: Portrait Roland-Garros 2025 : comment l'ambitieuse Loïs Boisson a marqué la terre battue de son empreinte malgré sa défaite en demi-finale
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La joueuse française, 361e mondiale au début du tournoi, a impressionné tout au long de son premier Grand Chelem par sa maîtrise des événements. Revenue de loin après une grave blessure au genou en 2024, la Dijonnaise compte bien s'imposer dans le tournoi dans les années à venir.
Elle s'est fait tatouer le mot "résilience" juste au-dessus de son coude droit. Dix lettres en majuscules qui lui permettent de ne pas oublier qu'elle revient de loin. Loïs Boisson, 361e mondiale au début de Roland-Garros, s'est arrêtée en demi-finale du tournoi, jeudi 5 juin, après sa défaite face à Coco Gauff (6-1, 6-2). Malgré la déception, la Dijonnaise a profondément marqué la quinzaine par son audace et sa détermination. Inconnue du grand public il y a dix jours, la joueuse de 22 ans restera la première bénéficiaire d'une wild card de l'histoire à se hisser à ce niveau sur la terre battue parisienne.
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Première Française à atteindre les demi-finales à Roland-Garros depuis Marion Bartoli il y a quatorze ans, Loïs Boisson est désormais virtuellement 65e mondiale. Ce parcours exceptionnel a impressionné tous les connaisseurs du circuit. "Elle dégage un côté athlétique très puissant. Elle a beaucoup de variations au niveau des trajectoires et pas simplement de la puissance", décrypte Arnaud Clément, ancien top 10 mondial et consultant pour franceinfo sport, qui a, lui aussi, découvert la joueuse avec ce tournoi du Grand Chelem.
"Elle a une intelligence de jeu sur terre battue qui est largement au-dessus de la moyenne."
Arnaud Clément, consultant tennisà franceinfo
Avec un coup droit lifté puissant, un service flashé à 193 km/h, des revers slicés et quelques amorties, la Française dérange ses adversaires par la variété de son jeu et se montre très à l'aise sur la terre battue parisienne. "C'est mon style de jeu qui va bien aussi avec cette surface. C'est la surface que je préfère", explique-t-elle à l'AFP.
Une force mentale hors du commun
Devenue "la Cendrillon française", selon CNN, la nouvelle numéro 1 française a démontré une force de caractère hors du commun pour revenir de sa grave blessure au genou intervenue au pire moment, au printemps 2024, juste avant Roland-Garros. A l'époque, elle pointe au 152e rang mondial après une belle série de 23 victoires en 24 matchs sur terre battue et trois titres décrochés. Mais la dynamique s'arrête brutalement. Cela "a été très compliqué émotionnellement, l'impression que tout s'arrête et n'a plus aucun sens", écrit-elle alors sur Instagram.
"En l'espace d'une semaine, je suis passée de 'm'écrouler' au sol, la joie de gagner mon premier titre WTA, à 'm'écrouler' au sol car mon genou a lâché et la peine est immense."
Loïs Boisson, après sa blessure en mai 2024sur Instagram
"D'un seul coup, tout s'arrête", se souvient son préparateur physique Sébastien Durand, interrogé par l'AFP. "C'est violent. Il y a un trauma, physique mais aussi mental." Cette blessure "a été très dure à accepter", comme les neuf mois sans jouer qui ont suivi, admet l'intéressée. Mais la jeune championne va faire preuve d'une force de caractère hors du commun. "Au bout de trois mois, elle m'a demandé si elle avait le droit de taper des balles, confie Bertrand Sonnery-Cottet, le chirurgien qui l'a opérée, à L'Equipe. "Je lui ai dit qu'elle allait mettre son genou en danger. Et elle m'a répondu : 'Et si je suis assise sur une chaise ?' J'ai fini par céder. C'est une machine. Avoir une athlète de ce niveau mental, je ne sais pas s'il y en a eu beaucoup."
Epaulée par sa famille et son staff, la joueuse d'1m75 a tout fait pour retrouver le chemin des courts début 2025. Elle lance alors une cagnotte participative sur la plateforme Soutiens ton sportif, un dispositif de la Fondation du sport français dédié aux sportifs de haut niveau. "Après huit mois de rééducation, je reprends la compétition en janvier 2025 avec une ambition forte : revenir au plus haut niveau et intégrer les quatre Grands Chelems cette année, explique-t-elle sur le site. Votre soutien est crucial pour participer aux frais liés à mes entraînements, aux compétitions et déplacements."
Mais l'initiative ne rencontre pas un grand succès puisque le butin ne dépassait pas les 100 euros avant le début de Roland-Garros, avec seulement trois donateurs. Grâce à la médiatisation, la cagnotte affiche désormais 1 395 euros. Une somme qui viendra s'ajouter aux 690 000 euros récoltés par la demi-finaliste du tournoi.
