Cuba met fin à la coexistence de ses deux monnaies, un système unique au monde
L'île s’apprête à vivre une révolution économique avec la fin à partir du 1er janvier de son système à deux monnaies. Les conséquences seront multiples, c’est sans doute la fin de l’omniprésence de l’Etat dans l’un des derniers régimes communistes du monde.
Les 11 millions de Cubains ont surnommé ce 1er janvier 2021 "El dia zéro" (le jour zéro). À la fois le Jour J et le jour à partir duquel tout va repartir sur de nouvelles bases. Depuis 26 ans, l’île communiste des Caraïbes vit avec deux monnaies : le peso convertible, aligné sur le dollar, et le peso cubain, utilisé dans la vie de tous les jours et d’un niveau beaucoup plus bas. À partir de demain, c’est fini. Cette mesure, appelée la "unificacion monetaria" (l’unification monétaire), était annoncée depuis 2013. C’est dire s’il y a eu des hésitations et des atermoiements.
Concrètement, le peso convertible va totalement disparaître d’ici juin prochain et il n’y aura donc plus qu’une monnaie, le peso cubain. Taux de change de départ : 24 pesos pour un dollar. Le calendrier retenu peut surprendre : Cuba va très mal économiquement, entre embargo américain et chute du tourisme avec la pandémie de Covid-19 : le Produit intérieur brut a reculé de 8% cette année. Mais le pays a tellement besoin de devises qu’il ne pouvait plus repousser cette réforme, même si elle est financièrement risquée.
Le prix du pain multiplié par 20, le salaire minimum par cinq
Concrètement, cela va tout changer sur les prix et sur les salaires et dans des proportions inouïes ! Quelques exemples : le pain, dont le prix n’a pas varié à Cuba depuis 40 ans, va coûter 20 fois plus cher ! Le riz, le lait, l’essence, les transports, l’eau, le gaz, l’électricité, tout va augmenter de façon vertigineuse. Puisque tout était artificiellement subventionné par l’Etat. Pour faire face à cette situation, les salaires et les retraites, fixées par les pouvoirs publics, vont également augmenter : retraites multipliées par six, salaire minimum multiplié par cinq. Pas sûr que ça suffise, notamment pour les plus pauvres, à un moment où le pays souffre en plus de nombreuses pénuries. Les files d’attente devant les magasins sont souvent très longues. Et puis nul ne sait vraiment jusqu’à quel point l’inflation sera contrôlée. Le marché noir pourrait donc en profiter. Et les entreprises d’Etat, plus de 80% de l’économie cubaine, ont du souci à se faire : nombre d’entre elles ne sont absolument pas rentables.
Un besoin vital de devises et d'investisseurs étrangers
En fait, c’est donc une réforme qui signe la fin du système économique communiste replié sur lui-même. La disparition de la double monnaie va déclencher des effets en chaine : un bouleversement économique pour Cuba. Ça va mécaniquement favoriser les entreprises privées, qui pour nombre d’entre elles, travaillent déjà sur la base du peso convertible. Et à l’inverse, l’économie étatique va reculer. Ça va aussi contraindre l’économie cubaine à se réorienter vers les exportations pour faire rentrer des devises. Et attirer des investisseurs étrangers. C’est d’ailleurs le but affiché. Mais ça signifie donc une intégration progressive dans la mondialisation, dans le système du marché. Un peu comme la Chine a pu le faire à partir des années 80. Donc oui, c’est une révolution économique. Avec le risque de fortes tensions sociales.
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