Une performance inédite au Centre Pompidou, et un documentaire qui questionne le Beau

Alors que le Centre Pompidou s’apprête à fermer ses portes pour travaux, le musée accueille pendant trois jours 500 copistes amateurs dans le cadre de la performance imaginée par le scénographe Simon Gauchet, Le Musée recopié. Une expérience qui permet au public de "s’approprier les œuvres", explique Selma Toprak-Denis, directrice adjointe des publics du Centre Georges Pompidou, et de vivre par ailleurs une véritable "expérience artistique". Au cours de celle-ci, "on prend le temps d’observer une œuvre en détail, de la recopier, d’en discuter avec son voisin, de comparer les dessins d’une personne à l’autre".

"C'est vraiment une expérience individuelle, chacun dessine comme il le souhaite, car on a tous en nous des capacités créatives."

Selma Toprak-Denis

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Cette manière d’impliquer les publics dans la vie du musée s’inscrit par ailleurs dans la démarche d’actions de médiation culturelle menées par le Centre Pompidou, à travers des projets comme les "visites dessinées", où les amateurs d’art sont invités à "se saisir d’un carnet et d’un crayon, à observer autour d’eux, et où chacun dessine comme il le souhaite", partage Selma Toprak-Denis. Ce qui fait toutefois la différence avec Le Musée recopié, c’est qu'un public extérieur assiste à la reproduction des œuvres, et que les dessins seront exposés par des volontaires, et le resteront jusqu’à la fermeture du Centre Pompidou.

La directrice adjointe des publics du musée rappelle également ce qu’implique sa fermeture imminente, avec d’une part "un déménagement énorme, mais aussi un redéploiement complet des collections". Les œuvres du musée vont donc connaître une nouvelle vie à travers des expositions au sein de divers musées, notamment au Grand Palais, au Tripostal à Lille, ou encore à Toulon. "C’est un moment historique, qui va changer complètement nos façons de travailler, notre relation aux œuvres et aux visiteurs", déclare Selma Toprak-Denis.

"Le Musée recopié", du 21 au 24 février 2025 au Centre Pompidou à Paris.

"Beau comme un tracteur" : le documentaire qui questionne le beau

Le documentaire Beau comme un tracteur de Clara Beaudoux est né d’abord d’une volonté de filmer son oncle Michel, "qui a toujours vécu dans la ferme où il est né, en Loir et Cher. (...) [Cette dernière pressentant] que c’était un personnage". Elle voulait en effet rencontrer cet homme qui faisait partie de sa propre famille, mais "si différent de [sa] propre vie". À cela s’est ajoutée "la quête du beau", raconte Clara Beaudoux. En effet, pendant qu’elle devait attendre son oncle entre deux prises, "toujours à droite à gauche", elle partait capturer le beau. "J'allais filmer des paysages, et j'étais dans cette quête de beau, ça me réconfortait de faire des belles images dans le monde dans lequel on vit", confie-t-elle. Et c’est ainsi que les retrouvailles avec Michel se sont mêlées à un questionnement sur le beau.

"C'est drôle de voir les regards différents de chaque côté sur des petites choses du quotidien."

Clara Beaudoux

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En effet, alors que la journaliste, citadine, est plutôt habituée à voir le beau dans les musées, elle décide de le chercher "dans les choses plus quotidiennes", partage-t-elle. "J'avais envie d'aller dans les choses plus terre à terre, de l'ordre du banal, et chercher le beau dans ces petites choses-là." Pour son oncle, la beauté se trouve indubitablement dans la région où il a toujours vécu, alors qu’elle n’a pas toujours bonne presse. "La Beauce, on dit ‘c’est plat, c’est moche’, mais La Beauce, c’est pas ça : au fil des saisons, on découvre de nouveaux horizons, c’est ça qui fait la beauté de nos campagnes", défend Michel Beaudoux.

La force de ce documentaire vient également du fait que celui-ci n’est en rien surplombant, ce qui tient sûrement du fait que, comme l’explique Michel Beaudoux, ce film a été fait par sa propre nièce. "Le lien était important. Si ça avait été une personne étrangère qui avait voulu me filmer comme ça, j’aurais moins apprécié", partage-t-il au micro de Tout Public. Clara Beaudoux confirme également l’importance du lien créé avec les habitants. "En fait, Michel poussait les portes, et ça devenait facile d'aller voir les gens. Pour moi aussi, parce que les gens connaissaient mes grands-parents, donc je ne débarquais pas non plus. Et puis c'était aussi un peu un prétexte pour aller voir les gens, les rencontrer, discuter et créer du lien avec eux."

Le documentaire Beau comme un tracteur est disponible jusqu’au 15 juin 2027 sur arte.tv.

Une émission avec la participation d’Anne Chépeau, journaliste au service culture de franceinfo.