En Argentine, une fillette enceinte après un viol subit une césarienne alors qu'elle réclamait l'avortement
Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, direction l'Argentine où l'avortement demandé par une petite fille, âgée de 11 ans et victime d'un viol, a sans cesse été repoussé.
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Elle se prénomme Lucia. Dans la nuit du 25 au 26 février, à Tucuman, dans le nord-ouest de l’Argentine, elle a subi une intervention par césarienne. Elle en était à 23 semaines de grossesse, soit plus de cinq mois. Le fœtus est vivant mais les médecins estiment que ses chances de survie sont très faibles. Lucia a 11 ans et cette grossesse est la conséquence d’un viol commis par le mari de sa grand-mère.
La fillette et sa mère ont mis beaucoup de temps à réaliser qu’elle était enceinte. Quand elles ont compris, elles ont déposé plainte auprès de la justice pour obtenir un avortement parce qu’en Argentine, l’avortement est illégal sauf en cas de viol ou de danger mortel pour la mère. Les conditions étaient donc réunies. Mais la justice a traîné, puis les médecins ont traîné : plusieurs ont invoqué l’objection de conscience pour ne pas pratiquer l’IVG (interruption volontaire de grossesse). "Ôtez-moi ce que le vieux m’a mis dans le ventre", disait la petite fille.
Un pays fortement divisé
Cette affaire sidérante s’est donc achevée par cette césarienne, mais elle déclenche une nouvelle tempête en Argentine sur ce sujet ultrasensible de l’avortement, d’autant que l’IVG a failli être légalisé l’an dernier. En juin 2018, l’Assemblée nationale argentine a voté en faveur de l’avortement jusqu’à la 14e semaine de grossesse. C’était la 7e fois en dix ans qu’un projet de loi en ce sens était présenté. Il avait toujours été rejeté auparavant. Les pro-avortement pensaient alors avoir gagné, après la mobilisation de deux millions de manifestants à Buenos Aires et l’appel de 500 ONG. Sauf que deux mois plus tard, début août, le Sénat a rejeté le texte, sous la pression de l’Église.
Pendant le vote des sénateurs, une grande messe anti-avortement était organisée dans la cathédrale de Buenos Aires. Et dans ce pays très catholique, les propos du pape François à l’automne ont conforté les anti-IVG : lors d’une homélie à Rome, il assimile l’IVG à un "tueur à gages". Plus de 3 000 femmes ont perdu la vie lors d’avortements clandestins ces 30 dernières années en Argentine. On les estime à 50 000 par an.
#MeToo dans la campagne électorale
Le pays est totalement divisé sur le sujet et cela pourrait être l’un des enjeux de l’élection présidentielle, prévue en octobre en Argentine. Les questions relatives aux droits des femmes occupent une place croissante dans le débat public. En décembre dernier, le mouvement #MeToo sur les réseaux sociaux a touché à son tour l’Argentine : dans la foulée d’une actrice, des centaines de femmes ont dénoncé des agressions sexuelles, en particulier dans le monde du showbiz et de la politique. Deux députés ont dû démissionner et une loi visant à interdire toute prescription pour les délits sexuels doit arriver devant l’Assemblée le mois prochain. La principale organisation féministe argentine, Ni Una Menos, a vivement dénoncé l’affaire de Tucuman en affirmant : "L’État est responsable de la torture de Lucia". Il y a donc fort à parier que ces sujets deviennent majeurs dans la campagne électorale.
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