent peu à peu. On se rend compte que l’Institution, par le manque d’effectifs, ne permet pas d’appliquer ce que l'on a appris en formation. C’est délicat. On ne respecte pas forcément le temps nécessaire que l’on doit passer avec les résidents, avec un taux de dépendance assez fort. Le dîner est une période assez difficile. Les résidents n'ont même pas le temps de déglutir et ensuite s’enchaîne assez rapidement le coucher alors qu'on sait que le soir, les personnes âgées ont des angoisses vespérales. Le matin, c'est la période la plus contraignante physiquement et psychologiquement. On a quand même 12 toilettes en moyenne à réaliser. Cela prend entre 5 à 30 minutes, en fonction de la dépendance de chacun. Ce n'est pas respecter leur rythme de vie, surtout en fin de vie. Ils ressentent que nous, nous dépassons nos valeurs en tant que soignants, eux sont obligés de suivre le rythme institutionnel. Ils rentrent tardivement en institution. Il y a quand même ce choc de quitter leur domicile pour entrer en institution et nous on les bouscule dans un rythme institutionnel cadencé.
Le gouvernement promet l’embauche de 5 000 personnes dans les EHPAD, cela fait une moyenne d’un à deux postes supplémentaires dans chaque établissement. Est-ce suffisant ?
On termine parfois les toilettes à 12h30/12h45. Ce n'est pas suffisant. Il faudrait 1/3 du personnel en plus. C'est ce qui avait été évalué dans le rapport Iborra [sur les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes signé par les députées Monique Iborra et Caroline Fiat]. Il faudrait au moins 7 milliards d'euros pour avoir suffisamment de soignants. Sur une équipe de quatre personnes le matin, c'est au moins une personne qu'il faut en plus.
Aimez-vous encore votre métier ?
Oui, mais je dépasse tellement mes valeurs, que je suis en recherche d’autre chose. J’ai des collègues un peu plus âgés qui ont persisté et je vois qu’aujourd’hui elles ont les épaules abîmées. Psychologiquement, faire face à l'agressivité des résidents, c'est aussi très violent. L'attractivité du métier est en berne. Les jeunes professionnels n'ont plus les mêmes envies et la même patience qu’il y a 20 ans.
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