: Vidéo "J'étais en souffrance" : Muriel Robin se confie pour la première fois sur ses années de dépendance à l'alcool
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Un documentaire, diffusé sur France 5, se penche sur la délicate relation des femmes avec l'alcool, dans lequel des personnalités et des anonymes se livrent sans fard sur une addiction jugée souvent honteuse.
"Avant, [ressentir une] 'émotion' était égal à boire un verre, surtout quand [elle] était négative." Dans le nouveau documentaire de Marina Carrère d'Encausse, intitulé L'alcool au féminin : elles brisent le tabou, la comédienne Muriel Robin lève le voile sur ses années, aujourd'hui révolues, de dépendance à l'alcool. Ce film saisissant, réalisé par Alexandra Combe, est diffusé mardi 13 mai à 21h10 sur France 5.
Les confessions de l'humoriste sont suivies de celles d'autres personnalités et de plusieurs anonymes. Toutes permettent d'aborder un sujet rarement évoqué, tant la honte et la culpabilité réduisent souvent au silence les femmes aux prises avec cette addiction.
Un premier verre à 12 ans
Le film insiste sur les ressorts de la dépendance des femmes à l'alcool, fréquemment liée à de profonds traumatismes d'enfance ou à des drames intimes.
"L'alcool, c'était parfait pour moi. Quand on boit (…), se poser des questions sur la vie n'est même pas à l'ordre du jour, puisqu'il s'agit de ne penser à rien."
la comédienne Muriel Robindans le documentaire "L'alcool au féminin : elles brisent le tabou"
Se noyer dans l'alcool pour oublier ses angoisses, son mal-être, ses blessures... Autant de causes qui ont poussé Muriel Robin à boire pendant trente ans près d'un litre de champagne par jour, jusqu'à ce qu'elle arrête grâce à sa compagne. Une habitude prise dès son adolescence, avec la complicité de son père qui lui sert son premier verre d'alcool à ses 12 ans.
Au fil des années, boire devient une béquille dont elle ne peut plus se défaire, comme pour de nombreuses femmes, toutes catégories sociales confondues, qui ne mesurent pas toujours les conséquences dévastatrices que cette addiction peut avoir sur leur santé ainsi que sur leur vie sociale et familiale.
"J'ai perdu ma dignité"
Ancienne cadre supérieure dans un grand groupe de BTP français, Laurence Cottet sombre dans l'alcoolisme après la mort soudaine de son mari. A partir de ce moment, elle consomme "trois bouteilles par jour" et est "ivre tous les soirs", explique-t-elle dans le documentaire. Durant quinze ans, elle boit plus que de raison, se cache pour consommer et donne le change à ses équipes.
Mais, un jour, lors d'une cérémonie de vœux de début d'année dans son entreprise, son addiction la rattrape. "Tout va très vite : les coupes de champagne, les whiskies, quasiment rien à manger… A 13 heures, je bois une coupe et après : black-out complet, je tombe par terre. J'ai fait une crise d'épilepsie, j'ai perdu ma dignité." Cet épisode, qui aurait pu lui coûter la vie, signe aussi la fin de son addiction. "C'est aussi le plus beau jour de ma vie, parce que le fameux déclic va se produire : je n'ai plus jamais bu une goutte d'alcool de ma vie", se félicite-t-elle.
Laurence Cottet commence alors un long travail thérapeutique afin de sortir de son addiction. Dix ans plus tard, confrontée au suicide de sa sœur cadette, elle découvre dans les écrits de cette dernière un secret de famille traumatisant. L'inceste. "Ça m'a bouleversée. (...) Je me suis rendu compte : mais moi aussi ! (...) Moi non plus, je ne voulais pas, et on m'a violée", confie-t-elle.
Ces agressions sexuelles reviennent brutalement à la mémoire de Laurence Cottet qui, sous le choc, résiste à la tentation de se réfugier dans l'alcool. Elle décide alors de faire de ses années de dépendance un métier, en devenant consultante en addictologie, et en présidant "Janvier sobre", une association dédiée à la prévention contre l'alcoolisme.
"L'alcool a détruit ma vie"
La honte qui emmure dans le silence la majorité des femmes alcooliques les éloigne souvent d'une prise en charge psychologique, mais aussi physique, alors qu'elles sont beaucoup plus vulnérables que les hommes face au produit. Psychiatre addictologue à l'hôpital de Villejuif (Val-de-Marne), Sarah Coscas le confirme sans détour.
"Une même quantité d'alcool donnée à un homme ou à une femme du même poids engendrera une alcoolémie plus élevée chez la femme."
Sarah Coscas, psychiatre, addictologuedans le documentaire "L'alcool au féminin : elles brisent le tabou"
Différents facteurs, physiques ou hormonaux, favorisent cette fragilité physiologique face au produit, et peuvent provoquer de graves pathologies. "L'impact va être plus violent chez la femme : la cirrhose va arriver plus vite, les maladies cardio-vasculaires aussi… Il y a également – et c'est trop peu connu – un gros pourcentage de risque de cancer du sein lié à l'alcool", poursuit Sarah Coscas.
Pour aider ses patientes concernées, cette psychiatre organise depuis onze ans des groupes de parole réservés aux femmes dépendantes à l'alcool. Leurs témoignages sont poignants. "L'alcool a détruit ma vie, explique ainsi une de ces femmes. J'ai perdu la garde de ma fille aînée, et mes trois autres enfants ont été placés en famille d'accueil. Cela fait deux ans maintenant que je les vois une heure trente tous les quinze jours."
Selon la Haute Autorité de santé, de plus en plus de femmes sont touchées par cette maladie, malgré une consommation d'alcool, tous sexes confondus, en baisse depuis trente ans, d'après les chiffres de Santé publique France.
Le documentaire, L'alcool au féminin : elles brisent le tabou, réalisé par Alexandra Combe, est diffusé le 13 mai à 21h05 sur France 5 et visible sur la plateforme france.tv.
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