"Je ne leur ai pas encore fait de bisou..." : une femme porteuse du coronavirus raconte la naissance de ses jumeaux
À la maternité de l'hôpital Robert-Debré, à Paris, un protocole spécial a été mis en place pour permettre aux mères porteuses du Covid-19 d'approcher leur bébé tout en prenant les précautions nécessaires.
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Zak et Ary vont bien et n’ont pas encore conscience des conditions incroyables de leur naissance, douze jours plus tôt. La maman de ces jumeaux, Aurélie, était alors porteuse du Covid-19. L'accouchement s'est déroulé "avec tout le personnel habillé en protection, les masques, les lunettes, les gants, une seule personne qui entre à chaque fois", relate la jeune maman. Ses enfants sont nés le samedi soir, "je les ai vus dans la salle d'accouchement et ensuite, je n'ai pas pu les voir avant le lundi soir", explique Aurélie.
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Ces quarante-huit heures entre les deux rencontres avec ses jumeaux ont été particulièrement difficiles à vivre. "Se retrouver dans cette chambre de maternité, le ventre vide, toute seule, sans le conjoint, c'est terrible. On attend l'accouchement pour rencontrer son bébé à qui on parle régulièrement quand il est dans son ventre et, tout d'un coup, ne plus le voir c'est difficile."
Malgré sa frustration, Aurélie a compris qu’il ne fallait surtout pas prendre le risque de contaminer les bébés. "Je n'ai pas fait non plus d'histoires quand on m'a dit que je ne pouvais pas aller les voir. Je n'ai pas fait les études qu'il faut pour pouvoir dire quoi que ce soit vis-à-vis de ce virus. En premier lieu, il faut protéger les enfants."
Contact physique et gestes barrière
Aurélie a accouché de prématurés, au bout de sept mois et demi de grossesse. Zak pesait un peu moins de 2 kg et Ary 1,5 kg. Son premier contact avec ses fils, c’était en réanimation néonatale, où les bébés sont dans des couveuses. "Je n'y suis pas allée tout de suite, il m'a bien fallu au moins une heure pour mettre toutes les idées en place, relate la maman. C'était très dur et je ne voulais surtout pas qu'il y ait de danger pour les bébés, je me posais aussi des questions sur l'allaitement."
L'équipe médicale a pris le temps de rassurer Aurélie, lui expliquant que "cela ne change rien pour les bébés", et lui a tout de suite proposé un premier contact peau à peau, un bébé après l'autre, tout en respectant les gestes barrière.
Ça m'a fait un bien fou de pouvoir le sentir, l'avoir sur soi, je pense que c'est une phase très importante de l'attachement du bébé et de sa maman
Aurélieà franceinfo
Le Pr Valérie Biran, cheffe du service de réanimation néonatale de l'hôpital Robert-Debré, explique que ce contact physique est "une chose qu'on veut absolument favoriser chez ces mamans qui se sentent déjà culpabilisées parce qu'elle ont accouché prématurément. Le fait d'avoir le Covid-19 est également culpabilisant, on se sent complètement isolée. On essaye donc de favoriser ce lien parent-enfant qui est extrêmement important pour le développement neurologique de l'enfant."
L'allaitement est possible, pas les bisous
Zak et Ary sont négatifs au Covid-19, comme tous les bébés nés jusqu'à présent à la maternité de l'hôpital. Aurélie porte le masque en permanence mais peut les prendre dans ses bras et les allaiter. "On peut allaiter quand on est atteinte du Covid-19 sans aucun problème", explique Elise, l’infirmière puéricultrice référente pour l’allaitement. "Le lait se fabrique dans le corps à partir du sang des femmes et le Covid ne se retrouve pas dans le sang", précise-t-elle.
Les précautions sont si nombreuses qu'après 12 jours de vie pour Zak et Ary, ils ont entraperçu seulement les soignants et leurs parents. "Je n'ai jamais enlevé mon masque, ils n'ont jamais vu ni bouche ni nez de personne", assure Aurélie. Et, précaution ultime, "je ne leur ai pas encore fait de bisou. C'est un moindre mal pour les préserver et puis on se rattrapera plus tard..."
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