Près de neuf enseignes sur dix continuent de vendre de l'alcool aux mineurs, selon une étude d'Addictions France

Selon l'étude, 86% des établissements de Nantes, Angers et Rennes ont vendu de l'alcool à des mineurs, ce qui constitue tout de même une baisse par rapport à 2021 (93%).

Article rédigé par franceinfo
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Selon Addictions France, "pas moins de 80% des établissements concernés par une procédure" judiciaire après avoir déjà vendu de l'alcool à des mineurs "réitèrent la vente" (Photo d'illustration) (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)
Selon Addictions France, "pas moins de 80% des établissements concernés par une procédure" judiciaire après avoir déjà vendu de l'alcool à des mineurs "réitèrent la vente" (Photo d'illustration) (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Près de neuf enseignes sur dix de la petite et grande distribution continuent de vendre de l'alcool aux mineurs, selon une étude d'Addictions France obtenue par France Inter et publiée jeudi 3 juillet au matin. Pour mener cette étude, 90 établissements des métropoles de Nantes, Angers et Rennes ont été testés par Addictions France en mai dernier, dont 28 font déjà l'objet de poursuites pénales pour vente d'alcool à des mineurs. Selon Addictions France, qui mène cette étude depuis 2021, 86% de ces enseignes ont vendu de l'alcool à des mineurs. 

"Comparé à 2021, les chiffres montrent une baisse de la vente aux mineurs à hauteur de 7 points, passant de 93% à 86%, pointe Addictions France. Malgré cette sensible amélioration, en particulier dans les magasins visés par des actions judiciaires, les chiffres confirment que la vente illégale d'alcool aux mineurs reste encore largement répandue". "Pas moins de 80% des établissements concernés par une procédure réitèrent la vente, parfois même lorsque de multiples poursuites sont déjà engagées à leur encontre", s'inquiète l'association.

"Parmi les établissements testés pour la première fois, le taux de vente d'alcool aux mineurs reste quasiment identique à celui de 2021 (93% contre 91% en 2025)."

Addictions France

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"La loi n'est pas respectée tout simplement parce qu'il n'y a pas de contrôle", regrette sur France Inter ce jeudi Myriam Savy, directrice du plaidoyer chez Addictions France. "La loi existe, elle est connue. On a interrogé les débitants et ils savent bien que l'interdiction s'applique mais comme ils savent qu'il n'y a pas de contrôle, qu'il n'y a pas de sanction, il y a un sentiment d'impunité. Et tant qu'on n'arrivera pas à prononcer des sanctions vraiment dissuasives, la situation devrait perdurer."

Les contrôles et les sanctions existent bel et bien  - vendre de l'alcool à un mineur est un délit passible d'une amende de 7 500 euros - mais sont difficiles à mettre en place. Les forces de l'ordre peuvent mener des contrôles en observant les ventes mais pas des opérations de "testing" en envoyant des mineurs essayer d'acheter de l'alcool, comme l'a fait Addictions France.

Systématiser les contrôles et instaurer des sanctions graduées

"La responsabilisation des débits de boissons est une condition nécessaire, mais manifestement insuffisante", poursuit Addictions France, émettant plusieurs recommandations. La première est de systématiser les opérations de contrôles d'âge lors de la vente d'alcool. La deuxième est d'instaurer un "régime de sanctions graduées en fonction du chiffre d'affaires des établissements". Addictions France demande aussi de systématiser le recours aux sanctions administratives et de garantir la tenue rapide d'audiences judiciaires. 

Myriam Savy regrette un "environnement" dans la société française "qui fait qu'on considère qu'il est normal que les adolescents boivent de l'alcool". "Pourtant, et ce n'est peut-être pas suffisamment su, la consommation d'alcool est encore plus à risque pour les adolescents parce qu'elle crée des dommages sur le cerveau et puis elle peut conduire à des accidents", rappelle-t-elle.

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