Reportage "On pourra toujours en trouver" : l'interdiction des "puffs" en France n'inquiète pas ces jeunes fumeurs à Paris

La France est le deuxième pays européen, après la Belgique, à interdire ces cigarettes électroniques jetables parfumées qui séduisent particulièrement les adolescents. Mais pour certains d'entre eux, cela ne changera rien.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffelec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un jeune fume une puff à Morlaix, le 27 novembre 2023. (NICOLAS CREACH / MAXPPP)
Un jeune fume une puff à Morlaix, le 27 novembre 2023. (NICOLAS CREACH / MAXPPP)

Vertes, bleues, noires... Malgré leur interdiction par les députés et les sénateurs, à la sortie des cours, les "puffs" sont partout. La France est le deuxième pays européen, après la Belgique, à interdire ces cigarettes électroniques jetables parfumées et peu chères. Ces jeunes fumeurs Parisiens l'assurent : leur interdiction n'inquiète pas franchement. "Ça ne sert à rien qu'on interdise les 'puffs' !", lance un jeune homme. "On pourra toujours en trouver. On a des copains qui nous en vendent, qui vont acheter à des fournisseurs", renchérit un autre, avant qu'un autre précise : "Ca ne va pas changer grand chose, les "puffs" que les gens se procurent aujourd'hui ne viennent pas de France". 

Rares sont en effet les lycéens qui achètent leurs "puffs" dans un bureau de tabac. Trop cher, estiment-ils. Ils préfèrent passe par le réseau social Snapchat pour se fournir, comme Raphaëlle, 17 ans. "Ça s'achète entre personnes. C'est très facile. Je trouve le nom de l'utilisateur et après, je vais parler à la personne, je lui demande le goût. Et il va soit me la livrer, soit je vais aller la chercher...", montre-t-elle sur son téléphone.

"Quand je n'en fume pas pendant deux jours, je suis en manque..."

Yasmine, en troisième, estime que ce n'est pas si facile. Elle fume la "puff" tous les jours, mais n'arrive pas à en acheter via les réseaux sociaux. Alors, quand on lui apprend que la vente va être interdite, c'est un peu la panique. "Ça me stresse un peu parce que je me dis comment je vais faire. Mais en fait, je pense que c'est une bonne chose parce que je ne suis qu'en 3e, je n'ai que 14 ans et quand je n'en fume pas pendant deux jours, je suis en manque...", confie-t-elle.

Comme beaucoup de ses jeunes adolescents, Yasmine a rapidement ressenti les effets de la nicotine, qui n'était pas dans les premières "puff". "C'était vraiment un effet de mode vu que tout le monde le faisait. Et un jour, j'ai essayé avec la nicotine et j'ai un peu la tête qui tourne. Je me suis dit que c'était vraiment une dinguerie...", raconte-t-elle. Sauf que cette sensation l'a poussée à aller plus loin. 

"Ça m'a donné envie de fumer plus de trucs, comme des cigarettes, des joints... Parce que quand j'ai vu les effets, je me suis dit que les trucs plus forts, ça doit être encore mieux."

Yasmine

à franceinfo

La collégienne voit donc cette interdiction comme un signe pour la pousser à arrêter. C'est ce qu'a déjà fait Élise, 16 ans, qui a aussi commencé la "puff" dès le collège. "Je fume depuis que j'ai 13 ans. C'est 10 euros et on peut avoir 16 000 taffes. Du coup, on achète ça. Sauf que c'est hyper nocif. On s'en rend compte sur notre respiration. Dans les grosses "puffs", par exemple, il y a du mercure. C'est atroce, les composants à l'intérieur. Je me suis rendu compte que pour mes poumons, ce n'était pas top", conclut-elle. Mais arrêter la "puff" ne se fait pas du jour au lendemain : Élise fume désormais une cigarette électronique pour essayer de décrocher.


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