Librairies fermées pendant le confinement : "Comment peut-on à ce point négliger le livre ?", s'indigne Daniel Picouly
Daniel Picouly déplore que les librairies ne soient pas considérées comme "commerces essentiels" autorisées à ouvrir pendant le nouveau confinement.
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"Comment peut-on à ce point négliger le livre ?", s'est indigné Daniel Picouly, auteur de Longtemps je me suis couché de bonne heure, et invité de franceinfo vendredi 30 octobre. L'auteur appelle à signer massivement la pétition lancée par François Busnel, journaliste et critique littéraire, pour demander l'ouverture des librairies pendant le nouveau confinement. "On ne demande pas un privilège. La librairie demande de continuer à exercer ce qu'elle fait depuis toujours", a expliqué Daniel Picouly.
franceinfo : Les magasins FNAC Darty restent ouverts pendant le confinement, s'appuyant sur les dérogations parce qu'ils vendent de l'électroménager et de l'électronique. Qu'en pensez-vous ?
Daniel Picouly : Ce serait dommage de demander aux librairies de mettre sur leur devanture "Nous vendons de l'électronique, des machines à café et des livres". Il y a quelque chose qui est un peu incohérent. Le pire, avec ce confinement, c'est de briser un élan. Quand les librairies ont rouvert, les gens sont venus. Ils étaient là et ça, c'était quelque chose qui montrait, au-delà du discours, la nécessité du livre et ce que ça représentait pour eux. Devant cette fermeture, je signe la pétition de François Busnel de la Grande Librairie [pour la réouverture des librairies] parce qu'il faut que les gens concernés protestent sur l'importance symbolique de la librairie. Cet élan est brisé par le confinement.
C'est une injustice, cette fermeture des librairies ?
Moi, je le vis comme une injustice parce qu'on est en train de pénaliser des vertus. Les librairies étaient complètement sûres. On avait le sentiment d'entrer dans un lieu où on n'était pas en danger. Les libraires ont fait des efforts extraordinaires. Ils ont pris en compte tous les enseignements de ce premier confinement et déconfinement. C'est quasiment aberrant. Ca me met la voix tremblante parce que je ne comprends pas comment c'est possible, dans le pays où règne le prix unique du livre. Notre ministre, notre président, se revendiquent du livre dans leur culture, leur engagement. Comment on peut à ce point négliger le livre ? Dans mon roman, un gamin de 15 ans tombe dans une librairie pour acheter une maquette d'avion en plastique, et il va ressortir avec un livre de Proust et il va devenir écrivain. La librairie, c'est une aventure. On est d'abord émerveillé parce que c'est beau. On entre, parfois pour chercher quelque chose et on va trouver tout autre.
L'actualité est très sombre en ce moment. Il y a l'épidémie et aussi le terrorisme. La lecture peut être un refuge dans ce moment qu'on vit ?
C'est plus qu'un refuge. Le livre ne demande pas qu'on se recroqueville, se protège et s'isole. Le livre ouvre sur le monde. Quand vous entrez dans une librairie, vous avez la panoplie de toutes les pensées, de toutes les cultures. Vous pouvez expérimenter, dans une librairie, ce que ne pouvez pas faire dans la vie. C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est terrible ce qui se passe à l'extérieur. Alors d'autant plus, il faut s'interroger. Comment se fait-il que dans ces périodes aussi sombres, les librairies aient attiré autant de monde et résisté ? La librairie a résisté, les lecteurs ont résisté. On a, encore aujourd'hui, un lieu de résistance. Il faut l'entretenir, il faut le soutenir. C'est un appel tout à tous ceux qui décident. On ne demande pas un privilège. La librairie demande de continuer à exercer ce qu'elle fait depuis toujours.
Le gouvernement va faciliter le "click and collect", est-ce que ça peut aider ?
Ca a aidé, mais ça ne peut pas mis en oeuvre partout, ne serait ce que physiquement, quant à l'organisation des locaux. Bien sûr, on peut aussi dire qu'il existe Amazon et qu'il suffit de commander. Mais Amazon répond simplement à un besoin que vous avez exprimé. Amazon, c'est pour ceux qui savent déjà. La librairie et pour ceux qui, des fois, ne savent pas. Ils entrent dans une librairie avec idée et ressortent avec une autre. C'est une grande différence. Amazon ne satisfait pas tous les besoins de l'imaginaire que représente un livre. On a le sentiment qu'il y a une espèce de solution alternative à un besoin qui est tellement immense que seule la librairie peut le combler.
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