Vidéo "S'il n'est pas attesté, le récit ne va pas pouvoir être porté face à la justice" : un documentaire révèle le rôle central des médecins légistes pour les victimes de violences

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Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions

Le nouvel épisode de l'émission "Infrarouge" se plonge dans le quotidien d'un médecin légiste chargé d'examiner des victimes de violences dans une unité médico-légale.

"Au cinéma, dans les polars, le légiste, c'est toujours un type un peu fou, un médecin lugubre et solitaire qui préfère la compagnie des morts à celle des vivants. Dans la vie, ce n'est rien de tout ça", explique le docteur Bernard Marc, personnage central d'un documentaire intitulé Légistes, au côté des vivants, réalisé par Marion Angelosanto et diffusé dans l'émission "Infrarouge", mercredi 5 mars à 22h50 sur France 2. 

Le film s'immerge dans l’unité médico-judiciaire (UMJ) de l'hôpital de Compiègne (Oise), dirigée par le médecin légiste Bernard Marc. Avec son équipe, composée de psychiatres, de psychologues et de juristes, il est chargé de s'occuper de personnes qui ont porté plainte après avoir été victimes d'agressions, d'accidents ou de tentatives d'homicide. Des auxiliaires de justice qui doivent recueillir le récit de la violence subie par ces patients, puis les examiner avec précision afin de vérifier si les faits dénoncés correspondent aux blessures. Des preuves qui serviront lors du procès.

"Victime et scène de crime à la fois"

La France compte 48 unités médico-judiciaires situées dans des hôpitaux et dans lesquelles des actes médicaux sont réalisés sur réquisition des officiers de police judiciaire ou de la justice par des médecins légistes et des psychologues : description des blessures physiques et psychologiques des victimes, examens médicaux, évaluation de l'incapacité totale de travail (ITT). Une procédure indispensable à l'enquête. Ces unités sont également chargées du contrôle de l'état de santé des gardés à vue. 

La partie la plus délicate pour Bernard Marc et son équipe est souvent de recueillir le récit des violences subies par des victimes bien vivantes et très meurtries. Des histoires souvent tragiques. Elodie a quitté son petit ami. En représailles, ce dernier a débarqué quelques semaines plus tard chez elle avec trois personnes et l'a rouée de coups. Après avoir consigné son témoignage, Bernard Marc examine son corps, notifie les plaies sur des croquis et prend des photos qu'il consigne dans le dossier qui sera envoyé au commissariat. 

"La victime est à la fois victime et scène de crime. Et cette scène de crime, on va être les seuls à pouvoir l'appréhender véritablement, explique le médecin dans le film. Il ne va pas y avoir la police technique et scientifique qui va être là à regarder la victime, c'est impossible." Bernard Marc, assisté d'une infirmière, explore scrupuleusement chaque partie du corps. "Donc on va se consacrer à ce qui a pu se passer dans la scénographie au moment de l'acte de violence, poursuit le praticien. Une fois que l'on a le récit, on va essayer, point par point, de retrouver des éléments." L'objectif est d'obtenir le maximum de preuves physiques des violences. "Le récit déchirant d'une personne, s'il n'est pas attesté, il ne va pas pouvoir être porté face à la justice", précise le légiste. 

Les femmes, premières victimes de violences

La nature des violences que doivent traiter ces experts est multiple. Néanmoins, la plupart des cas soumis à cette unité médico-judiciaire sont des violences conjugales et la majorité des victimes des femmes. "Un vrai problème de santé publique et de société aujourd'hui, ce n'est pas un problème de femmes", explique Bernard Marc aux infirmières qu'il est chargé de former. "Deux cent treize mille femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles par le conjoint, ex-conjoint sur une année. Et nous, dans les UMJ, on voit véritablement qu'une victime sur deux est victime de violence intrafamiliale. Un peu plus que cela d'ailleurs : on est presque à trois victimes sur cinq."    


Le documentaire Légistes, au côté des vivants, réalisé par Marion Angelosanto, est diffusé le 5 mars à 22h50 dans l'émission "Infrarouge" sur France 2 et sur la plateforme france.tv.

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