Covid-19 : cinq questions sur les traitements par anticorps monoclonaux approuvés par l'Agence européenne des médicaments
Le Ronapreve et le Regkirona s'adressent à une catégorie particulière de patients et sont administrés par voie veineuse.
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La commissaire européenne à la Santé évoque une "étape importante" dans la lutte contre le Covid-19. Pour la première fois, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé la mise sur le marché dans l'Union européenne de deux traitements par anticorps contre le Covid-19, jeudi 11 novembre. Il s'agit du Ronapreve, du laboratoire pharmaceutique suisse Roche, et du Regkirona, de la société sud-coréenne Celltrion. Franceinfo revient sur ces deux traitements en cinq questions.
Comment fonctionnent les anticorps monoclonaux ?
Le principe de ces traitements monoclonaux est d'isoler des anticorps de patients qui ont eu le Covid-19, de les reproduire en laboratoire de façon à pouvoir les injecter à d'autres patients. L'organisme du patient qui reçoit ces anticorps peut ainsi mieux lutter contre la maladie.
La rapidité est cruciale dans ce type de traitement : il doit être administré dans les cinq jours qui suivent l'apparition des premiers symptômes, qui ne doivent pas être graves. "C'est un traitement qui s'adresse aux formes très précoces, avant l'hospitalisation, avant le besoin d'oxygène", a expliqué sur franceinfo Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon, à Paris. Le but est d'intervenir au plus tôt pour éviter des formes graves du Covid-19, des hospitalisations et des décès.
A qui sont destinés ces deux traitements ?
L'Agence européenne du médicament "recommande d'autoriser le Ronapreve chez les adultes et les adolescents (à partir de 12 ans et pesant au moins 40 kg) qui n'ont pas besoin d'oxygène supplémentaire et qui présentent un risque de développer une forme sévère". Le Ronapreve peut également être prescrit de façon préventive, aux personnes non infectées de 12 ans et plus, pesant plus de 40 kg, selon le communiqué de l'agence (en anglais).
Le Regkirona, peut être administré uniquement aux adultes positifs au Covid-19 qui n'ont pas besoin d'oxygène mais présentent un risque de développer une forme sévère de la maladie.
Patrick Berche, membre de l'Académie de médecine, relève que ces traitements sont "d'abord" destinés aux personnes de plus de 80 ans, "qui par définition sont à très haut risque". Le microbiologiste mentionne aussi "les patients de 65 à 80 ans qui ont une comorbidité comme un diabète ou une hypertension". Ces critères se couplent avec la nécessité d'administrer le traitement dans un délai de cinq jours après l'apparition des symptômes. Dans les faits, ces traitements ne concerneront donc qu'un nombre limité de personnes.
Sont-ils déjà utilisés ?
Le Ronapreve est déjà connu en France. La Haute Autorité de santé a donné son feu vert, au début du mois d'août, pour "certains patients immunodéprimés à très haut risque de faire une forme sévère". Le Ronapreve a été "le premier médicament bénéficiant d'un accès précoce depuis la mise en place de ce dispositif début juillet 2021", a précisé l'instance. "Il y a environ 1 000 ou 2 000 patients en France qui l'ont reçu", a rapporté Patrick Berche. "On a une autorisation d'accès précoce pour une population immunodéprimée chez laquelle le vaccin ne prend pas. On a fait une dose, deux doses, trois doses et ils n'ont pas d'anticorps, donc ils ont une autorisation d'accès à ce produit injectable", a détaillé Gilles Pialoux.
"Dans mon service, on en a administré déjà à une trentaine de personnes. (...) C'est tout à fait efficace, avec une prévention qui fonctionne."
Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon, à Parissur franceinfo
Selon une étude citée par l'EMA, seulement 0,9% des patients traités avec du Ronapreve (11 sur 1 192 patients) ont été hospitalisés ou sont morts dans les 29 jours suivant la prise du traitement. En comparaison, 3,4% des patients qui ont reçu un traitement placebo ont été hospitalisés ou sont morts.
Moins connu en Europe que le Ronapreve, le Regkirona est déjà commercialisé en Corée du Sud, comme le rapportait le HuffPost au mois d'août. Pour le Regkirona, une étude montre aussi que prendre ce traitement diminue nettement les hospitalisations et les décès. Sur 446 personnes ayant bénéficié du traitement, seuls 14 ont été hospitalisées, mis sous oxygène ou sont morts, contre 48 chez les 434 personnes ayant reçu un traitement placebo.
Comment sont-ils administrés ?
Le Ronapreve et le Regkirona sont des traitements bien plus lourds que le Molnupiravir, traitement antiviral qui se prend par voie orale. "Ce sont malheureusement des traitements par voie veineuse qui obligent à une hospitalisation", relève Patrick Berche. "La limite du produit, c'est sa complexité à l'administrer", abonde Gilles Pialoux.
Combien coûtent ces traitements ?
Des ONG ont dénoncé, ces derniers mois, le prix élevé du Ronapreve, qu'elles évaluaient à environ 2 000 dollars (1 700 euros) la dose, relevait l'AFP, le 11 octobre. "C'est assez coûteux", commente Gilles Pialoux.
Il s'agit du "prix habituel d'un médicament de type anticorps, ou même d'un médicament innovant", avait commenté sur franceinfo, dès le mois de février, Hervé Watier, professeur d'immunologie du CHU de Tours. Et d'ajouter : "Ce serait un médicament chimique, ça coûterait aussi cher. Ça coûte entre 1 000 et 2 000 euros, mais c'est un prix habituel."
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