Birmanie : la junte militaire célèbre les 75 ans de l’indépendance en récompensant un moine extrémiste
La junte militaire en Birmanie profite des célébrations des 75 ans de l'indépendance du pays pour un honorer un moine radical, parfois surnommé le "Ben Laden bouddhiste".
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Ashin Wirathu est bien connu des 55 millions de Birmans, et pour les 5% de Musulmans du pays, il est le visage de la terreur. Wirathu a 54 ans, c’est un moine bouddhiste extrémiste. Et ce 4 janvier il s’est vu décerner le titre de "Thiri Panchy ", c’est la plus haute distinction honorifique en Birmanie. Pour l’occasion, la dictature militaire a mis les petits plats dans les grands. La cérémonie protocolaire a vu le chef de la junte lui-même, le général Min Aung Laing, s’incliner devant le religieux, en lui remettant l’insigne honorifique, pour "contribution exceptionnelle au bien de la Birmanie". Wirathu s’est présenté, comme à son habitude, dans la tenue dépouillée des moines : pieds nus, robe grenat, visage impassible. Mais derrière cette sobriété apparente se cache donc un idéologue redoutable. Il incarne d’abord le soutien à la junte. C’est un fervent défenseur des militaires qui ont renversé, en février 2021, le gouvernement démocratiquement élu de la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Wirathu a notamment appelé ses fidèles à « chérir l’armée comme si elle incarnait Bouddha ».
Derrière une apparence sobre, la haine des musulmans
Ce moine est aussi un théoricien de la haine contre les musulmans et c’est pour cette raison qu’il a parfois été surnommé le « Ben Laden bouddhiste » et même le "Hitler de Birmanie". Wirathu est obsédé par la menace que représentent selon lui les Musulmans. Il a régulièrement prôné leur extermination, avec notamment cette formule : "Ils se reproduisent si vite, ils violent nos femmes, ils veulent occuper notre pays". Sous couvert de cours d’éducation religieuse, Wirathu a largement contribué à formater les esprits et à légitimer la persécution des Musulmans Rohingyas à partir de 2017. Plus de 700.000 d’entre eux ont fui le pays, en grande partie vers le Bangladesh voisin. Wirathu a créé plusieurs mouvements : le groupe 969, interdit en 2013, le mouvement Ma Ba Tha, interdit à son tour, puis plus récemment la Fondation Philanthropique du Bouddha Dharma. A chaque fois, l’idéologie reste la même. Le discours de haine demeure. Sous le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, Wirathu a fini par être arrêté fin 2020, mais il a été remis en liberté par les militaires quelques mois après leur arrivée au pouvoir. Toutes les poursuites ont été abandonnées. Depuis Wirathu a donc repris ses diatribes, y compris évidemment par les moyens les plus modernes : les réseaux sociaux, Internet, la vente de DVD.
33 ans de prison pour Aung San Suu Kyi
Cette situation contraste évidemment avec la répression des opposants politiques, en particulier la condamnation d’Aung San Suu Kyi à un total de 33 ans de prison. Les multiples procès à son encontre se sont achevés en fin de semaine dernière. Ce 4 janvier la junte, qui veut apparaître magnanime, a annoncé la grâce de 7000 personnes à l’occasion des 75 ans de l’indépendance. Mais près de 15.000 autres restent derrière les barreaux. La dictature a aussi profité de cette journée pour effectuer une démonstration de force dans les rues de la capitale Naypidaw : parade militaire avec chars d’assaut et lance-missiles. Le pouvoir promet enfin, je cite, des "des élections libres et équitables", mais il ne donne… aucun calendrier pour le scrutin.
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