Mort d'une fillette, boucheries fermées... Ce que l'on sait des 18 cas d'intoxication alimentaire sévère chez des enfants dans l'Aisne

L'enfant de 12 ans est morte le 16 juin après avoir développé un syndrome hémolytique et urémique lié à cette intoxication.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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"Il ne s'agit pas d'une épidémie ni d'un virus, [mais] une bactérie qui provoque des diarrhées sanglantes", a affirmé le 22 juin 2025 le ministre de la Santé, Yannick Neuder. (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)
"Il ne s'agit pas d'une épidémie ni d'un virus, [mais] une bactérie qui provoque des diarrhées sanglantes", a affirmé le 22 juin 2025 le ministre de la Santé, Yannick Neuder. (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

Une fillette est morte lundi 16 juin à Saint-Quentin, dans l'Aisne, après une intoxication alimentaire sévère, a annoncé la préfecture du département(Nouvelle fenêtre) mercredi. Dix-sept autres cas ont été recensés dans la même zone, selon un bilan donné par le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, qui affirme que tous sont dus à la bactérie Escherichia coli, sans que la cause de la contamination puisse être immédiatement identifiée. Par précaution, les autorités ont suspendu l'activité de plusieurs boucheries, dans l'attente de résultats d'analyses. Franceinfo résume ce que l'on sait de la situation sanitaire.

Dix-huit enfants victimes de graves intoxications alimentaires

La préfecture de l'Aisne a rapporté, dans un communiqué publié mercredi, que sept enfants âgés de 1 à 12 ans étaient "pris en charge aux urgences du centre hospitalier de Saint-Quentin" entre vendredi et mercredi, pour une "symptomatologie digestive sévère", soit des "diarrhées glairo-sanglantes". Dans la soirée du mercredi, les autorités ont annoncé la mort d'une fillette de 12 ans. Elle a succombé à un syndrome hémolytique et urémique (SHU), "complication rare qui se caractérise notamment par une insuffisance rénale aiguë".

Un huitième cas, présentant ces mêmes symptômes, a été recensé jeudi chez un enfant "résidant dans l'agglomération de Saint-Quentin", a écrit la préfecture. Parmi les enfants hospitalisés, cinq souffrent d'un SHU, précisaient alors les autorités 

Vendredi soir, le bilan monte à 11 enfants intoxiqués, avec trois nouveaux cas identifiés, selon la préfecture. L'un réside dans l'agglomération de Saint-Quentin, un autre dans la Marne mais a consommé de la viande issue d'une boucherie saint-quentinoise. "Un dernier cas, identifié [vendredi] soir, est en cours d'investigations." Tous ces enfants ont été victimes de symptomatologie digestive sévère (diarrhées sanglantes) depuis le 12 juin, selon la préfecture. 

ICI Picardie (ex-France Bleu) a fait état samedi de 14 jeunes touchés, avec trois nouveaux cas de diarrhées sanglantes recensés par la préfecture. Dimanche après-midi, le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder a finalement affirmé que 18 cas avaient été établis au total, et que six enfants étaient toujours "sous dialyse aux CHU d'Amiens de Lille et de Reims".

Yannick Neuder a assuré que les 18 cas avaient été contaminés par la bactérie Escherichia coli. "Il ne s'agit pas d'une épidémie ni d'un virus, [mais] une bactérie qui provoque des diarrhées sanglantes", avec "parfois des complications d'ordre neurologique et rénal", a expliqué le ministre.

L'activité de six boucheries suspendue

Santé publique France et l'ARS des Hauts-de-France mènent des investigations pour identifier l'origine des contaminations. Des analyses biologiques ont été lancées pour déterminer si les souches bactériennes ayant infecté chaque enfant "présentent des caractéristiques similaires entre elles", a précisé mercredi la préfecture de l'Aisne. "Les premiers éléments de l'enquête n'ont pas permis d'établir la prise de repas en commun pour ces sept enfants", a-t-elle ajouté.

"Au stade actuel des investigations, il apparaît que les enfants ne fréquentent pas tous les mêmes collectivités et les sources d'approvisionnement alimentaire des familles sont multiples (...) Le contrôle sanitaire réalisé le 17 juin confirme l'absence de contamination bactériologique de l'eau du robinet : l'eau du robinet est donc consommable", a communiqué la préfecture de l'Aisne jeudi.

Par précaution et dans l'attente de résultats d'analyses, la préfecture a demandé, vendredi, à la population "de ne plus consommer les denrées achetées dans quatre boucheries" de Saint-Quentin, dont elle a divulgué les noms et adresses dans un communiqué. L'activité de deux premières boucheries est suspendue depuis jeudi, la préfecture ayant expliqué vendredi matin que les enfants malades ont "consommé de la viande ou des produits à base de viande" issus de ces deux établissements quelques jours avant les symptômes. Depuis, "les investigations sont élargies à de nouveaux établissements dans lesquels des prélèvements ont été réalisés", a précisé la préfecture. Les résultats des analyses de ces prélèvements de viande, du moins concernant les deux premières boucheries, "devraient être connus en tout début de semaine prochaine". 

Au total dimanche, les activités de six boucheries ou rayons boucheries étaient suspendues : quatre boucheries, un rayon boucherie d'une supérette de Saint-Quentin et le rayon boucherie de l’Intermarché de Gauchy.

La préfecture appelle les parents à la vigilance

Maladie infectieuse rare, "le plus souvent d'origine alimentaire", le SHU survient dans la plupart des cas comme complication d'une intoxication à une bactérie de la famille des Escherichia coli (E. coli), a souligné la préfecture. "Une infection par la bactérie E. coli se manifeste par de la diarrhée souvent accompagnée de sang, de douleurs abdominales et parfois de vomissements qui peuvent évoluer, après une semaine environ, vers une forme sévère de l'infection", explique sur son site l'agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France.

Cette intoxication sévère "se manifeste par une grande fatigue, une pâleur et un malade qui urine beaucoup moins (voire pas du tout), avec des urines plus foncées". "Le malade doit être hospitalisé rapidement et recevoir un traitement adapté, poursuit l'ARS. Cette maladie reste peu fréquente, avec entre 100 et 165 enfants recensés chaque année par Santé publique France."

La préfecture de l'Aisne et l'ARS ont appelé les parents à la vigilance. "Si vous constatez que votre enfant présente des diarrhées sanglantes, faites le 15, prévient-elle. La transmission de personne à personne est possible, en particulier en milieu familial ou dans des collectivités de jeunes enfants. Les mesures d'hygiène des mains doivent ainsi être systématiques en cas de diarrhées."

Les autorités ont par ailleurs rappelé les mesures d'hygiène à observer pour éviter les intoxications alimentaires : se laver les mains avant de cuisiner, laver les légumes et les fruits avant de les consommer, cuire la viande à cœur, respecter la chaîne du froid, nettoyer soigneusement les ustensiles et les plans de travail, ou encore ne pas laisser les enfants consommer d'eau non traitée et les moins de 5 ans manger des produits à base de lait cru. Toutes les recommandations sont disponibles sur le site de Santé publique France.

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