Lait infantile contaminé : "Tout le monde est responsable dans la chaîne" de distribution, "y compris l'Etat"
Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV a réagi jeudi sur franceinfo sur l'affaire Lactalis. Pour lui, ce "scandale" de santé publique représente une "occasion de remettre à plat la totalité des règles" de contrôle dans l'industrie agroalimentaire et la distribution.
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Après Leclerc mardi 9 janvier, plusieurs enseignes de grande distribution reconnaissent avoir vendu des produits Lactalis potentiellement contaminés à la salmonelle. Près de 2 000 produits infantiles ont été vendus malgré le retrait-rappel de produits décrété le 21 décembre 2017. "Tout le monde est responsable dans la chaîne", a réagi jeudi 11 janvier sur franceinfo Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV (Association nationale de défense des consommateurs et usagers), pour qui la situation n'est pas prise "avec sérieux, avec toute la rigueur nécessaire". Pour lui, ce "scandale" de santé publique représente une "occasion de remettre à plat la totalité des règles" de contrôle dans l'industrie agroalimentaire et la distribution.
franceinfo : Comment tout cela a pu se produire ?
Jean-Yves Mano : C'est un scandale. La faute initiale et importante, c'est Lactalis. Depuis le mois d'août 2017, Lactalis avait effectivement analysé sur leur site des défaillances et la présence de salmonelle. Ils n'ont pas pris les décisions qui s'imposent, pour des raisons sans doute économiques, cela va de soi. Une défaillance notable a ensuite été mise en évidence sur l'ensemble de la distribution et des contrôles par l'État. Cela montre que notre système que l'on croyait parfait sur le plan du contrôle sanitaire des aliments distribués dans notre pays n'est pas à la hauteur des exigences des consommateurs. Il y a vraisemblablement d'autres enseignes concernées. Cela démontre que ces choses de santé publiques ne sont pas prises avec sérieux, avec la rigueur nécessaire. Tout le monde est responsable dans la chaîne, y compris l'État, avec les moyens de contrôle qui sont les siens.
Il y a eu une succession de défaillances ?
C'est évident. D'ailleurs sur ce sujet nous avions lancé une enquête il y a un an. Que nous disaient les consommateurs ? D'abord que par rapport aux dangers potentiels, ils n'étaient pas informés : 77% d'eux disaient, "on n'a pas d'information". Le consommateur demande une information dans les rayons. Il demande aussi à être informé par les cartes de fidélité. À partir du moment où un produit doit être retiré du marché, tous les consommateurs qui ont des cartes de fidélité doivent être informés par les distributeurs. Nous porterons évidemment une action en justice car nous nous joindrons à la procédure en cours.
Le patron d'Intermarché Thierry Cotillard dit que son enseigne ne vendra plus de lait Milumel. N'est-on pas aux limites du principe de précaution ?
Quand il s'agit de la santé publique des consommateurs et des enfants en particulier, il ne doit pas y voir le moindre doute. La rigueur absolue doit être la règle. Ce n'est pas le cas. Je comprends la réaction : la faute initiale, c'est Lactalis. Je ne veux évidemment pas dire que les grandes surfaces ne sont pas responsables dans les faits, l'application des règles et de l'interdiction de commercialiser qui a été déposée par l'administration, mais la faute initiale, c'est Lactalis.
Une fois que Lactalis a été pointé du doigt, pourquoi l'information n'a-t-elle pas circulé ?
L'information a circulé. Le problème ce sont les chaînes, y compris pour la personne qui est chargée de mettre les produits en rayon. Cela démontre que ceci n'est pas pris avec le sérieux, la rigueur nécessaire. Oui, les directeurs sont responsables aussi des produits qu'ils mettent en commercialisation dans leur magasin, ils ont une responsabilité. Ils doivent assumer cette responsabilité de santé publique. C'est important.
Ce scandale fera-t-il date ? C'est un tournant dans la défense des consommateurs ?
A priori c'est une occasion de remettre à plat la totalité des règles dans ce pays, par rapport à des risques potentiels. Il y a des choses simples : la confiance des consommateurs est difficile à gagner et facile à perdre. Là, elle est perdue.
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