Santé : trois questions sur l'utilisation détournée de l'Ozempic, un traitement antidiabétique
L'Agence de sécurité du médicament a alerté mercredi sur le mésusage de ce médicament, normalement prescrit contre le diabète, mais utilisé comme coupe-faim.
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Une star inattendue des réseaux sociaux, dont la popularité soudaine provoque des inquiétudes. L'antidiabétique Ozempic connaît depuis quelques mois une notoriété grandissante sur TikTok, où des influenceurs vantent les propriétés amaigrissantes de ce traitement injectable. Le médicament va donc faire l'objet d'une "surveillance renforcée" en France, ont annoncé mercredi 1er mars l'Assurance maladie et l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué commun. Franceinfo répond à trois interrogations après cette décision.
1 Qu'est-ce que l'Ozempic ?
L'Ozempic est commercialisé en France par le laboratoire Novo Nordisk depuis 2019. Disponible uniquement sur prescription médicale, il est utilisé pour traiter le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé. Sous forme de "solution injectable en stylos préremplis", il peut être injecté par le patient lui-même "sous la peau du ventre, de la cuisse ou de la partie supérieure du bras", décrit l'Agence européenne des médicaments (document en anglais). Une fois administré, il augmente "la quantité d'insuline libérée par le pancréas après l'absorption de nourriture".
La molécule pourrait bientôt aussi être prescrite pour traiter l'obésité, sous le nom de Wegovy. En France, le Wegovy a reçu un avis favorable de la Haute Autorité de santé (document PDF) pour cet usage fin décembre. En attendant une décision des autorités sur son prix et son remboursement, Wegovy est délivré au compte-gouttes, "contrairement à l'Ozempic qui est disponible avec une ordonnance normale", constate le professeur Jean-Luc Faillie, responsable du centre régional de pharmacovigilance du CHU de Montpellier, en charge du suivi de pharmacovigilance de ce médicament.
En outre, "la prescription [du Wegovy] ne sera pas possible chez votre généraliste, il faudra probablement aller voir un médecin spécialiste de l'obésité, un nutritionniste ou un médecin qui travaille dans un centre spécialisé de l'obésité ou un CHU", précise le médecin Damien Mascret sur France 3.
2 Comment son usage est-il détourné ?
"Des remontées de terrain font état d'un usage détourné chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids", rapportent l'ANSM et l'Assurance maladie. L'Agence européenne des médicaments explique qu'"il ressort des résultats [d'études] que le traitement par Ozempic était associé à une réduction bénéfique du poids corporel". Ainsi, selon les données citées par l'ANSM, entre octobre 2021 et octobre 2022, 215 000 patients ont reçu de l'Ozempic, mais 2 185 d'entre eux "peuvent être considérés comme non diabétiques selon les estimations de l'Assurance maladie", relève l'Agence, estimant ainsi le mésusage, sur cette période d'un an, à environ 1%.
Devant ce constat, l'ANSM et l'Assurance maladie veulent renforcer la surveillance par le suivi des données de vente et de remboursement issues du système national des données de santé, des signalements d'usage non conforme et des déclarations d'effets indésirables aux centres régionaux de pharmacovigilance. Elles rappellent également "que la prise en charge du surpoids de l'adulte repose avant tout sur l'alimentation et l'activité physique".
3 Quels sont les risques ?
Si les détournements sont encore "limités" selon les autorités, ces dernières s'inquiètent toutefois "des effets indésirables potentiellement graves". Pour Jean-Luc Faillie, les risques de l'Ozempic sont "maîtrisés" au vu des bénéfices dans le diabète, mais "il y a toujours des incertitudes, notamment chez les patients obèses sur le long terme". "Si on l'utilise pour perdre quelques kilos, là le bénéfice thérapeutique est nul : c'est juste de l'esthétique alors que les risques sont toujours présents", met-il en garde.
Interrogé par France 3, Jean-Jacques Altman, professeur émérite de diabétologie à l'hôpital Pompidou (Paris), cite des "pancréatites" ou "un risque accru de cancer de la thyroïde". "C'est vraiment prendre des risques considérables pour des bénéfices très faibles", répète-t-il aussi.
L'ANSM et l'Assurance maladie évoquent également l'effet de ces mésusages sur la disponibilité du produit pour les patients diabétiques qui en ont besoin. Des tensions sur l'approvisionnement ont été constatées par l'ANSM et Novo Nordisk en raison d'une explosion de la demande au niveau mondial. Le laboratoire explique que sa "capacité d'approvisionnement actuelle ne répond pas toujours à cette demande excédentaire" et déplore "une disponibilité intermittente et des ruptures de stock périodiques".
Le vice-président de la Fédération française des diabétiques, Jean-François Thébault, témoigne auprès de France 3 : "Si je n'ai plus ce médicament, non seulement mon diabète va être déséquilibré, mais en plus j'augmente le risque de faire un infarctus ou un accident vasculaire cérébral." D'après les études, l'Ozempic s'est en effet "montré efficace pour réduire l'apparition de complications de santé graves liées au diabète, telles que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux", note l'Agence européenne du médicament.
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