Amiante à l’école : « Pour la sieste, les matelas sont posés sur des dalles amiantées »
Ce matériau cancérogène est interdit en France depuis 1997. Pourtant de nombreux établissements scolaires seraient encore infestés. Des associations dénoncent une bombe sanitaire à retardement.
Mercredi, dans les colonnes du journal Libération, le collectif « Urgence amiante écoles », soutenu par les principales associations de défense des victimes de l’amiante, lance un appel pour réclamer une cartographie précise de la présence de ce matériau dangereux dans les établissements scolaires. Les signataires réclament des mesures urgentes pour protéger les élèves et les enseignants. Alain Bobbio, secrétaire national de l’Association de défense des victimes de l’amiante (Andeva) a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Combien d’établissements scolaires sont concernés en France ?
Alain Bobbio, Andeva : "Officiellement, on ne le sait pas. Mais nous avons une indication précise : 85% des établissements scolaires ont au moins un bâtiment construit avant 1997, c’est-à-dire avant l’interdiction de l’amiante."
- Les enfants sont-ils davantage exposés aux risque de l’amiante que les adultes ?
Alain Bobbio : "Plus les enfants sont jeunes, plus ils ont des facteurs de risque. Le premier, c’est que leurs défenses immunitaires sont plus faibles et ils ont des voies respiratoires plus proches du sol du fait de leur taille. Vous imaginez ce que peut ressentir une maman lorsqu’elle apprend qu’au moment de la sieste, les matelas sont posés sur des dalles amiantés."
- Les établissements scolaires respectent-ils la réglementation sur l’amiante ?
Alain Bobbio : "Non. 30% des écoles maternelles et primaires n’ont pas fait de dossier technique amiante (DTA) alors que c’est une obligation réglementaire. Cela signifie que l’on ne sait pas où est l’amiante. Certains établissements et communes sont hors la loi."
- Des enfants ont-ils contracté des maladies liées à l’amiante dans des établissements scolaires ?
Alain Bobbio : "Pour les enfants, il faut un certain recul pour le savoir et puis il peut y avoir une vie professionnelle qui s’intercale. Pour des enseignants, c’est absolument certain. Au sein de l’Andeva en Seine-Saint-Denis par exemple, j’ai connaissance de trois cas bien précis dont une professeure d’anglais qui a développé un mésothéliome, c’est-à-dire une maladie gravissime."
- Qui doit ordonner le désamiantage des écoles ?
Alain Bobbio : "Le dossier technique amiante et la responsabilité des travaux de désamiantage incombent à la collectivité territoriale. C’est-à-dire à la commune pour le primaire, au département pour le collège et à la région pour les lycées et à l’Etat pour les universités."
- Des parents d’élèves et professeurs du lycée Georges-Brassens de Villeneuve-le-Roi ont déposé plainte contre X le 14 mars pour mise en danger de la vie d'autrui. Est-ce que vous encouragez ces procédures judiciaires ?
Alain Bobbio : "Je souhaite vivement que d’autres enseignants et parents fassent de même. L’Andeva est associée à cette plainte. Il faut commencer à secouer le prunier parce que la situation est vraiment grave. C’est un problème de santé publique majeur. Imaginez que les enseignants et les élèves ont travaillé dans des salles de classe où il y avait au dessus de leur tête 6.000 mètres carrés de flocage amianté."
- Quelles mesures réclamez-vous en urgence ?
Alain Bobbio : "On réclame que la loi soit respectée. Davantage de transparence aussi : il n’y a aucune raison de ne pas mettre en ligne les dossiers techniques amiante. Si on les mettait en ligne sur Internet, cela permettrait un contrôle citoyen, non seulement de la part des parents d’élèves, des enseignants mais aussi de la part des intervenants qui viennent faire des travaux dans ces bâtiments."
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