Infographie Budget 2026 : visualisez la hausse des arrêts-maladies, dont le gouvernement entend durcir les règles d'indemnisation

Alors que le Premier ministre souhaite réduire les dépenses de santé, cette augmentation s'inscrit dans un mouvement de fond lié à la baisse du chômage et au vieillissement de la population active.

Article rédigé par franceinfo
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Le nombre d'arrêts-maladies est passé de 6,43 à 8,42 millions de 2010 à 2023, soit une hausse de plus de 30%. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)
Le nombre d'arrêts-maladies est passé de 6,43 à 8,42 millions de 2010 à 2023, soit une hausse de plus de 30%. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)

Les arrêts-maladies dans le viseur du gouvernement. Alors que le Premier ministre entend réaliser 5,5 milliards d'euros d'économies sur les dépenses de santé dans le cadre de son plan de maîtrise du déficit des finances publiques, l'exécutif cible les arrêts de travail, objets d'une "dérive" selon le Premier ministre. Interrogée par Le Monde, samedi 26 juillet, la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin a également rappelé la volonté du gouvernement de "mettre fin à des abus" en la matière. Mais à quel point le nombre d'arrêts de travail a-t-il augmenté ?

Pour répondre à cette question, il faut se reporter à une étude publiée en décembre 2024 par le service de statistique ministériel en charge de la santé et du social (Drees) et par la Caisse nationale de l'assurance maladie. Ce document explore l'évolution en nombre et en coût des arrêts-maladies des salariés du privé ainsi que des contractuels de la fonction publique, soit environ 21 millions de personnes. Et les chiffres qu'il contient attestent bien d'une tendance globale à la hausse. Par rapport à 2010, leur nombre est passé de 6,43 à 8,42 millions, soit une hausse de plus de 30%, pour un coût total de 10,2 milliards d'euros en 2023.

Ces données montrent une envolée du nombre d'arrêts-maladies entre 2019 et 2023, particulièrement marquée parmi les plus jeunes, selon les auteurs de l'étude. Mais l'accélération mesurée durant cette période prolonge également la tendance à la hausse qui précédait la pandémie de Covid-19.

Davantage de seniors actifs

Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette tendance globale. Tout d'abord, le nombre de personnes en emploi a augmenté depuis 2010, ce qui a eu mécaniquement un impact en termes de nombre d'arrêts. Les auteurs de l'étude rappellent ainsi que l'emploi salarié a progressé "deux fois plus vite au cours de la période récente (+1,5 % par an sur 2019-2023) qu'au cours de la période précédente (+0,8 % par an sur 2010-2019)". Une autre explication importante est à rechercher dans le vieillissement de la population active, les arrêts ayant tendance à s'allonger avec l'âge. Or la part des 55-64 ans en emploi a augmenté à la faveur des réformes des retraites successives, qui augmentaient la durée de cotisation ou repoussaient l'âge légal de départ à la retraite (1993, 2003, 2010, 2014, 2023).

Ces phénomènes démographiques, combinés à la hausse des salaires liée à l'inflation, sont considérés comme les principales causes de la hausse des dépenses des arrêts-maladies. "L'effet direct des facteurs économiques (hausse des salaires) et démographiques explique de l'ordre de 60% de la hausse des dépenses [d'indemnités journalières] maladie entre 2010 et 2023", écrivent ainsi les auteurs du rapport. Pour les 40% restants, ils listent plusieurs facteurs possibles, en commençant par une hausse de la sinistralité, c'est-à-dire de la récurrence des sinistres, qu'ils jugent "difficile d'expliquer". La Drees pointe également la piste d'une dégradation des conditions de travail. Les arrêts injustifiés sont enfin donnés comme une source d'explication possible, mais seulement "pour partie".

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