Baclofène : "Je suis content qu'on ait ce médicament" pour lutter contre l'alcoolisme
Interrogé sur franceinfo ce mardi, l'addictologue Michel Reynaud estime que l'autorisation de l'utilisation du baclofène dans le traitement de l'alcoolisme va permettre de lutter efficacement contre une pathologie qui tue "50 000 personnes" par an.
"Je suis content qu'on ait ce médicament", réagit l'addictologue Michel Reynaud, concepteur du site Addict'Aide, mardi 23 octobre sur franceinfo. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a finalement annoncé l'autorisation de mise sur le marché du baclofène dans le traitement de l'alcoolisme. Ce qui est à l'origine un décontractant musculaire pourra être prescrit après l'échec des autres traitements.
Le président du Fonds Actions Addictions aurait cependant "souhaité qu'on puisse aller plus haut" que la dose journalière maximale de 80 milligrammes, dans certaines situations.
franceinfo : Pourquoi l'autorisation du baclofène dans le traitement de l'alcoolisme est une avancée pour lutter contre l'alcoolisme ?
Michel Reynaud : C'est un médicament assez efficace. Certains croyaient que ce serait le médicament miracle qui viendrait régler le problème de l'alcoolisme. Hélas, ça n'a pas été ça. Il n'a pas suivi les voies traditionnelles de l'expérimentation d'un médicament. Il est passé beaucoup par les médias, par les associations et les médecins, à commencer par celui qui a trouvé son intérêt, qui a pris de très fortes doses, qui était le docteur Olivier Ameisen. Après, il y a eu énormément de polémiques, un certain nombre d'études, des résultats un peu positifs, des résultats négatifs. L'Agence du médicament a suivi une procédure très particulière qui ne s'appuyait pas que sur les résultats objectifs et pharmacologiques, mais qui tenait compte des demandes des patients et peut-être, pour une première fois, de la mortalité et des dommages liés à l'alcool. C'est une pathologie terrible qui tue 50 000 personnes par an en France.
L'ANSM limite la dose de baclofène à 80 milligrammes par jour au maximum, pourquoi est-ce important ?
Au début, en suivant ce qu'avait fait Ameisen, on pensait qu'il fallait des doses très importantes, jusqu'à 300 ou 400 milligrammes. Certains ont fait leurs travaux là-dessus. Mais il y a des effets secondaires, parfois graves. L'ANSM a suivi une énorme cohorte avec les résultats de ce qu'on appelle la Caisse d'assurance maladie. La Sécurité sociale avait plus de 50 ou 60 000 patients qui ont des problèmes d'alcool et on s'est rendu compte que ceux qui prenaient du baclofène à forte dose avait une mortalité deux fois plus importante et un risque d'hospitalisation 50 % plus élevé pour des complications graves. Donc, ils ont pesé le pour et le contre et ils ont pris les 80 milligrammes qui correspondent dans les prescriptions actuelles aux trois quarts des patients.
Un juste milieu a-t-il été trouvé alors ?
J'aurais souhaité qu'on puisse aller plus haut entre des mains spécialisées, par des addictologues qui font très attention à ce qui pouvait arriver. C'est toujours possible en dehors de l'autorisation de mise sur le marché, mais ce ne sera pas fait facilement. Mais, je suis content qu'on ait ce médicament. L'énorme avantage c'est qu'il a participé à doubler le nombre d'alcoolo-dépendants suivis. Et si ça ne marche pas, ce qui est le cas dans un cas sur deux, on continue à le soigner et la plupart du temps on arrive à l'en sortir.
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