Les médecins sont insuffisamment formés à la prise en charge des patients souffrant d'obésité, révèle une enquête
Alors que près de 10 millions de personnes souffrent d'obésité en France, la prise en charge médicale ne suit pas. Sur 56% d'adultes qui ont consulté, moins d'un tiers ont été orientés vers un parcours de soin, selon une étude révélée par France Inter.
La majorité des patients en situation d'obésité n'entrent pas dans un parcours de soin dédié à leur maladie, selon une enquête commandée par le Collectif National des Associations d'Obèses (CNAO) et la Ligue nationale Contre l’Obésité (LCO), révélée en exclusivité par France Inter mardi 4 mars, à l'occasion de la Journée mondiale contre l'obésité. L'enquête pointe un manque de formation des médecins aux questions liées à l'obésité.
Selon cette enquête, menée auprès de 1 835 adultes représentatifs, 56% des adultes en situation d'obésité sont allés voir un médecin pour discuter de leur poids, mais au terme de cette consultation, moins d'un tiers des patients sont entrés dans un parcours de soin dédié.
Des généralistes "désarmés"
Une situation que déplore Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif National des Associations d'Obèses, qui dénonce notamment un manque de formation des médecins.
"Les médecins ne sont pas formés car l'obésité n'est toujours pas reconnue comme une pathologie."
Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif National des Associations d'Obèsesà France Inter
"On se retrouve face à des professionnels désarmés, qui ne savent pas comment gérer, ou quoi faire et certains en arrivent à être stigmatisants", explique-t-elle. Au final, lorsqu'un patient obèse va consulter, le médecin aborde lui-même la question du poids dans seulement 21% des cas.
Trois heures facultatives sur 10 ans de formation
Un "non-sens" pour Anne-Sophie Joly, qui réclame "que l'obésité soit reconnue comme une maladie" pour que soit inscrite une "formation au cursus initial, pour tous les professionnels de santé, médicaux et paramédicaux. Il faut que ça soit obligatoire". Les médecins n'ont actuellement que trois heures facultatives sur l'obésité lors de leur formation de près de 10 ans.
Dans les patients obèses qui entrent dans un parcours de soin, la prise en charge reste parfois "inadaptée ou insatisfaisante", en raison d'un "accès limité aux solutions support que sont le parcours pluridisciplinaire et le programme d’éducation thérapeutique (ETP)", qui permet aux patients d'acquérir des compétences pour mieux gérer leur maladie chronique. Selon cette enquête, seuls 13% des patients en situation d'obésité ont eu accès à un parcours pluridisciplinaire.
Un coût social de 20 milliards d'euros
Autre insatisfaction dans la prise en charge de l'obésité pour les patients, "la difficulté à être orienté vers des spécialistes de l'obésité". Selon l'enquête, "pour 26% des patients, le professionnel de santé en charge du suivi n’a pas facilité l’accès à d’autres interlocuteurs ou professionnels dédiés et pour 36% d’entre eux, il ne les a pas informés sur les différentes options du parcours de soin".
Les associations appellent donc à "favoriser une prise en charge précoce pour éviter le développement de complications en lien avec l'obésité, assurer une meilleure connaissance de l'obésité, y compris par les médecins généralistes, assurer un meilleur accès aux spécialistes, lutter contre la grossophobie et accéder à des options thérapeutiques efficaces".
En France, près de 10 millions de personnes souffrent d'obésité, soit près de 18% de la population française. Près de 19 complications sont associées à cette maladie, comme le diabète, l'hypertension ou des pathologies cardiovasculaires. Le coût social de l'obésité est estimé à 20 milliards d'euros.
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