En Turquie, le président Erdogan lance sa campagne électorale en mode grandiloquent et nationaliste
Le président turc entend briguer un nouveau mandat lors d’élections générales qui s’annoncent très tendues, en mai ou en juin prochain. Il tient vendredi 28 octobre un premier meeting, en se posant en protecteur de la nation.
Cette campagne démarre donc avec un grand meeting au complexe sportif d’Ankara, la capitale, vendredi 28 octobre au soir. Le président turc, au pouvoir depuis 20 ans, va y dévoiler le programme de son parti l’AKP, baptisé en toute simplicité "Le siècle de la Turquie". Des centaines de bus venus de tout le pays ont été affrétés par l’AKP pour faire venir ses partisans. Reçep Teyip Erdogan a également convié les partis d’opposition car il entend se poser en figure tutélaire, en père protecteur de la nation, en héritier d’Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne.
Il veut surtout tirer profit d’une date symbolique : le 29 octobre marque le 99e anniversaire de l’indépendance du pays. D’où le titre de ce programme baptisé "Le siècle de la Turquie". Le mot d’ordre, c’est en quelque sorte : "réélisez-moi pour que je lance et pilote notre deuxième siècle d’indépendance". Et pour ce début de campagne, l’AKP a produit deux clips au style presque hollywoodien, mise en scène à grand spectacle de l’histoire moderne de la Turquie et éloge de son actuelle puissance militaire. À la fin de l'un de ces clips, on voit notamment les batteries de missiles dont dispose la Turquie. Et cela se termine donc par le slogan "Türkiye Yüzyili", "Le siècle de la Turquie".
Le pari de la stature internationale
Pour l’emporter à nouveau, Erdogan mise sur sa stature internationale et sur un programme très conservateur. La frénésie diplomatique du président turc doit se regarder en grande partie à travers ce prisme. Erdogan veut apparaître auprès des 85 millions de Turcs comme leur protecteur, le meilleur défenseur de leurs intérêts. D’où ses tentatives répétées pour se poser en médiateur entre l’Ukraine et la Russie. D’où son chantage sur l’adhésion de la Suède à l’Otan, la Suède accusée par la Turquie d’abriter plusieurs opposants kurdes. D’où le réchauffement des relations d’Ankara avec Israël : le ministre israélien de la Défense Benny Gantz était jeudi en Turquie.
Cet activisme sur la scène internationale s’accompagne d’une politique répressive sur le sol turc, avec dans le viseur en particulier les journalistes, les militants des droits de l’homme, les artistes. Et dans ce pays où la laïcité, héritage d’Atarürk, reste inscrite dans la Constitution, Erdogan accentue sa dérive religieuse. Il se pose en héraut de l’Islam et sa dernière idée, présentée la semaine dernière, c’est un référendum pour garantir le droit au port du voile dans la fonction publique.
Une opposition plus unie
Le scrutin, l’an prochain, en mai ou en juin, s’annonce serré et tendu. Il s’agira d’élections générales, législatives et présidentielle. L’opposition, qui rassemble six partis, paraît décidée à s’entendre sur un candidat unique : peut-être le maire d’Istanbul Ekrem Imamöglu ou celui d’Ankara Mansur Yavas. Dans les sondages, l’un comme l’autre devancent pour l’instant Erdogan de quelques points.
Le président turc a un talon d’Achille, la mauvaise situation économique : une inflation de plus de 80%, un PIB par habitant en forte baisse. Les classes moyennes, dans les grandes villes en particulier, pourraient donc hésiter cette fois-ci, après 20 ans sous la houlette d’Erdogan.
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