Lits d’hôpitaux fermés faute de personnel : "On va droit dans le mur et à très court terme", préviennent des soignants sur le terrain
À Marseille, 377 lits sont fermés sur 2 500 au total. Une situation très préoccupante, dont les conséquences se font déjà ressentir.
Les chiffres varient chaque jour et selon les services. Mais mercredi 27 octobre, 15% des lits sont fermés. Les Hôpitaux universitaire de Marseille n’échappent pas au constat alarmant dressé par le professeur Jean-François Delfraissy. Selon une enquête menée par le président du Conseil scientifique sur le Covid-19, environ 20% des lits seraient actuellement fermés dans les CHU et CHR français.
À Marseille, faute de lits, faute de personnels soignants, certaines opérations sont annulées ou reportées. "Dans mon service, j'ai 30% de lits fermés, rapporte Jean-Luc Jouve, chef du service orthopédie pédiatrique de la Timone. Ce matin, j'avais une colonne vertébrale à opérer chez un enfant, il manquait une infirmière anesthésiste dans la salle. Donc le chirurgien anesthésiste, l’infirmière anesthésiste, les panseurs, on est tous restés les bras croisés parce qu'il manquait une personne à la chaîne. C’est ça qui paralyse l’hôpital. Quand on est dans un service très spécialisé, si un membre de la chaîne est absent tout s'arrête."
"L’hôpital risque de devenir une espèce d’hospice"
Une situation qui ne date pas de la pandémie de coronavirus, même si elle s'est aggravée depuis. "Il y a deux ans, le Collectif inter-hôpitaux était dans la rue pour dénoncer ces conditions-là. Depuis le Covid, il n’y a pas eu de gestes forts. On n’a pas fait le plan Marshall qu'on attendait. Désormais, il y a un élément de plus très inquiétant, c’est la résignation", constate Jean-Luc Jouve.
"Il y a deux ans, tout le monde était prêt à descendre dans la rue, à se battre. Maintenant les gens sont résignés, ils baissent les bras et certains abandonnent même la profession."
Jean-Luc Jouve, chef du service orthopédie pédiatrique de la Timonefranceinfo
Dans le service de Stéphane Berdah, chirurgien digestif à l'hôpital Nord, 25% de lits sont fermés. "Et en gastro-entérologie, une unité est fermée à 100%. Le vrai enjeu, c’est qu’on a une fuite du personnel. On parle beaucoup des infirmières et on a raison, ce sont elles qui souffrent le plus, mais il y a aussi des médecins qui quittent l'hôpital. J’ai appris la semaine dernière que quatre collègues de renom vont quitter mon établissement, c’est extrêmement inquiétant. L’hôpital risque de devenir une espèce d’hospice ou de dispensaire et on y va droit. S’il n’y a pas un investissement très fort, et pas que financier car il y a aussi une réforme de statut à avoir, on va dans le mur et à très court terme."
Ils sont nombreux à claquer la porte de l'hôpital. À Marseille, il manque plus d'une centaine d'infirmières aujourd’hui. Dans une interview au journal Libération, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu que les démissions "augmentent plus significativement entre 2020 et 2021 qu'entre 2019 et 2020."
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