L'article à lire pour ne pas paniquer face au virus Zika
Des cas ont été recensés en Martinique, en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique. Mais le virus n'est pas encore arrivé en métropole. Le ministère de la Santé appelle toutefois à la prudence.
Faut-il s'inquiéter ? La ministre de la Santé Marisol Touraine a "fortement" recommandé, jeudi 28 janvier, aux femmes enceintes de métropole de différer leur potentiel voyage en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, où des cas de virus Zika ont été recensés. Francetv info fait le point en neuf questions sur cette épidémie transmise par des moustiques, qui se propage de manière "explosive", selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
C'est quoi, ce virus dont personne n'avait entendu parler avant ?
Le virus Zika est en fait connu depuis plus d'un demi-siècle. Il a été repéré pour la première fois en 1947, en Ouganda, chez un singe, explique le site Allodocteurs. Il tire son nom d'une forêt située au sud de Kampala, la capitale du pays. D'après l'OMS, le premier cas humain de fièvre Zika a été rapporté en 1968.
Cousin de la dengue et du chikungunya, Zika appartient à la même famille de virus, les flaviviridae. La maladie se transmet via des piqûres de moustiques du genre Aedes, qui sévissent principalement dans l'ensemble de la zone intertropicale. "Les insectes piquent une personne malade, se chargent en virus et infectent ensuite les personnes saines", détaille Allodocteurs.
Est-il si dangereux que ça ?
Restons calmes. Dans la grande majorité des cas (70 à 80%), l'infection passe inaperçue. Lorsqu'ils s'expriment, dans les trois à douze jours qui suivent la piqûre par le moustique contaminé, les symptômes s'apparentent généralement à un état grippal (légère fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, éruptions cutanées...).
Mais le virus Zika peut aussi se manifester par une conjonctivite ou un œdème des mains ou des pieds. Il peut plus gravement entraîner des malformations pour le fœtus ou des complications neurologiques telles que le syndrome de Guillain-Barré, une maladie auto-immune qui se traduit par une faiblesse progressive des membres. "L'épidémie de 2013-2014 en Polynésie française avait touché environ 32 000 personnes, souligne Le Figaro. Parmi les personnes infectées, 72 avaient présenté des complications neurologiques graves, dont 42 syndromes de Guillain-Barré."
Pourquoi recommande-t-on aux femmes enceintes de faire particulièrement attention ?
Comme l'a souligné la ministre de la Santé Marisol Touraine, la population la plus à risque est celle des femmes enceintes, à cause des dangers de malformation pour le fœtus. "Des microcéphalies [lorsque le crâne est anormalement petit] et des anomalies du développement cérébral ont été observées chez des fœtus et des nouveau-nés de mères enceintes durant des épidémies de Zika en Polynésie et au Brésil", signale Allodocteurs.
Or, ces malformations entraînent un retard mental irréversible, souligne le reportage (ci-dessous) de France 3 Martinique. Même si la responsabilité du virus n'est pas formellement établie, le risque de malformations du fœtus est multiplié par dix pendant les épidémies de Zika, selon les épidémiologistes. Et cette malformation ne se détecte qu’au sixième mois de la grossesse.
Mais il n'est pas mortel ?
Pour l'instant, aucun cas de mort par virus Zika dans le monde n'a été répertorié par l'organisme américain de surveillance et prévention des maladies (CDC), affirme Allodocteurs. Un bel optimisme que nuance le site de la 1ère : "La pandémie qui traverse le continent sud-américain et les Caraïbes aurait provoqué la mort de quatre personnes au Surinam." Et d'ajouter : "Il semble dans ces cas que le Zika ait aggravé la situation de patients déjà en mauvaise santé." Le virus n'aurait donc qu'un effet mortel indirect.
Une fois contaminé, ça se soigne ?
Autant être clair : mieux vaut éviter de se faire piquer dans les zones à risque, car il n'existe ni traitement curatif, ni vaccin. Les médicaments prescrits (paracétamol, antihistaminiques) s'attaquent aux seuls symptômes. Mais des pistes s'ouvrent, selon le magazine Sciences et avenir, depuis que les scientifiques ont découvert en 2015 "la manière dont le Zika infecte les cellules humaines et se propage dans l'organisme".
