Pour la première fois en France, un fœtus opéré de la moelle épinière dans le ventre de sa mère
La maman et sa fille, née par césarienne au 8e mois le 9 novembre, se portent bien.
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Cette intervention ne guérit pas l'enfant, mais elle peut lui changer la vie. Une opération sur un fœtus au 5e mois de grossesse pour réparer la malformation congénitale appelée spina bifida a été réalisée pour la première fois en France, ont indiqué, mardi 18 novembre, des spécialistes du groupe hospitalier public parisien Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
La maman a accouché par césarienne au 8e mois de grossesse, le 9 novembre. "Le bébé et sa mère vont bien", a indiqué le professeur Jean-Marie Jouannic, de l'hôpital parisien Armand-Trousseau. Francetv info revient sur cette intervention réalisée pour la première fois en France, et pratiquée dans seulement une dizaine d'hôpitaux dans le monde, précise Le Parisien.
Quelle est cette malformation ?
Le spina bifida est la malformation la plus fréquente du système nerveux central, diagnostiquée dans plus de 90% des cas par échographie. Quelque 800 grossesses sont ainsi concernées chaque année en France. Si la plupart des parents optent pour l'interruption médicalisée de grossesse (IMG), une quarantaine d'enfants naissent chaque année atteints de cette malformation qui concerne en moyenne une grossesse sur 1 000.
Cause de paralysie et d'incontinence, elle consiste en un défaut de fermeture de plusieurs vertèbres de la colonne vertébrale au bas du dos qui laisse la moelle épinière et ses racines nerveuses sans protection. Ces dernières subissent déjà des microtraumatismes lors des mouvements du bébé dans le ventre de la mère. La béance des vertèbres entraîne une fuite de liquide, provoquant un affaissement progressif de la partie postérieure du cerveau fœtal. D'où une hydrocéphalie (le liquide cérébral ne peut être évacué), obligeant souvent à mettre une dérivation de décompression après la naissance.
Comment s'est déroulée l'intervention ?
L'intervention d'une durée de 2 heures a eu lieu sous anesthésie générale en juillet, au 5e mois de grossesse. "Elle consiste à recouvrir la moelle épinière extériorisée en réparant par une suture l'enveloppe qui normalement la recouvre, puis à suturer ensuite la peau du bébé", explique Jean-Marie Jouannic.
En stoppant la fuite du liquide céphalo-rachidien, cette réparation protège le cerveau de l'enfant. Cependant l'intervention fœtale expose à un risque d'accouchement prématuré et impose une naissance par césarienne. Toutefois, comparés à une prise en charge après la naissance, les bénéfices pour le bébé sont plus importants, ajoute le gynéco-obstétricien.
"Dans les dix jours suivant l'opération, les anomalies cérébrales dues à la malformation se sont totalement corrigées. C'est énorme d'avoir pu protéger le cerveau de cette petite fille pour permettre ses apprentissages futurs", s'est-il félicité. "Cette chirurgie fœtale permet d'ouvrir la voie à une meilleure prise en charge et d'améliorer par la suite le développement moteur et intellectuel des enfants atteints de cette malformation", poursuit le professeur Jouannic.
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