L’étiopathie : aucune efficacité démontrée, alerte l’Inserm
Au terme d’une longue et méticuleuse évaluation, des chercheurs concluent à l’absence totale de preuves en faveur de l’étiopathie. Les preuves des risques associés sont, elles, indéniables.
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Exclusivement enseignée dans quelques établissements privés, l’étiopathie se présente comme une thérapie manuelle visant la prise en charge de pathologies articulaires et de divers troubles (digestifs, ORL, génitaux ou urinaires…). Inventée en France dans les années 60, cette pratique nourrit de très nombreux doutes dans le monde de la santé, tant concernant son efficacité que sa sécurité.
Afin de clarifier l’état des connaissances scientifiques et cliniques relatives à cette pratique, un laboratoire de l’Inserm a lancé une campagne d’évaluation des données disponibles. Cette évaluation apparaissait d’autant plus nécessaire que "la formation des étiopathes et leur activité ne sont pas encadrés par des textes de lois et ne sont pas régis par le code de la santé publique", ainsi que le souligne l’Inserm.
Un rapport cinglant
Le rapport final d’évaluation, long de plus de 90 pages, est sans appel : "l’interrogation de la littérature scientifique médicale, [de même que] la consultation des documents fournis par les étiopathes, n’ont pas permis d’identifier d’études apportant des données probantes quant à la validité́ du diagnostic étiopathique ou à l’efficacité́ thérapeutique ou à la sécurité́ de l’étiopathie".
Autrement dit, en dépit de près de soixante années d’existence, aucun élément de preuve n’a encore pu être constitué pour appuyer les prétentions des praticiens. "L’absence de preuves scientifiques ne permet pas de confirmer ou d’affirmer l’intérêt du recours à l’étiopathie dans au moins une de ses indications, ni de s’assurer de la sécurité́ de la pratique", concluent les chercheurs. Si des bénéfices spécifiques de cette pratique existaient, aucun étiopathe ne l'a encore jamais mis en évidence.
Sans la moindre efficacité prouvée… mais pas sans danger
"Comme pour toute pratique manuelle, des évènements indésirables rares mais graves tels que des accidents vasculaires peuvent survenir lors de manipulations cervicales", alerte l’Inserm, qui déplore qu’aucune étude n’ait jamais été menée pour évaluer la fréquence ou la gravité des effets secondaires de cette pratique.
Les dangers ne sont pas uniquement liés aux manipulations physiques… mais également aux manipulations mentales. Un certain nombre de praticiens sont soupçonnés de "dérives diverses", allant de l’exercice illégal de la médecine jusqu’à une emprise "de nature sectaire" sur leurs clients.
Cher payé pour une thérapie non-évaluée...
La question du coût élevé des formations pour les aspirants étiopathes – alors même qu’aucune preuve d’efficacité n’est associée à la pratique – est également identifiée comme une problématique par les chercheurs. L’Inserm note que le coût total de la formation peut avoisiner les 40.000 euros (inscriptions obligatoires à des instances professionnelles et autres frais de scolarité inclus).
L’institut scientifique insiste sur le fait que les institutions qui dispensent les formations d’étiopathie "se mettent ostensiblement à l’écart d’une démarche de recherche évaluative", et "échappent […] au contrôle de l’état".
"L’histoire a montré que des soignants pouvaient s’enfermer dans des systèmes de pensée inefficaces, voire délétères", commentent les auteurs du rapport. "La démarche évaluative, quand elle est conduite avec humilité, sur la base d’une méthodologie adaptée au soin étudié, permet au clinicien d’échapper à certains de ses schémas thérapeutiques routinier et pourtant néfastes".
"L’étiopathie doit absolument se remettre en question et s’approprier une pensée de recherche et d’évaluation", conclut le rapport. "Il en est de l’intérêt des patients qui y font appel, [et] il en va de sa légitimité."
la rédaction d’Allodocteurs.fr
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