Une vaste étude pointe l'inefficacité des campagnes de sensibilisation autour de l'obésité infantile auprès des jeunes parents

Les auteurs de cette étude internationale y voient la preuve que la lutte contre l'obésité doit passer par des politiques publiques plus volontaristes, sans uniquement s'adresser aux comportements individuels des parents.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les programmes de sensibilisation scrutés par l'étude n'avaient pas fait de différence quand les enfants ont atteint deux ans. (ROOS KOOLE / ANP)
Les programmes de sensibilisation scrutés par l'étude n'avaient pas fait de différence quand les enfants ont atteint deux ans. (ROOS KOOLE / ANP)

Des résultats aussi "étonnants" que "décourageants" pour les chercheurs. Les programmes de lutte contre l'obésité infantile pour les jeunes parents "ne sont pas efficaces", a conclu une vaste étude publiée jeudi 11 septembre dans The Lancet. Un jeune enfant n'a pas moins de risque de devenir obèse quand ses parents ont été sensibilisés à la nécessité d'une alimentation équilibrée ou d'un mode de vie adapté, selon les auteurs de cette étude, qui a impliqué de nombreux chercheurs internationaux.

Les chercheurs ont compilé les résultats de 17 programmes de ce type dans huit pays : Australie, Etats-Unis, Italie, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède. Ces programmes étaient variés dans leur fonctionnement comme dans leur contenu : sessions de formation à l'extérieur ou visites à domicile, accent mis sur l'alimentation ou les modes de vie via une sensibilisation à l'activité physique ou aux risques liés à l'exposition aux écrans…

Le bilan est maigre. De manière générale, ces programmes n'avaient pas fait de différence quand les enfants ont atteint deux ans. Leur indice de masse corporelle apparaît semblable aux bébés dont les parents n'ont pas suivi de programme de sensibilisation. De l'aveu même des chercheurs, c'est une grande déception, alors que ces programmes ont souvent été le fruit de réflexions approfondies de la part de spécialistes de la santé publique. Les auteurs admettent toutefois qu'il est précoce de tirer des conclusions définitives à partir de mesures faites chez des bébés de deux ans. Ils comptent intégrer dans de futures études des examens faits sur des enfants plus âgés, afin d'obtenir plus de recul.

Bientôt la moitié des adultes en surpoids ?

Les chercheurs voient d'ores et déjà dans ces résultats la preuve que la lutte contre l'obésité ne peut uniquement s'adresser aux comportements individuels, et ne saurait se passer de politiques publiques d'ampleur : "améliorer l'accès à une nourriture saine, augmenter les espaces verts et réguler la publicité en faveur d'aliments mauvais pour la santé".

Un vaste consensus existe sur la nécessité de lutter dès l'enfance contre l'obésité, alors que celle-ci ne cesse de gagner du terrain dans le monde. Une étude parue fin 2024, également publiée dans The Lancet, prévenait que plus de la moitié des adultes risquent d'être obèses ou en surpoids d'ici à 2050, faute de mesures publiques ambitieuses. L'une des pistes, activement poursuivies dans de multiples pays, est de lancer des programmes de sensibilisation aux jeunes parents, parfois dès la grossesse.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.