Assurance maladie : "Si on veut préserver ce modèle de protection, il faut mobiliser tous les leviers", assure Thomas Fatome, directeur général de la Cnam

L'Assurance maladie s'attend à voir son déficit atteindre 41 milliards d'euros en 2030. L'organisme a donné des pistes de travail pour redresser les comptes. Son directeur général suggère notamment d'axer sur la prévention.

Article rédigé par franceinfo
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Des usagers patientent devant la CPAM de Rennes (VINCENT MICHEL / MAXPPP)
Des usagers patientent devant la CPAM de Rennes (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

"Si on veut préserver ce modèle de protection, il faut mobiliser tous les leviers", assure mercredi 25 juin Thomas Fatome, directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance maladie, invité du Téléphone Sonne sur France Inter. L'Assurance maladie a fait 60 propositions, dans son rapport annuel rendu mardi 24 juin, pour réduire son déficit qui pourrait atteindre 16 milliards d'euros en 2025 et 41 milliards d'euros en 2030.

Parmi les propositions, il y a "lutter contre la fraude" et les "prescriptions qui sont abusives", notamment dans les arrêts-maladie. "Nous sommes en train de lancer une campagne de contrôle d'environ 500 médecins qui sont de très gros prescripteurs d'arrêts de travail, qui prescrivent deux à trois fois plus d'arrêt que leurs confrères à patientèle équivalente", explique Thomas Fatome, qui rappelle que cela ne concerne cependant que "500 médecins sur 50 000" généralistes.

Faire mieux sur les dépistages

Autre proposition au cœur du rapport : la prévention. "On peut faire mieux autour du dépistage des maladies cardio-vasculaires", concède le directeur de la Cnam, particulièrement sur les questions "autour de l'hypertension, qui est l'une des principales maladies chroniques de notre pays". Il faut donc faire des "politiques beaucoup plus systématiques de dépistage", citant l'exemple anglais de la campagne "Know your numbers", à savoir "connaissez vos chiffres" de marqueurs de santé.

"On pense vraiment qu'avec des pharmaciens, on peut construire quelque chose, en lien avec les médecins, en lien avec les infirmiers, pour que ces dépistages de l'hypertension soient beaucoup plus fréquents, beaucoup plus systématiques", insiste Thomas Fatome.

Les cures thermales dans le viseur

Les cures thermales sont également dans le viseur des propositions de l'Assurance maladie. "Notre proposition n'est pas de dérembourser les cures thermales, parce que c'est un sujet important", précise-t-il, mais "l'efficacité scientifique des cures thermales est débattue" et il s'interroge donc "sur le fait de justifier d'aller jusqu'à 100%" dans le remboursement. "Cette question peut exister pour la cure thermale, mais elle peut potentiellement exister pour d'autres médicaments quand leur utilité médicale est questionnée", détaille-t-il. "Je pense que c'est un débat qu'on peut avoir sereinement".

Il rappelle que l'inflation et le Covid ont touché durement les comptes de l'organisme de santé. Mais que "ce qui est le plus inquiétant, c'est le fait que le vieillissement et les pathologies chroniques vont peser de plus en plus sur les finances de l'Assurance maladie" et que donc, "si on veut préserver ce modèle de protection, il faut mobiliser tous les leviers" financiers.

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