Traitement du Covid-19 à l'hydroxychloroquine : l'Agence du médicament relève un "signal de vigilance important" sur les effets cardiaques
"Les malades du Covid sont plus fragiles sur le plan cardiovasculaire et donc plus susceptibles que les personnes lambda d'avoir des problèmes avec des médicaments qui sont délétères pour le cœur", prévient l'ASNM.
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L'utilisation de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine pour combattre le coronavirus fait l'objet d'un débat mondial. Vendredi 10 avril, alors que le plus connu des partisans de ce traitement, l'infectiologue français Didier Raoult, a réalisé une nouvelle étude sur ce médicament, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) s'est montrée réservée quant à son utilisation. Elle met en avant le risque d'effets secondaires graves sur des patients déjà affaiblis.
L'ANSM avertit que les effets indésirables signalés chez des malades du Covid-19 traités avec cette molécule dessinent un "signal de vigilance important".
"Les malades du Covid sont plus fragiles sur le plan cardiovasculaire et donc plus susceptibles que les personnes lambda d'avoir des problèmes avec des médicaments qui sont délétères pour le cœur", tels que l'hydroxychloroquine, a expliqué à l'AFP Dominique Martin, directeur général de l'ANSM.
Des troubles qui semblent "majorés chez les patients du Covid"
L'ANSM s'appuie sur une enquête de pharmacovigilance lancée fin mars, qui a recensé en un peu moins de deux semaines "une centaine de cas d'effets indésirables en lien avec des médicaments utilisés chez des patients infectés par le Covid-19, dont 79 cas graves, dont 4 cas de décès", détaille-t-elle. "La majorité des cas d'effets indésirables se répartissent par moitié entre lopinavir/ritonavir", un traitement contre le VIH commercialisé notamment sous le nom de Kaletra, "et hydroxychloroquine", un dérivé de l'antipaludéen chloroquine utilisé en temps normal contre le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.
Pour "une grande partie" d'entre eux, l'enquête a pu conclure à un lien "plausible" entre l'effet observé et le médicament pris par le patient. Les effets indésirables de nature cardiaque, la moitié du total, ont fait l'objet d'une analyse particulière. Il en ressort que "quasiment tous" (43 sur 53) ont été signalés chez des patients traités "avec l'hydroxychloroquine, seule ou en association (notamment avec l'azithromycine)", un antibiotique. Il s'agit de "troubles de la conduction", une anomalie électrique visible à l'électrocardiogramme qui peut mener à des troubles du rythme cardiaque voire au décès. Sept arrêts cardiaques de cette nature ont ainsi été signalés, dont quatre ont conduit au décès.
Ce sont des effets secondaires "connus" de l'hydroxychloroquine, "mais il semble qu'ils soient majorés chez les patients du Covid", qui présentent souvent un déficit en potassium, élément essentiel à la contraction des muscles, et notamment du cœur, tandis que les données disponibles laissent penser que le nouveau coronavirus a aussi une toxicité propre sur le cœur. Les effets indésirables liés au Kaletra sont, eux, essentiellement des atteintes du foie et des reins.
Un usage uniquement "à l'hôpital, sous étroite surveillance médicale"
"Ces informations (...) constituent un signal important" et renforcent la nécessité de limiter l'usage de ces médicaments "à l'hôpital, sous étroite surveillance médicale", insiste l'ANSM, alors que plusieurs voix dans le monde médical et politique réclament la possibilité de prescrire l'hydroxychloroquine de façon plus large. En attendant les résultats des essais en cours sur l'efficacité de ce médicament, "le rapport bénéfice-risque nous paraît acceptable à l'hôpital dans le contexte" de l'absence de traitement reconnu, en revanche il n'est "pas acceptable en ville", où un patient ne pourra pas être secouru immédiatement en cas d'accident cardiaque à son domicile, résume Dominique Martin.
Une mise en garde qui intervient alors que de nouveaux résultats du professeur Didier Raoult ont suscité de nouvelles critiques. "L'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine, administrée immédiatement après le diagnostic, est un traitement sans danger et efficace contre le Covid-19", affirme le résumé cette étude, présentée jeudi à Emmanuel Macron lors de sa visite surprise à l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection du professeur Raoult.
Cet essai a porté sur 1 061 patients testés positifs au nouveau coronavirus (contre quelques dizaines dans les études précédentes), qui ont reçu ce traitement pendant "au moins trois jours". Après dix jours, plus de neuf sur dix (91,7%) avaient une charge virale nulle, c'est-à-dire qu'on ne trouvait plus de coronavirus dans leurs prélèvements, et cinq personnes (0,5%) sont décédées, des patients de 74 à 95 ans. L'intégralité de l'étude n'est pas encore rendue publique.
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