: Reportage "Le moindre camembert a sa traçabilité, j'y ai droit aussi !" : à Paris, des personnes nées sous X demandent que la législation évolue pour faciliter la quête de leurs origines
Le collectif "Nés sous X d'ici et d'ailleurs" s'est réuni samedi à Paris pour réclamer, notamment, que les données de santé des parents biologiques des nés sous X soient transférées aux parents adoptifs. Autre point sur lequel il souhaite se faire entendre : l'interdiction des tests ADN en France.
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En France, environ 400 000 personnes sont nées sous X, nées de parents inconnus avant d’être ensuite adoptés. Pour les enfants devenus adultes souhaitant retrouver leurs géniteurs, c’est souvent un parcours du combattant, la loi étant très protectrice de l’anonymat des mères qui ont eu recours à ce type d’accouchement sous X. C’est justement pour faire évoluer la législation que le collectif "Nés sous X d’ici et d’ailleurs" s’est réuni samedi 5 avril à Paris.
Parmi les manifestants, il y a Anne-Laure qui a toujours eu l’impression d’être une "sous-citoyenne". Elle est née sous X il y a 54 ans et elle ne bénéficie pas, dit-elle, des mêmes droits que les autres, notamment concernant les données de santé, les antécédents médicaux. Elle ne peut pas avoir accès à ces informations relatives à ses parents biologiques.
"Chez le médecin, on vous demande souvent : 'Avez-vous des antécédents ?'. Et là, vous le regardez bêtement, et vous lui dites : 'Non, on ne sait rien'. J'ai l'exemple du cancer du sein. Chez la femme, à partir de 50 ans, on est intégrées dans une campagne nationale. Moi, j'ai commencé à faire des mammographies à 40 ans parce que je ne savais pas si j'étais sujette à ce type de choses", précise Anne-Laure.
"On s'inquiète surtout quand on a des enfants. On se dit : 'Mais quelle saloperie vais-je leur transmettre ?' Et je n'en sais rien".
Anne-Laureà franceinfo
Le collectif "Nés sous X d’ici et d’ailleurs" réclame ainsi que les données de santé des parents biologiques soient transférées aux parents adoptifs. "Le moindre camembert a une traçabilité, j'y ai droit aussi", estime Anne-Laure. Comme des milliers de personnes nées sous X, elle a cherché pendant des années qui étaient ses géniteurs. En 2019, elle a finalement trouvé grâce à des tests ADN réalisés à l'étranger.
C'est aussi le cas de Bernadette, 80 ans et cinq décennies passées à chercher qui étaient ses parents biologiques. "J'ai retrouvé la trace de ma mère, indique-t-elle, et surtout, un demi-frère français. Et du côté paternel, j'ai retrouvé un père, qui était décédé malheureusement, allemand et d'origine polonaise".
"Sans les tests ADN, je n'aurais pas retrouvé mon dossier".
Bernadetteà franceinfo
"On m'a toujours dit que le dossier avait été brûlé, perdu. Avec toutes les recherches que j'ai pu faire, je n'ai jamais retrouvé ce dossier. Pour moi, c'était comme un soulagement, je savais qui j'étais, d'où je venais. Au moins, on n'invente plus, on a la vérité", estime-t-elle. Si Bernadette a dû avoir recours à une entreprise étrangère pour effectuer ces tests ADN, c'est parce qu'aujourd'hui en Europe, deux pays les interdisent : la Pologne et la France.
En France, la mère biologique choisit de dévoiler ou non son nom à son enfant
Le collectif et son co-fondateur espèrent donc faire bouger les lignes sur ce sujet. Pour Erik Pilardeau, cela permettrait enfin d’apaiser la douleur de ceux qui cherchent durant des années leurs origines : "On voit vraiment toutes les conséquences psychologiques perturbantes que les nés sous X ont, les conséquences sur la santé mentale. Et pourtant, ils sont courageux. On a vu des personnes d'un certain âge dire : 'je suis né sous X, je ne veux pas mourir sous X'. On doit les aider".
À l’avenir, le collectif espère même que la France abandonnera cette possibilité de l’accouchement sous X qui est une exception au niveau européen. Chez nos voisins, lorsque l’enfant devient majeur, il peut obtenir l’identité de ses géniteurs. En France, c’est à la mère biologique de dire si oui ou non, elle souhaite dévoiler son nom à son enfant.
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