Dans les prisons "cinq détenus et surveillants" sont morts du Covid-19 depuis le début de la pandémie
La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot critique la gestion de l'épidémie dans les prisons françaises, le faible taux de vaccination des détenus, et les privations importantes qu'ils subissent dans le but de limiter la propagation du virus en détention.
Dominique Simonnot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, a révélé sur franceinfo mercredi 25 août, que depuis le début de l'épidémie de Covid-19 "cinq détenus et surveillants sont morts en tout, au prix de restrictions énormes", dans les prisons françaises. Un foyer de contamination a été détecté dans une prison à Saran, près d'Orléans, où 14 détenus ont été positifs sur 152 testés. "Dans des lieux clos, quand le virus entre, c'est forcément catastrophique", déplore Dominique Simonnot.
franceinfo : Combien de clusters ont été signalés dans les prisons françaises ?
Dominique Simonnot : Il y a eu pas mal de clusters, l'exemple le plus énorme c'était à Tours, où la moitié de la prison a été infestée il y a quelques mois. Ce qu'on a profondément regretté, c'est que le ministre de la Justice ne prenne pas la décision de faire vacciner le personnel pénitentiaire et les détenus. 30 % des détenus sont vaccinés et ont reçu au moins une dose. Depuis le début, on prône de mettre le paquet sur la vaccination, maintenant on en est à s'inquiéter, à être très vigilants. Cinq détenus et surveillants sont morts en tout, au prix de restrictions énormes.
Je ne comprends pas que la chancellerie prenne du recul face aux initiatives de certains directeurs de prison ou juges d'application des peines qui proposent des remises de peine à ceux qui sont vaccinés.
Dominique Simonnot,à franceinfo
C'est une façon comme une autre d'inciter à la vaccination. Je trouve ça moins cynique que ce que la Chancellerie a fait voter comme loi, en disant qu'il y aurait des remises de peine pour les détenus qui travailleront, se feront soigner, iront aux activités. Toutes ces activités sont quasiment inaccessibles aux détenus parce qu'il n'y en a pas assez et qu'il y a trop de monde en prison. Le vaccin a le mérite d'exister.
Au 7 juin 2021, l'administration pénitentiaire annonçait que 6 493 détenus sur 65 384 avaient été vaccinés. Comment expliquer ce faible nombre ?
On n'a pas pris le taureau par les cornes, on n'est pas allé dans les prisons en disant : "On vous vaccine d'abord parce que c'est dangereux, parce que vous êtes enfermés, dans les maisons d'arrêt, à 3 par cellule, parce qu'on veut que vous puissiez voir vos familles, retourner aux activités." On a préféré restreindre toutes les activités, restreindre les parloirs, donc ça a été au prix de gros sacrifices. Les gens sont privés de liberté, c'est la prison, c'est normal, mais ils ont été privés de beaucoup pendant la pandémie et ça continue. A Nanterre, il y avait un cluster, on va avoir de nouveau des activités normales, mais jusqu'ici on n'en avait plus.
En mars 2020, le gouvernement avait annoncé faciliter la libération de détenus en rasion de la pandémie. Vous auriez aimé que cette mesure soit renouvelée ?
On l'a demandée à plusieurs reprises, en même temps que la vaccination, face à cette situation dangereuse. La pandémie a été contenue au prix de restrictions énormes pour la population carcérale, ce qui retombe sur les surveillants. L'ambiance d'une prison retombe sur le personnel pénitentiaire. Sortez des gens, comme Nicole Belloubet l'a fait au printemps, vaccinez tout le monde. Nous n'avons pas été écoutés, ce qui est décevant.
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