Car les chercheurs ont identifié le récepteur cellulaire qui permet au virus de surmonter la barrière de la peau et d'être véhiculé par le sang : "Il s’agit d’une protéine nommée 'AXL'. (...) Cette protéine pourrait donc être une cible thérapeutique permettant à l'avenir l’élaboration d’un traitement contre le virus", prédit Sciences et avenir.
Le virus est présent partout dans le monde ?
L'Amérique latine est de loin le continent le plus touché par la pandémie. "Selon l’Institut Pasteur, expose la 1ère, le virus est arrivé en mai 2015 au nord du Brésil. Il est passé depuis octobre 2015 en Colombie, au Salvador, au Guatemala, au Mexique, au Panama, au Paraguay, au Surinam, au Venezuela et au Honduras. En novembre, il a été détecté au Surinam et en décembre, en Guyane. En janvier, le Zika est arrivé dans la Caraïbes, notamment en Martinique, en Haïti et en Guadeloupe."
C'est au Brésil que l'épidémie a pris la proportion la plus alarmante, avec 270 cas de microcéphalie confirmés. Déjà présent dans 21 des 55 pays du continent américain, le virus Zika va continuer à se répandre, estime l'OMS. Aux Etats-Unis, les Instituts nationaux de la santé (NIH) craignent que le virus se propage vers le nord et gagne les régions où vivent 60% de la population du pays, soit 200 millions de personnes. Près de 23 millions d'Américains résident déjà dans des zones humides et chaudes, comme la Floride et la Louisiane, où les moustiques vecteurs du virus Zika pourraient survivre toute l'année.
Donc la France n'est pas touchée ?
Si puisque la présence de maladie est attestée dans les territoires d'outre-mer. "Au 26 janvier, rappelle la 1ère, le ministère de la Santé recensait 102 cas d'infections en Martinique, 45 en Guyane, un en Guadeloupe et un à Saint-Martin." Aucun cas n'a été signalé pour l'instant en métropole. Et l'hiver européen, même doux, devrait empêcher tout moustique porteur de la maladie de survivre, selon les spécialistes.
Néanmoins, le risque est réel. Selon un rapport (PDF) rendu public en août 2015, par le Haut conseil de la santé publique (HCSP), "les conditions pour une transmission autochtone du virus Zika en métropole sont réunies, dans les départements où le moustique tigre est présent". Cette espèce de moustique du genre Aedes "est implantée en métropole depuis 2004 et s’y étend. Sa période d’activité s’étend de mai à novembre".
Le ministère de la Santé confirme que "le moustique tigre peut véhiculer des virus comme ceux du chikungunya, de la dengue et Zika. En septembre 2015, il était présent dans 22 départements de métropole" représentés sur la carte ci-dessous :
Quelles précautions peut-on prendre ?
Sur son site, le ministère de la Santé expose ses recommandations. Il conseille aux femmes enceintes de reporter autant que possible tout voyage dans des zones où sévit le virus Zika. Ou alors de consulter un médecin avant le départ pour être informées des complications pouvant survenir en cas d'infection. Le ministère signale aussi qu'"un suivi médical et une prise en charge renforcée seront mis en place pour toutes les femmes enceintes dans les zones d’épidémie".
J'ai eu la flemme de tout lire. Un résumé ?
L'épidémie de virus Zika tourne à la pandémie. Selon l'OMS, le virus, déjà présent dans 21 des 55 pays du continent américain, va continuer de se répandre. Les territoires français d'outre-mer sont touchés mais aucun cas n'est signalé pour l'instant en métropole, protégée par l'hiver (et les moustiques vecteurs de la maladie ne peuvent pas y survivre). Si vous êtes piqué par un moustique infecté, sachez que dans 80% des cas, cette piqûre n'entraîne pas de symptôme. Sinon, la maladie se traduit le plus souvent par un état grippal. Mais elle peut aussi entraîner des complications neurologiques comme le syndrome de Guillain-Barré ou des malformations de fœtus. Si vous êtes enceinte, le mieux est d'éviter de vous rendre dans les zones touchées. Et, si vous y vivez, surveillez de près votre grossesse.
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