Une piste sérieuse pour expliquer l'émergence de la schizophrénie
Les causes biologiques de la schizophrénie, maladie mentale caractérisée par des hallucinations et des pensées délirantes, sont aujourd'hui très mal connues. Mais une importante étude publiée dans la revue Nature vient renforcer une hypothèse antérieur qui pourrait donner la clef du mystère pour une petite partie des cas.
La schizophrénie est une grave maladie mentale dont les premiers signes apparaissent le plus souvent à la fin de l'adolescence [i]. Depuis le début des années 1980, de très nombreuses recherches (études sur les jumeaux, sur les enfants adoptés, etc.) ont mis en évidence l’importance de facteurs génétiques dans le développement de cette pathologie [1].
Etablir que la génétique est en jeu est une chose, mais identifier le processus biologique à l'œuvre en est une autre. Et aujourd'hui, les traitements de la schizophrénie portent plus sur des symptômes que sur ses causes physiques réelles - encore inconnues.
Une étude publiée dans Nature ce 27 janvier 2016 [ii] pourrait avoir levé un coin du voile.
L’analyse de profils génétiques de patients schizophrènes avait fait émerger de nombreux gènes "suspects". Parmi eux, ceux impliqués dans la production des protéines C4-A et C4-B, incontournables ouvrières de la croissance du cerveau.
L'élagage synaptique, ou quand le cerveau fait le tri dans ses connexions
De l’enfance à l’âge adulte, notre cerveau gagne en volume, le nombre de neurones allant croissant. Mais au cours de ce processus, les connexions entre les neurones sont fréquemment réarrangées. En particulier, certaines connexions redondantes sont éliminées, grâce à un processus baptisé élagage synaptique (la synapse est la zone de contact entre un neurone et une autre cellule). Cet élagage synaptique tourne à plein dans l'adolescence… période où, on l'a dit, apparaît couramment la schizophrénie. Simple coïncidence ? Probablement pas.
Des expériences sur la souris, réalisées en 2007, ont montré que sans les gènes impliqués dans la production des protéines C4, l'élagage synaptique se déroule de façon anarchique. Les travaux publiés ce 27 janvier dans Nature confirment que les C4 jouent un rôle clef dans ce processus, et vont plus loin, en montrant une corrélation forte entre l'expression de C4-A et de C4-B dans le cerveau humain (au niveau de diverses structures neuronales) et le risque de schizophrénie.
Les chercheurs postulent donc que la sur-expression des protéines C4, à un moment du développement cérébral, produise un élagage trop important, brisant des connexions indispensables qui auraient dû être maintenues, ou fragilisant des connexions nouvelles, ouvrant la voie à des désordres mentaux.
Si ces travaux venaient à être confirmés, les chercheurs insistent sur le fait que seule une petite partie des cas de schizophrénie semble liée à une suractivité des protéines C4. Selon les données publiées, le fait de posséder ces gènes n'augmente "que" de 25% le risque de développer une schizophrénie.
Dans la presse anglo-saxonne [iii], les spécialistes de la schizophrénie se réjouissent toutefois de voir enfin proposer un scénario biologique plausible de l’émergence de cette maladie. Mais ni eux, ni les auteurs de l’article, n’hasardent de promesses thérapeutiques à court ou à moyen terme : jouer avec les taux de protéines C4 dans le cerveau semble plus que risqué en l'état actuel des connaissances scientifiques.
Notes
[1] D’autres facteurs aggravants pourraient toutefois exister. L’exposition au parasite de la toxoplasmose est ainsi suspectée d’accroitre le risque de schizophrénie.
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