Journée mondiale de la bipolarité : les malades revendiquent le droit à "mener une vie normale" et ne veulent plus "se cacher, avoir honte"

La sortie du livre "Intérieur nuit" de Nicolas Demorrand, dans lequel le journaliste de France Inter révèle être atteint de bipolarité, a remis en lumière cette maladie qui touche entre 1 et 5% de la population française.

Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les troubles bipolaires touchent un à deux millions de Français (photo d'illustration) (RICHARD VILLALON / MAXPPP)
Les troubles bipolaires touchent un à deux millions de Français (photo d'illustration) (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Depuis 2015, le 30 mars marque la journée mondiale des troubles bipolaires. Plusieurs associations ont mené des actions de sensibilisation et des tables rondes sur le sujet tout au long du week-end. En France, selon les experts médicaux, les troubles bipolaires touchent plusieurs centaines de milliers de personnes. La sortie du livre "Intérieur nuit" de Nicolas Demorand, publié aux éditions les Arènes, jeudi 27 mars a remis cette maladie en lumière. Le matinalier de France Inter y confie en effet être lui-même atteint de bipolarité, diagnostiquée depuis huit ans. Depuis sa sortie, le livre est d'ailleurs salué par les malades, les associations et les spécialistes des troubles bipolaires.

C'est dans la matinale de France Inter que Nicolas Demorand a décidé de mettre fin au tabou. "Je ne veux plus le cacher ni me cacher, a confié le journaliste le 26 mars dernier. Comme des centaines de milliers de Français, je suis bipolaire. Bipolaire de type 2." Le Professeur Raoul Belzeaux, psychiatre au CHU de Montpellier et membre de la fondation Fondamental, salue le courage du présentateur. "Entre un et deux millions de patients en France sont atteints de troubles bipolaires soit entre 1 et 5% de la population, explique-t-il. C'est donc une maladie qui est extrêmement fréquente."

Quand on souffre d'un trouble bipolaire, on peut aussi mener une vie d'une grande qualité, avoir un travail d'une grande exigence intellectuelle et physique.

Professeur Raoul Belzeaux, psychiatre au CHU de Montpellier

franceinfo

La bipolarité se définit par des troubles de l'humeur, avec une alternance entre des phases d'exaltation et de profonde dépression, entrecoupées par des périodes où l'humeur est normale. Nathalie, 56 ans, compose avec ces phases depuis plus de trente ans. Pour elle, le témoignage de Nicolas Demorand est important, même si cette mère de deux enfants refuse d'être réduite à sa maladie. "Je ne veux pas me cacher, avoir honte, martèle-t-elle. Je suis bipolaire, c'est un fait. J'ai mon traitement, j'ai mon psy. Mais à côté de ça, j'essaye d'avoir une vie normale."

Mais tous n'ont pas ce cran. Dominique Guillot, à la tête de l'association Argos 2001, connaît bien la maladie. Son fils et sa femme ont été diagnostiqués bipolaires et affrontent au quotidien le regard de la société. "La maladie mentale fait encore peur en 2025, regrette-t-il. Si vous indiquez à un employeur que vous êtes bipolaires, vous avez très peu de chance d'être recruté."

Le problème de l'errance diagnostic

L'enjeu est donc de casser les préjugés. C'est un défi essentiel pour Emmanuelle Raymond, présidente de l'UNAFAM, l'Union Nationale des Familles et Amis de personnes Malades et/ou handicapées psychiques. Elle affirme : "La maladie mentale est difficile à diagnostiquer. On ne fait pas une radio ou une prise de sang pour découvrir que vous êtes atteint de ce type de maladie. Elle doit être diagnostiquée à partir de signes cliniques. C'est difficile de les poser, de les voir, et surtout les personnes ne consultent pas et de ne disent pas ce qu'elles ressentent."  Associations et professionnels de santé mettent également en avant l'importance de la recherche pour améliorer le diagnostic. Les personnes atteintes de bipolarité souffrent en moyenne d'une errance médicale de huit à dix ans

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