Reportage "Certains arômes peuvent être problématiques" : comment le laboratoire du Centre ingénierie et santé teste la toxicité des cigarettes électroniques

Alors que les e-cigarettes sont de plus en plus utilisées, leur impact sur la santé reste débattu. Mais selon les chercheurs de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, elles sont nettement moins toxiques que les cigarettes classiques.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pour éviter tout risque avec la cigarette électronique, mieux vaut choisir des liquides simples, sans trop d'ingrédients. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)
Pour éviter tout risque avec la cigarette électronique, mieux vaut choisir des liquides simples, sans trop d'ingrédients. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Près de trois millions de personnes utilisent une cigarette électronique en France, mais ses effets sur la santé demeurent polémiques. Les résultats préliminaires d'une étude britannique controversée, sortie début mars, concluent que vapoter serait aussi nocif que fumer des cigarettes. Des résultats allant à l'encontre du consensus scientifique et des conclusions d'une équipe de chercheurs français de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, qui travaillent sur le sujet depuis plus de dix ans.

Dans l'immense laboratoire du Centre ingénierie et santé, Jérémie Pourchez, directeur de recherche dans cette école, manipule un robot à vapoter. Sur la table, une boîte en plexiglas contient des cellules de poumons, de bronche et de nez que ces ingénieurs de l'école des mines ont cultivées pour les soumettre aux effets de la fumée d'une cigarette électronique, qui arrive toutes les 30 secondes via un tuyau relié à un piston.

Des arômes à éviter

Avec ce système, le directeur de recherche a voulu recréer des conditions proches de la réalité. "Quand on fait une pause clope entre collègues, durant une dizaine ou une quinzaine de minutes, on va avoir un nombre de bouffées qui peut aller de 30 à 40. C'est typiquement ce type d'exposition que l'on va reproduire avec notre chambre d'exposition", détaille Jérémie Pourchez.

Le directeur de recherche de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, Jérémie Pourchez. (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO)
Le directeur de recherche de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, Jérémie Pourchez. (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO)

Une fois les cellules exposées à la fumée, il faut attend 24 heures pour mesurer les effets, afin de voir si les cellules sont endommagées ou détruites. Le résultat diffère selon le liquide utilisé. "On a réussi à mettre en évidence que certains arômes pouvaient être problématiques au niveau de la toxicité", explique Clément Mercier, ingénieur de recherche au centre.

Parmi les substances plus à risques, la cannelle, mais aussi la menthe"dans une moindre mesure". "La structure de la molécule, lorsqu'elle va être chauffée, va générer beaucoup plus de composés toxiques que par exemple un arôme fraise", observe Clément Mercier à propos de la cannelle.

Un impact bien moindre que la cigarette

C'est la combustion de certains ingrédients du liquide de la cigarette électronique qui peut provoquer des dégâts, mais ils restent minimes selon Jérémie Pourchez : "Le propylène glycol peut être un irritant des voies respiratoires".

Bien entendu, ce n'est pas quelque chose de sain, mais ça n'a pas non plus une toxicité très importante.

Jérémie Pourchez, directeur de recherche à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne

à franceinfo

Pour ce chercheur de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, il n'y a aucun doute : la toxicité de la vapoteuse est bien inférieure à la fumée de la cigarette. Mais pour éviter tout risque, il faut choisir des liquides simples, sans trop d'ingrédients et ne pas faire chauffer sa cigarette électronique en tirant trop longtemps dessus.

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