Les transports responsables de syndromes dépressifs, de troubles du sommeil, voire de colères violentes pour plus de quatre Français sur 10, selon une étude
L'étude montre notamment que 41% des usagers de transports ayant connu des symptômes dépressifs estiment que leurs problèmes de déplacement en sont en partie responsables.
Les transports sont responsables de syndromes dépressifs, de troubles du sommeil voire de colères violentes pour plus de quatre Français sur dix, révèle une étude de l'Institut Terram, un groupe de réflexion dédié à l’étude des territoires, et l'association Alliance pour la santé mentale, intitulée "Mobilités : la santé mentale à l'épreuve des transports", consultée par France Inter et "ici".
L'impact de la mobilité sur la santé reste largement négligé, notamment en ce qui concerne la santé mentale, note l’étude. Ce domaine est "souvent éclipsé par des considérations techniques ou économiques". C'est "un de ses angles morts les plus persistants" et pourtant essentiel pour la santé psychique de ses usagers.
Stress, anxiété, troubles du sommeil
En effet, si près de sept Français sur dix déclarent avoir déjà connu une période intense de stress, d'anxiété ou des troubles du sommeil, et un sur deux des symptômes dépressifs, les transports sont souvent pointés du doigt : 41% des usagers ayant connu des symptômes dépressifs estiment que leurs problèmes de déplacement en sont en partie la cause, proportion identique pour les troubles du sommeil (41%). 43% relient les transports au stress ou à l'anxiété. Quant au burn-out ou la prise d'antidépresseurs, 44% y voient un lien avec les transports. Enfin, jusqu’à 46% des personnes ayant connu des épisodes de colère violente mettent en cause les mobilités.
Cette souffrance dépend aussi de l'âge, de la distance parcourue et même de la tendance politique des personnes interrogées : pour 30% des étudiants et actifs, les trajets quotidiens pèsent directement sur leur santé. Parmi eux, les jeunes sont les plus concernés : 35% des 18-34 ans, contre 22% chez les 50-64 ans.
L'insécurité, un enjeu pour les jeunes femmes
Concernant les distances, 67% qui font plus de 50 kilomètres se sentent en mal-être, contre seulement 19% en dessous de cinq kilomètres, principalement pour des trajets domicile-lieu d'étude ou de travail en zone urbaine. Quatre urbains sur dix déclarent une source d’anxiété liée à leurs déplacements, contre un sur trois en zone rurale. 47% des usagers urbains évoquent aussi une fatigue générale (contre 45% des ruraux), 38% une charge mentale accrue (contre 34%) et 29% des émotions comme la colère ou l'irritabilité (contre 22%). À l’inverse, concernant la qualité des infrastructures, pour les déplacements liés au travail ou aux études, 76% des urbains se disent satisfaits de l’offre de transports collectifs, contre seulement 56% des ruraux.
L'insécurité est également un enjeu fort : 56% des femmes de moins de 35 ans se disent en insécurité (contre 43% en moyenne). Les parents isolés sont aussi plus vulnérables : 43% d’entre eux associent les transports à un épisode de colère intense, parfois avec des gestes violents (contre 22% pour les personnes sans enfants à charge).
Le manque de transports peut être également une source d'angoisse, relève l'étude. Faute de solutions de transport adaptées, les Français se sentent assignés à résidence ou dépendants : 54% des urbains affirment structurer leur vie autour des transports (contre 47% des ruraux) et 59% se sentent démunis face aux difficultés de transport (contre 52%). Pour près de six répondants sur dix, tous territoires confondus, le manque de desserte limite leurs perspectives ou conduit à renoncer à certaines activités (53% des urbains). 48% des urbains et 45% des ruraux disent même se sentir prisonniers de leur environnement.
Les personnes se déclarant au centre de l'échiquier politique se disent moins impactés part les transports (27-29% pour les centristes et les modérés), contre 37 % des personnes s'estimant "très à gauche" et 38 % "très à droite".
La marche et le vélo pour réduire le stress
Le niveau de stress varie aussi selon le type de transport utilisé : la marche est associée au plus faible niveau de stress (14%), suivie de la voiture (17%) et de la marche couplée à un autre mode (21%). Le train (28%), le bus ou le covoiturage (30%), le vélo (32%), puis le métro ou le tramway (34%) génèrent davantage de stress. Les deux-roues motorisés ou non créent plus d'anxiété : 40% des véhicules motorisés, 41% pour l'usage de la trottinette. Enfin, l’autopartage (49%) apparaît comme le plus anxiogène. La marche et le vélo sont plébiscités pour réduire le stress.
Néanmoins, avec le développement du télétravail, "nombre de télétravailleurs développent un rapport reconfiguré, plus stratégique et souvent apaisé, au transport collectif", conclut positivement l'étude. Dans ce contexte, les transports en commun ne servent plus seulement à se déplacer mais deviennent "un outil d'organisation du quotidien, voire un levier de régulation mentale". Ils permettent de s’épargner les contraintes de stationnement (77%), ne pas conduire (71%), maîtriser son budget (65%) ou encore bénéficier d’horaires réguliers (61%).
Méthodologie : Les deux organisations Alliance pour la santé mentale et Institut Terram se sont associées pour mener cette enquête auprès de 3 300 Français, âgés de 18 ans et plus, représentatifs selon la méthode des quotas, prenant en compte le genre, l'âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région de résidence. Les interviews ont été réalisées par l'Ifop par questionnaire auto-administré en ligne du 31 janvier au 2 février 2025.
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