Saint-Cirq-Lapopie : huit siècles de charme et de mémoire

Publié
Temps de lecture : 4min - vidéo : 5min
Article rédigé par France 2 - E. Lagarde, A. Tribouart, C. Combaluzier, D. Aysun. Drone : L'atelier Duho. Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Perché sur sa falaise depuis huit siècles, Saint-Cirq-Lapopie (Lot) attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Entre mémoire des familles, savoir-faire artisanal et beauté des saisons, le village, malgré son succès touristique, conserve le charme et l’âme de ses habitants historiques.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Voilà plus de huit siècles que Saint-Cirq-Lapopie domine le Lot avec splendeur. Un charme qui lui a valu d'être élu village préféré des Français en 2012. Depuis, son succès est encore plus grand qu'avant : 400 000 visiteurs par an dans cette commune qui ne compte que 204 habitants. Une quinzaine seulement vit dans le cœur médiéval toute l'année.

Comme Jean-François Vanois, qui y tient une épicerie de produits locaux et un restaurant : "C'est la maison familiale où je venais passer mes vacances quand j'étais jeune avec mes grands-parents qui vivaient encore ici. Avec un portillon d'origine, j'ai connu cette maison avec une seule ampoule au rez-de-chaussée et une seule pièce commune à l'étage." détaille-t-il devant la vieille bâtisse.

Le tourisme a peu à peu effacé cette mémoire d'une existence rude, dans un village difficile d'accès. Mais l'hiver, quand Saint-Cirq-Lapopie, orienté plein nord, se vide, Jean-François Vanois est le seul commerçant à rester vivre ici. "Des personnes qui supportent de vivre en plein hiver, alors que le soleil caresse à peine les toits, je dirais qu'il faut avoir vraiment le coup de cœur ou des racines." souligne-t-il.

Des racines profondes et un savoir-faire menacé

Sylviane Van Severen a des racines profondes à Saint-Cirq. Cinq générations de sa famille se sont succédé dans une bâtisse du XIVe siècle, l'une des plus anciennes du village. "Je suis née dans cette pièce, je pense vers 4 heures du matin. J'étais la dernière sur cinq enfants et la seule fille. Donc c'était presque le messie." explique-t-elle au milieu de son salon.

Et pour les garçons, la tradition, c'était le tournage sur bois. Sur des archives vidéo, on peut y voir le frère de Sylviane à l'ouvrage. Père et fils travaillaient ensemble, mais tous les deux sont décédés. Depuis cinq ans, l'atelier est complètement à l'arrêt.

Les robinets à barrique pour le vin du Sud-Ouest étaient la spécialité de Saint-Cirq. Au XIXe siècle, le village a compté jusqu'à 40 tourneurs sur bois. Par la suite, les objets se sont diversifiés, jusqu'à devenir des jouets destinés aux touristes. Aujourd'hui, l'avenir est compromis, comme le raconte Sylviane, émue par une telle éventualité : "Financièrement parlant, on ne peut pas racheter la maison, et c'est vrai que c'est un mal au cœur, mais bon, voilà, c'est ainsi. J'aimerais transmettre le savoir, que ça reste un atelier de tourneur."

Pour cela, Sylviane compte sur un nouveau venu à Saint-Cirq. Thierry Brun, tombé amoureux du village, a lancé un appel aux dons pour racheter la maison et en faire un atelier d'initiation : "Il faut faire perdurer. Ce n'est pas possible que ce savoir-faire puisse disparaître. Saint-Cirq-Lapopie, c'est un diamant avec des multifacettes à continuer à faire briller à travers l'artisanat et les artistes."

Le retour aux sources et la beauté des saisons

Depuis sa maison de Saint-Cirq, Martine peint toutes les couleurs du Lot. Elle avait quitté le village à 20 ans avant de partir faire carrière à New York, mais à la soixantaine, le retour aux sources s'est imposé.

Depuis son départ, le village a su tirer profit du tourisme, tout en gardant intact son cachet. Au pied de la falaise, le chemin de halage, construit au XIXe siècle pour tracter les gabarres du Lot, est aujourd'hui devenu un lieu de promenade. L'artiste peintre vient toujours tôt le matin : "Le matin, on aime bien parce qu'il y a beaucoup d'hirondelles qui font leurs nids. Donc, au printemps, on voit les petites têtes qui sortent. C'est très agréable, mais je pense que la beauté de ce chemin, c'est encore mieux en hiver. C'est une atmosphère assez mystérieuse et sereine." confie Martine Tullet.

C'est un autre privilège de ceux qui habitent Saint-Cirq-Lapopie : voir, au fil des saisons, changer les couleurs de l'un des plus beaux villages de France.

Parmi nos sources :

Liste non exhaustive.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.