Des effets similaires à ceux "de l'alcool ou du cannabis" : Vinci autoroutes alerte sur la consommation de protoxyde d'azote au volant

Les moins de 35 ans sont les principaux consommateurs de ce gaz hilarant, qui peut avoir des effets aussi dangereux que ceux de l'alcool ou du cannabis.

Article rédigé par franceinfo
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Une bouteille de protoxyde d'azote dans la rue. Photo d'illustration. (ALEXIS CHRISTIAEN / VOIX DU NORD / MAXPPP)
Une bouteille de protoxyde d'azote dans la rue. Photo d'illustration. (ALEXIS CHRISTIAEN / VOIX DU NORD / MAXPPP)

La Fondation Vinci autoroutes lance une campagne de prévention sur la consommation de protoxyde d'azote au volant, rapportent France Inter et franceinfo jeudi 23 octobre. L'observatoire dédié à la lutte contre l'insécurité routière publie une enquête Ipsos sur la consommation de ce gaz hilarant par les jeunes pour un usage récréatif.

Après inhalation, il provoque un effet euphorisant pendant environ une minute. Les résultats de l'enquête, qui porte sur plus de 2 200 personnes, montrent que les moins de 35 ans sont les principaux consommateurs du protoxyde d'azote. Dans le détail, un jeune de moins de 35 ans sur dix a déjà consommé ce gaz lors d'une soirée entre amis, et parmi eux, un sur deux en a pris en conduisant.

Un danger négligé

On apprend aussi que 7% des moins de 35 ans ont déjà été passagers d'une voiture dont le conducteur avait pris du protoxyde d'azote. En parallèle de ces chiffres, la Fondation Vinci autoroutes estime que le nombre d'accidents de la route "imputables au protoxyde d'azote" est en augmentation. S'ajoute à cela le fait qu'une part "non négligeable de Français, et notamment ceux de moins de 25 ans, ne mesure pas la dangerosité d'une conduite" sous l'emprise de ce gaz.

Ainsi, 10% des jeunes de 16 à 24 ans considèrent que prendre du protoxyde d'azote en conduisant n'est pas dangereux (9% pour les moins de 35 ans) et 11% pensent qu'être passager d'une voiture dont le conducteur a pris du protoxyde n'est pas non plus dangereux (11% également des moins de 35 ans).

"On n'est pas surpris, on voit qu'on était très loin du compte, c'est très alarmant", réagit sur franceinfo Guillaume Grzych, le président de l'association Protoside au CHU de Lille. "On voit de plus en plus de patients depuis quatre ou cinq ans dans les services hospitaliers avec des conséquences liées à l'usage chronique de protoxyde d'azote", confirme-t-il. Les "chiffres augmentent depuis des années, on tire des sonnettes d'alarme depuis un moment déjà", affirme le biologiste. 

Des effets similaires à ceux "de l'alcool ou du cannabis"

Le problème, c'est que les effets de ce gaz peuvent être très dangereux. "Pendant une minute, on est euphorique", détaille Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci autoroutes, auprès de France Inter. "Le reste des effets semble similaire à ce qu'on peut avoir avec de l'alcool ou du cannabis, mais les consommateurs n'en ont pas du tout conscience." Elle rappelle que les effets peuvent être très longs après inhalation, et provoquer "des troubles neurologiques graves et des complications vasculaires".

La consommation de protoxyde d'azote au volant est ce qui a tué le fils d'Amandine, Keny, en 2020. Il était passager d'une voiture dont le conducteur avait inhalé du gaz. Ce dernier "se croyait dans un avion" et a "percuté un arbre". Elle milite désormais pour que la consommation de protoxyde d'azote au volant soit considérée comme une circonstance aggravante en cas d'accident. "Je suis en colère, je ne comprends pas [...] qu'un produit aussi nocif, où on n'est plus du tout maître de son véhicule, puisse être autorisé."

Ces bonbonnes de protoxydes d'azote se retrouvent "partout en France, même dans les plus petits villages", constate le président de l'association Protoside. "C'est très difficile à encadrer légalement, donc ils se les procurent sur les réseaux sociaux, donc très facile à se procurer", souligne Guillaume Grzych. Il demande "des moyens scientifiques pour mettre en place des méthodes fiables de détection". La consommation de protoxyde d'azote n'est en effet pas détectable comme le cannabis ou l'alcool lors d'un test au volant. "Il n'y a pas assez" de prévention, ajoute Guillaume Grzych, qui juge que la prévention "nécessite également des moyens qui ne nous sont pas encore alloués". 


Méthodologie : Pour réaliser cette enquête, IPSOS a interrogé, du 6 au 13 juin 2025, par Internet, 2 256 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 16 à 75 ans. La représentativité de chaque échantillon est assurée par la méthode des quotas.

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