Moins de pénuries de médicaments en pharmacie en 2024, mais à des niveaux toujours élevés

Au 31 décembre, on comptait "environ 400 présentations en rupture de stock", indique la DREES, qui a réalisé une étude que franceinfo dévoile jeudi, contre 800 sur la période 2022/2023.

Article rédigé par franceinfo
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L'étude montre que les chiffres de 2024 sont loin du pic observé lors de l'hiver 2022-2023. (SEBASTIEN BOZON / AFP)
L'étude montre que les chiffres de 2024 sont loin du pic observé lors de l'hiver 2022-2023. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Il y a eu moins de ruptures de stocks de médicaments essentiels en pharmacie en 2024, même si les pénuries sont restées à des niveaux élevés, selon une étude publiée jeudi 27 mars par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).

Réalisée en collaboration avec l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l'étude montre que les chiffres de 2024 sont loin du pic observé lors de l'hiver 2022-2023, lorsque 800 différents types de médicaments manquaient dans les rayons des pharmacies. "Au 31 décembre 2024, on comptait environ 400 présentations en rupture de stock, un niveau certes en retrait par rapport au pic, mais encore élevé", indique la DREES dans un communiqué de presse.

Des mesures en cas de difficultés jugées efficaces

Et cela en partie grâce aux mesures mises en place par l'ANSM : quand un industriel fait face à une hausse de la demande ou à des difficultés de production d'un médicament et qu'il déclare un risque de rupture dans son approvisionnement aux officines, l'ANSM demande aux pharmaciens de réserver la délivrance de ces médicaments aux personnes âgées ou aux enfants. L'ANSM leur demande également de ne vendre qu'une boîte de médicaments à la fois, l'autorité peut également aussi interdire les exportations.

L'an dernier, ces mesures ont permis d'améliorer la disponibilité des médicaments du système cardio-vasculaire (30% des déclarations de ruptures de stocks), mais aussi des antibiotiques (14%) et notamment de l'amoxicilline et les médicaments du système digestif (environ 10%). Il s'agit des médicaments les plus en tension. Depuis 2021, les laboratoires sont obligés de constituer des stocks de sécurité pour certains médicaments jugés essentiels, car sans eux, il y aurait une perte de chance pour le patient.

Il faut "une approche française et européenne coordonnée"

Jeudi, le syndicat Les Entreprises du médicament (Leem) salue ces résultats enregistrés en 2024. Ils "montrent que les efforts conjoints de l’administration, des industriels et des distributeurs commencent à porter leurs fruits", réagit Thierry Hulot, le président du Leem dans un communiqué. Le syndicat estime toutefois que "la lutte contre les pénuries ne peut être gagnée que par une approche française et européenne coordonnée et des mesures structurelles adaptées". 

Le Leem plaide pour la mise en place d'un "système d’information unique de suivi des stocks de médicaments" afin d'éviter "la multiplication des outils et améliorant la transparence". Le syndicat souhaite voir "une liste européenne harmonisée des médicaments critiques, afin d’éviter la fragmentation actuelle et de mieux coordonner les stratégies de prévention des pénuries". 

Le Leem veut encore "une approche pragmatique sur les stocks de sécurité" jugeant que "l’augmentation systématique des stocks imposée aux industriels ne constitue pas une solution durable" car elle "ne tient pas compte des contraintes pharmaceutiques et industrielles et peut mettre en péril certaines entreprises". Enfin, le syndicat souhaite voir appliquée "une politique tarifaire adaptée". "Plutôt que d’augmenter les sanctions, une révision des prix des molécules à risque permettrait de sécuriser leur production et leur disponibilité sur le marché", précise le Leem.

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