Mediator : « Je peux être méchant parce qu’ils m’ont tué. Je ne peux plus rien faire. »
Dix ans après l’interdiction du Mediator, la justice se donne six mois pour déterminer les responsabilités des uns et des autres dans ce scandale qui a fait 4000 victimes dont 2000 décès.
Le Mediator, médicament des Laboratoires Servier est à l’origine de graves atteintes cardiaques et pulmonaires. A l’occasion de l’ouverture du procès, ils sont nombreux à avoir fait le déplacement : victimes, médecins et prévenus. Notre journaliste Géraldine Zamansky s’est infiltrée dans les couloirs du Tribunal de Paris pour recueillir leurs premières réactions.
Des victimes diminuées physiquement
L’émotion est palpable pour Michel Due, accompagné de sa fille car il ne peut plus se déplacer seul aujourd’hui. Pendant 7 ans, il a pris ce médicament et ses valves cardiaques ont été entièrement abîmées, au point d’être remplacées par des valves mécaniques. Déjà présent au procès de Nanterre interrompu en 2012, Michel n’a rien oublié de sa rencontre avec Jacques Servier, le fondateur des laboratoires, décédé depuis. « Quand j’avais dit à Nanterre, quand je vais voir Servier je veux le voir dans les yeux, je veux lui parler. Mais je n’avais pas pu lui parler parce qu’il y avait ses avocats... Aujourd’hui vous voulez voir ceux qui restent ? Oui et je veux leur dire ce que je pense, je peux être méchant parce qu’ils m’ont tué… Je ne peux plus rien faire. »
Des prévenus attachés à leur ligne de défense
La présidente du Tribunal, Sylvie Daunis, a commencé par « quelques mots » sur « l’état d’esprit dans lequel le tribunal aborde ce procès. » Elle a notamment souligné que « ce procès était incontournable à partir du moment où les juges d’instruction ont estimé que les charges étaient suffisantes contre les prévenus pour les renvoyer devant le tribunal. »
Mais les avocats des Laboratoires Servier continuent à affirmer que l’instruction était à charge et qu’ils n’ont pas dissimulé la dangerosité du Mediator. Comme l’a encore rappelé hier Maître de Castro : « C’est évident que non ils n’ont jamais identifié un risque et c’est jamais sciemment qu’ils ont laissé ce médicament sur le marché. Je rappelle que c’est un médicament qui n’était pas stratégique pour lequel le chiffre d’affaire était inférieur à 1%. Imaginer que des gens qui sont des médecins à la base puissent exposer des patients à un risque est faux et insupportable en réalité. » Le médecin Jean-Phillippe Seta est le premier prévenu à être appelé à se présenter devant les juges. Il est à la fois accusé de tromperie, d’escroquerie, d’homicides, de blessures involontaires et de complicité de trafic d’influence.
Des témoins-clés
Parmi les témoins prochainement entendus par les juges, il y a le Dr Irène Frachon, sans qui ce procès n’aurait sans doute, jamais eu lieu. A l’origine des révélations sur le scandale du Mediator, cette médecin pneumologue se réjouit d’être ici et attend beaucoup de ce procès.
« C’est un moment de délivrance peut-être prochaine, c’est-à-dire de délivrance des victimes face à un discours de déni total de toute responsabilité de la part des Servier qui ont commercialisé le Mediator en connaissant les risques, pendant de nombreuses années. J’espère une délivrance par rapport au poids de cette affaire. On espère bien sûr voir émerger la justice, la vérité des faits. C’est aussi simple que ça et peut-être les leçons à en tirer.
Mais rien n’est encore joué, le procès peut toujours être suspendu… Les juges doivent examiner aujourd’hui les questions prioritaires de constitutionnalité, posées par les Laboratoires Servier. Pour connaître l’issue de cette affaire, réponse dans les prochains jours.
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