Covid-19 : dans une série documentaire, quatre infirmiers débutants racontent comment ils ont vécu l'épidémie
Elisa, Manon, Théo et Laura ont débarqué dans un service de réanimation quelques mois avant l'arrivée du coronavirus. Ils ne se doutaient pas qu'ils allaient vivre une pandémie mondiale.
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C'est "dans un hôpital en crise" qu'Elisa, Théo, Manon et Laura, infirmiers fraîchement diplômés et âgés d'une vingtaine d'années, ont connu leur premier poste de titulaire au sein du service de réanimation du CHU de la Croix-Rousse à Lyon. C'est aussi le sous-titre de la série documentaire "Infirmier.e.s", composée de six épisodes d'une quinzaine de minutes et diffusée sur la plateforme France tv slash dès le 20 novembre, à 18 heures.
La réalisatrice Olivia Barlier a suivi avec sa caméra les premiers pas de ces jeunes infirmiers. Un tournage débuté à la fin janvier, en pleine crise hospitalière. A cette époque, cela fait déjà dix mois que le personnel dénonce un manque de bras, de lits et des salaires trop bas. Elisa, Théo, Manon et Laura enchaînent les vacations et sont loin de penser que le Covid-19 va s'abattre sur leur service.
"Nous non plus nous n'avons pas vu venir la crise, se remémore la réalisatrice Olivia Barlier, auprès de franceinfo. Ni même Elisa, Théo, Manon et Laura, car quand nous en parlions, c’était complètement abstrait pour nous tous." C'est lors du montage, entre mai et septembre, que l'équipe de tournage s'est rendue compte à quel point ils étaient "mal informés" à l'époque. "A l'hôpital, les infirmiers voyaient ça comme nous, uniquement par le biais des journaux télévisés. Eux les premiers ont été surpris", poursuit la réalisatrice.
"Pour nous, le Covid, c’est lointain cela se passe en Chine", raconte Théo au tout début du quatrième épisode.
"On ne nous en parle pas. On a des informations sporadiques, des bruits de couloir. Mais on n'a aucune information officielle qui nous dit que ça va se passer comme ça."
Théo, infirmierdans l'épisode 4
Nous sommes à la fin février, "la France compte 2 281 cas positifs, 48 personnes sont décédées et 105 sont en réanimation" énumère une voix off en fin d'épisode. Pour Théo, contacté par franceinfo, "le Covid, c'était une information comme une autre". "Nous en parlions entre nous comme quand un article médical sort, pas plus", se souvient-il. A l'époque, l'hôpital de la Croix-Rousse venait d'accueillir les patients anglais contaminés dans un des premiers foyers du Covid-19 en France, situé dans le village des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). "Mais ils sont repartis au bout de trois jours en pétant le feu", précise Théo. Pas de quoi l'alarmer.
Confinement, angoisse et inconnu
"Ce qui nous a fait tilt avec mes collègues soignants, c’est quand les bars et les restaurants ont fermé", raconte Laura dans l'épisode suivant. "Le surlendemain je travaillais et avec ma collègue, on s'est dit : 'Il risque d’y avoir un gros problème et ça risque de nous atteindre.'"
C'est le week-end précédent le premier confinement que Théo, en discutant avec des collègues travaillant au service logistique de l'hôpital, se rend compte que quelque chose de plus grave s'annonce.
"Tous ces collègues ont été rappelés dans la nuit pour monter en urgence une réanimation. Là on s’est dit 'ça sent mauvais'."
Théo, infirmierà franceinfo
"D'habitude, dans les moments de fortes charges, ce sont quelques lits qui sont transformés en lits de réanimation, mais à cette échelle et aussi rapidement, c'était inconnu." Le confinement général est prononcé le 17 mars. Les blocs opératoires ferment du jour au lendemain, mettant à l'arrêt toute la chirurgie de l'hôpital de la Croix-Rousse.
La course aux masques et autres équipements de protection commence pour les équipes soignantes. "Nous savions que nous avions de quoi tenir deux semaines en masques. Mais c'est tout. On ne savait pas pour la suite", décrit Laura.
Il leur est demandé de prendre leur température deux fois par jour et de se protéger. L'angoisse monte chez les quatre jeunes infirmiers. "On ne savait pas du tout à quoi on avait à faire", constate Théo lors de cette première vague. "On avait une prise en charge type, mais on n’avait pas une vision comme on a sur les autres maladies."
"Insomnies", "réveil en sursaut la nuit", "peur de transmettre le Covid aux autres malades", "stress permanent"... Elisa, Théo, Manon et Laura traversent la première vague en tentant de se poser le moins de questions possible.
Seconde vague et "abnégation"
Six mois après, ils sont quasiment tous en poste, sauf Manon qui a quitté la blouse d'infirmière entretemps. Laura est partie dans le service des urgences à l'hôpital Cochin, à Paris, et Théo est resté en réanimation chirurgicale. Il fait partie des anciens du service désormais. "J'ai vécu le Covid comme une expérience", analyse le jeune infirmier. "Je sais maintenant que l'on peut faire de la réanimation dans un couloir."
"Vivre une pandémie mondiale c’est un peu inédit, je ne le souhaite à personne, ni à moi-même dans les 10 ans à venir. Mais c'est une expérience qui vous fait mûrir."
Théo, infirmierà franceinfo
La seconde vague que la France traverse actuellement, Laura et Théo s'y sont préparés. "Mais on a pris une semaine de retard car les blocs opératoires n'ont pas fermé tout de suite", constate ce dernier. Quant à Laura, qui se posait des questions sur son avenir au sein de la profession au moment où le Covid est arrivé, elle est finalement "contente de continuer dans ce métier". "Même si cette période a été dure et compliquée, je ne me vois pas faire autre chose qu’infirmière."
Si le temps de gérer cette crise sanitaire, il faut faire preuve "d'abnégation", Théo et Laura n'oublient pas que l'hôpital est en crise. "Il ne faudra pas qu'à la fin nous n'ayons qu'une petite tape sur l'épaule pour nous remercier du travail fait."
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