: Reportage Pour "vivre comme n'importe quelle personne valide, en toute autonomie", une application à destination des personnes à mobilité réduite
L'application MyEasyAccess a été lancée vendredi à Marseille. Elle doit arriver à Vichy et Lyon à la fin de l'année 2025, avant Paris et Bordeaux en 2026.
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Combien de fois des personnes en fauteuil roulant se sont-elles retrouvées bloquées devant un restaurant, un commerce, parce qu'il y a une marche et pas de rampe pour rentrer ? Pour éviter ces situations, une application mobile gratuite, développée par le fabricant de pneumatiques Michelin, vient d'être lancée. MyEasyAccess permet aux personnes à mobilité réduite, en fauteuil roulant, ou avec une canne ou une poussette, de repérer les restaurants, les hôtels et les commerces accessibles. Elle propose alors un chemin adapté pour s'y rendre, en transports ou de façon autonome.
L'application doit arriver à Vichy et Lyon fin 2025 et en 2026 à Paris et Bordeaux. Elle a été lancée, vendredi 11 avril, à Marseille. De quoi changer le quotidien des personnes en situation de handicap même si les obstacles sont encore nombreux dans la deuxième ville de France.
Des indications très précises
Sur son téléphone, Stéphanie Gonçalves, en fauteuil roulant électrique, ouvre l'application MyEasyAccess. Elle est une des premières utilisatrices. "Une fois que j'ai paramétré ma situation de handicap, je vais sur l’onglet carte et j'ai différentes catégories : se restaurer, se loger, services, se divertir, shopping, événements, explique la Marseillaise. Par exemple, je cherche une pharmacie. Je clique sur services et toutes les pharmacies accessibles vont apparaître. Je choisis celle qui est la plus proche de moi par exemple. Je peux voir des photos de la rampe à l’entrée de la pharmacie."
"L'application va me donner le trajet que je dois utiliser. Elle va m'indiquer sur quel trottoir je dois aller, parce que celui-ci est adapté."
Stéphanie Gonçalvesà franceinfo
Un trottoir au même niveau que la route, au niveau des passages piétons, pour monter dessus avec le fauteuil roulant. Et à l'arrivée, un commerce garanti accessible. L'application en recense 400 à Marseille. Ils ont été sélectionnés et validés par une vingtaine de personnes à mobilité réduite, comme Stéphanie. Les utilisateurs veulent en ajouter d’autres au fur et à mesure de leurs déplacements.
Pour chaque lieu, une photo des rampes d'accès, de l'ascenseur s'il y en a un, des toilettes aussi. "J’utilise l’application tous les jours. Je gagne un temps fou, je n’ai plus besoin d'anticiper, je peux agir de manière spontanée, aller où je veux, quand je veux, en étant sereine sur le chemin que je dois utiliser", souligne Stéphanie Gonçalves. "Avant, il fallait faire une recherche sur Google Maps, Google Street View pour vérifier que les trottoirs sont assez larges. De même pour les lieux, il fallait que je téléphone pour savoir s'il y avait une marche. Je peux vivre comme n'importe quelle personne valide, en toute autonomie", précise-t-elle.
"Être comme les autres"
Comme pour elle, les déplacements de Quentin Curtis, qui a perdu une partie de l’usage de sa jambe droite après un accident de la route, étaient beaucoup moins fluides avant l'application. "Avant, j’utilisais le réseau que je connaissais, des personnes que j’avais rencontrées en centre de rééducation, explique-t-il. Elles me disaient 'passe plutôt par là, pas par cette rue, c’est trop compliqué'. Cette application nous permet d’être plus autonomes. C'est tout ce qu’on demande, être comme les autres", appuie-t-il.
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Pierre Barbaroux est en fauteuil depuis 20 ans. Lui aussi alimente l'application et l'utilise. N’importe quel utilisateur peut envoyer des photos et suggérer l’ajout d’un lieu. La vingtaine de contributeurs se charge d’aller vérifier pour valider son référencement dans l’application. "Ce commerce par exemple, on l'a retenu parce que justement à l'entrée, il y a une largeur assez importante pour qu'on puisse entrer en fauteuil roulant. Une porte automatique. Et l'intérieur du commerce est assez spacieux, on peut se servir nous-mêmes, et la partie caisse est rabaissée", détaille-t-il.
Marseille, "pas la ville la plus accessible"
Pierre Barbaroux est né à Marseille il y a quarante ans. Il y a toujours vécu. "C'est vrai que ce n’est pas la ville la plus accessible. Elle est bâtie sur plusieurs collines, il y a beaucoup de dénivelé. Mais il y a une volonté d'améliorer les choses. Avec cette application, je pense que ça va faire effet boule de neige et pousser les commerces à devenir accessible", affirme le Marseillais.
Mais le trajet pour atteindre la destination reste un problème. À peine une station de métro sur trois est accessible, encore moins, un quart, pour les arrêts de bus. "Nous sommes très en retard, le métro manque d’ascenseurs. Et encore, les personnes en fauteuil doivent être accompagnées d’un aidant. Certains portiques d’accès ne marchent plus et le service de navette à la demande est surchargé", reconnaît Isabelle Laussine, adjointe au maire de Marseille en charge des personnes en situation de handicap. L'élue estime aussi que "l’accessibilité des petits commerces reste insuffisante". Ils disposent d’un fonds national, de 300 millions d’euros, pour mener des travaux, mais peu sont au courant et y ont recours.
Encore de gros progrès à faire
Emda Amraoui, présidente du collectif de personnes en situation de handicap Plus Jamais sans nous, raconte son trajet pour aller de chez elle à l’hôtel de ville de Marseille, sur le Vieux Port. Ce sont 20 à 25 minutes, où "je suis beaucoup sur la route, et obligé de faire des détours pour pas me mettre en danger, parce que les trottoirs sont trop étroits, explique-t-elle. Les jours de pluie, ou de vent, je ne sors pas, parce que c’est encore plus dangereux. Pour prendre le métro, on ne peut pas véritablement le faire de manière autonome. Il faut un aidant avec nous."
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Si elle espère que l’application aide à accélérer la mise en accessibilité des lieux accueillant du public, Emda Amraoui déplore le retard accumulé. "Il y a encore beaucoup de restaurants où je ne peux pas aller, où les toilettes ne sont pas adaptées. Les tramways non plus ne sont pas tous accessibles, la barre de maintien en plein milieu, devant les portes, nous gêne", détaille la présidente du collectif Plus jamais sans nous. "Les élus doivent prendre le sujet à bras-le-corps", appelle-t-elle. Tout juste 20 ans après la loi handicap, votée en 2005, "on en est toujours là, ça me rend dingue", déplore Emda Amraoui. Ce texte donnait dix ans à tous les lieux recevant du public pour devenir accessible. Un délai largement dépassé.
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