"Un caractère bien trempé"
Le retour si rapide au plus haut niveau de la tenniswoman s'explique aussi par son professionnalisme et son exigence, des traits de personnalité hérités de son père, le basketteur professionnel Yann Boisson. La joueuse a érigé autour d'elle une structure, avec son entraîneur, Florian Reynet, son préparateur physique, mais aussi des kinés, une nutritionniste et un posturologue. Elle est particulièrement vigilante sur son alimentation et son sommeil. "Elle a une discipline et une rigueur sur ces aspects-là incroyables", explique son préparateur physique, Sébastien Durand, à franceinfo. "Elle fait attention à tous les détails de son entraînement, de sa préparation, de sa récupération", ajoute son agent, Jonathan Dasnières de Veigy.
"J'ai eu l'occasion d'entraîner de grands joueurs et de grandes joueuses et forcément, on retrouve des similitudes, que ce soit dans son approche de l'entraînement, dans sa rigueur, dans sa volonté, dans ses ambitions", poursuit Sébastien Durand. Dès ses débuts, à 8 ans, la jeune Loïs a bluffé ses premiers entraîneurs. "Dès 8 ans, elle (...) avait envie d'être joueuse de tennis professionnelle, c'était son rêve", se souvient Patrick Larose, qui a entraîné Loïs Boisson entre ses 8 et 12 ans lorsqu'elle jouait à Dijon, pour ICI Bourgogne.
"Je commence à faire un test de vitesse, je lance des balles sur le terrain, etc. (...) C'est une vraie bombe, je n'avais jamais vu ça".
Patrick Laroseà ICI Bourgogne
Le Bourguignon se souvient aussi des "crises de colère" d'une jeune sportive au "caractère bien trempé". "Elle balançait la raquette aussi des fois parce qu'elle ne réussissait pas. Mais en fait, c'est parce qu'elle était tellement perfectionniste qu'elle ne voulait pas rater", raconte-t-il. Un jour, à Aix-en-Provence, Loïs Boisson "pète un câble", poursuit son ancien coach. "Les sélectionneurs au niveau de la fédération ont dit : 'Elle ne fera jamais rien parce qu'elle n'arrive pas se maîtriser, à contrôler ses émotions.'"
Elle a appris à gérer ses émotions
Après un passage par le club de Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes), la Française s'est installée à Lyon pour continuer à roder son tennis. La gestion des émotions est sans doute l'aspect sur lequel la joueuse a le plus progressé depuis ses jeunes années. "J'étais très émotive, beaucoup trop et ça me desservait. J'ai compris que je n'irais pas loin si je continuais comme ça. J'ai énormément travaillé sur moi pendant ma blessure, j'ai eu le temps et cela m'aide aujourd'hui", a reconnu Loïs Boisson en conférence de presse après sa victoire en quart de finale.
La joueuse ne s'est pas transformée pour autant en robot. "Quand on la connaît bien, elle a un petit sens de l'humour qui est très appréciable", assure son agent, l'ancien joueur Jonathan Dasnières de Veigy. Avant Roland-Garros, la Britannique Harriet Dart avait ironisé sur l'odeur corporelle de son adversaire en plein match au WTA 250 de Rouen. La Dijonnaise avait alors répondu avec malice sur Instagram, en proposant une collaboration à une marque de déodorant.
Lors de cette quinzaine, le nouvel espoir du tennis féminin a surtout marqué les esprits par son sang-froid. "Ça a l'air d'être une personne assez introvertie, peut-être timide, ce qui fait qu'on a l'impression qu'elle aborde les choses assez sereinement", confie Amélie Mauresmo sur franceinfo. Arnaud Clément a également été étonné par sa "gestion des événements", pour une jeune joueuse découvrant un tournoi du Grand Chelem. "Elle a joué sur le court central des fins de match accrochées et elle n'a pas craqué. Elle ne s'est pas désunie, elle est restée très concentrée."
"Il faut réussir à rester dans son plan de jeu, à rester lucide. Elle a cette capacité, ce qui me fait dire qu'on va forcément la revoir après ce Roland-Garros."
Arnaud Clément, consultant tennisà franceinfo
Sans complexes, Loïs Boisson répète lors des interviews qu'une victoire à Roland-Garros fait désormais partie de ses objectifs. Autour d'elle, personne n'en doute. "Loïs étant une spécialiste de terre battue, elle a encore plein de choses à améliorer dans son jeu, elle veut vraiment aller chercher" une victoire dans le tournoi, confie son agent, Jonathan Dasnières de Veigy. "Elle va être amenée à jouer Roland-Garros, idéalement si tout se passe bien, sans blessures, pendant les dix ou quinze prochaines années. Elle aura une dizaine d'opportunités."
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